Les allergies alimentaires sont un problème de santé publique important. D’après le ministère de la Santé, on estimait que 3% de la population souffrait d’une allergie alimentaire évolutive et 8% des enfants une allergie alimentaire. D’après Statista (2025) 6% des Français déclaraient souffrir d’une allergie alimentaire ou d’intolérance alimentaire. Ce chiffre était de 17% aux USA. L’augmentation de la prévalence semble être établie. Et parmi l’une des hypothèses les plus communément mentionnées est celle de la « propreté » excessive. La distribution des allergies dans la population est hétérogène. Des enfants au contact très tôt avec des plantes, de la terre, des animaux de compagnie ou des animaux de fermes semblent constituer un terrain moins propice aux allergies.
Les arachides sont une source d’allergie alimentaire. Un article publié le 7 novembre 2025 dans JAMA (Journal of the American Medical Association) News par Samantha Anderer. L’auteur indique que l’incidence des allergies aux arachides est en diminution depuis le consensus de 2015. Avant 2008 il était recommandé d’éviter une exposition aux arachides avant l’âge de 3 ans. En 2008, l’Association Américaine de Pédiatrie a révoqué cette recommandation en absence d’évidences scientifiques. Mais, l’association n’a cependant pas recommandé l’introduction des arachides avant 3 ans. En 2015, une étude publiée dans the New England Journal of Medicine a montré les bénéfices d’une introduction précoce et soutenue d’arachide dans l’alimentation. Sur 640 enfants avec un risque élevé de développement d’allergie aux arachides, 320 ont été soumis à une alimentation sans arachides jusqu’à l’âge de 60 mois et les 320 autres ont consommé des arachides. Dès l’introduction dans ce schéma expérimental, la sensibilité des enfants a été testée avec des extraits d’arachide. La prévalence à l’âge de 60 mois était de 13,7 % pour le groupe des enfants non-exposés contre 1,9% pour les enfants qui ont consommé des arachides dans le groupe des enfants avec un résultat négatif au test de sensibilité réalisé lors de l’introduction dans l’expérience (N= 530). Ces chiffres sont respectivement de 35,3% et de 10,6% pour les enfants présentant un résultat positif au test de sensibilité. Dans les deux cas, l’exposition précoce et soutenue a produit un effet positif.
Le Dr Gupta, chercheur au centre de recherche sur les allergies alimentaires et l’asthme de l’école de médecine de l’université Northwestern, émet une hypothèse intéressante. La nature du premier contact avec une protéine pourrait jouer un rôle dans le développement ultérieur d’une allergie alimentaire. Si le contact avec une protéine alimentaire est réalisé par une voie autre que le système digestif (par exemple la peau), il est possible que la protéine soit considérée par le corps comme le signal d’un danger. Cela expliquerait pourquoi les enfants souffrant d’eczéma, dont la barrière cutanée est faible, sont plus sensibles aux allergies d’origine alimentaire. Mais, se pose alors de savoir comment le contact cutanée pourrait avoir lieu avec les protéines des arachides. Certains produits cosmétiques et les produits de soins contiennent des huiles d’arachide, lesquelles rendent, paraît-il, la peau plus lisse et plus souple. Affaire à suivre.