jeudi 25 février 2016

La génétique du big data : un risque pour le futur ? Dotons nos machines de résilience collective.

Comme vous probablement, je vois la percée dans le monde agricole de nouvelles solutions numériques et les bénéfices qu'elles peuvent apporter à leurs utilisateurs. Plus particulièrement, les gains d'efficience productive : la bonne action, dosée de manière optimale et au bon moment. Cependant, il convient de s'interroger sur les effets de bord de ces algorithmes et sur "la diversité de leur génétique". Le machine learning est souvent au coeur de ces dispositifs d'optimisation. Cette approche repose sur l'historique. Jour après jour les algorithmes essaient de s'affiner à partir des situations, des actions qui ont été menées et des résultats de ces actions. Ainsi dans une même situation, les actions sous-optimales à un instant donné seront progressivement gommées et les résultats maximisés. Le marchine learning fonctionne sur le principe d'un thermostat intelligent que s'adapterait parfaitement à la température extérieure et son évolution future pour apporter au moindre coût le confort thermique aux résidents d'un logement ou d'un bureau selon leur souhait de température optimale.

Nous sommes coutumiers de ces processus de sélection. Les agronomes ont, depuis des années, sélectionné les variétés végétales et les races animales les plus productives, les plus adaptées aux conditions du moment. Cette adaptation a pour conséquence une certaine forme d'appauvrissement de la diversité génétique. C'est ainsi que plus de 2000 platanes d'une grande proximité génétique ont été plantés en bordure du canal du midi. Malheureusement, ils sont aujourd’hui atteints d'une maladie qui semble incurable. Certains esprits, probablement à juste titre, ont considéré qu'avoir planté il y a plusieurs décennies maintenant les arbres les plus performants de l'époque, et donc des arbres d'une grande proximité génétique, a été une erreur. La diversité génétique aurait pu être une meilleure solution en regard de la situation actuelle. On ne refait pas l’histoire, mais on doit s’en inspirer et en tirer les leçons.  

L'analogie entre un algorithme et un arbre est certes loin d'être parfaite. Elle est peut-être même incorrecte. Cependant, nous devons nous interroger sur la possibilité de ces algorithmes à proposer des actions optimales même dans des conditions extrêmes (marginalement observées) ou des situations inattendues. Pour qu'ils soient en mesure de le faire, il faut, compte tenu de leur fonctionnement actuel, qu'ils soient soumis à ces types de situations et en nombre suffisant. C’est ainsi qu'ils apprennent. Cependant, la caractéristique principale de ces conditions est justement leur faible fréquence, voir même leur absence dans l’historique. On peut donc anticiper des réactions algorithmiques inappropriées dans ces conditions marginales. La génétique des algorithmes va jouer aussi un rôle important. Si dans ces conditions tous les algorithmes déployés dans l’ensemble des systèmes agricoles sont identiques, les réponses, bonnes ou mauvaises, seront probablement identiques. Comme les algorithmes doivent être confrontés à une diversité des couples ( contexte, action), leur degré d'apprentissage sera extrêmement limité, insignifiant. Si l'on anticipe, avec le changement climatique, un accroissement de situations inattendues, il pourrait être judicieux de s'assurer que l'ensemble des algorithmes déployés sont suffisamment différents pour proposer une diversité de solutions, certaines bonnes et d'autres moins bonnes, pour ainsi apprendre de cette diversité. Ils devront également être alors en mesure d'échanger leurs résultats pour apprendre plus rapidement les uns des autres, une forme d'apprentissage collectif entre machines. 

Une piste complémentaire consiste à mettre en expérimentation, c’est-à-dire au laboratoire, des situations extrêmes, puis de multiplier les réponses à ses situations. Cela permettra de nourrir les algorithmes d'un ensemble d'informations riches et suffisamment variées pour permettre aux machines à apprendre le mieux possible. Ici aussi, la dimension collective sera primordiale.

Poursuivons quelques instants ! Un second danger peut affecter nos machines : la cybercriminalité ! Un moyen de détruire un système productif est de s'attaquer à son système de pilotage. Certaines intrusions sont difficiles à détecter, par exemple, si le système touché fonctionne encore, mais de manière sous-optimale. Là aussi, la diversité génétique des machines devrait pouvoir jouer un rôle ! La collaboration entre machines pourrait aussi s'avérer particulièrement prometteuse, chacune transmettant ses prédictions à une autre pour s'assurer ainsi de son bon fonctionnement

lundi 22 février 2016

UpCycling -ou l'art de redonner de la valeur aux sous produits

Au cours des dernières années, le terme d'UpCycling a gagné ses lettres de noblesse dans le monde agroalimentaire anglo-saxon. Ce terme trouve pleinement sa place à côté du plus traditionnel ReCyclage. Le premier souligne l'importance de la valeur que l'on peut encore extraire d'un produit que l'on considère habituellement comme un déchet. Considérez le travail du brasseur. La bière est le produit d'un processus complexe : production de malt, saccharification, houblonnage, fermentation, soutirage, etc. La lie est un sous-produit des opérations de brasserie. Dans certains cas, elle est utilisée dans la production d'une eau-de)vie.  Elle retrouve ainsi une seconde vie. 

L'art de l'UpCycling consiste à s'intéresser aux composants chimiques et biologiques des sous-produits et à se demander s'il n'existe déjà pas une technique -- ou bien si on pouvait en inventer une -- susceptible de transformer ces composantes en produits de valeur sans produire d'externalités négatives. 

C'est ainsi que les brasseurs pourront très bientôt mettre sur le marché des aliments pour le bétail mais aussi produire des poissons. L'eau résiduelle du soutirage peut être upcyclée par l'utilisation de micro-organismes. C'est la promesse de Nutrinsic, une entreprise de Denver, qui produit une pate riche en protéines, vitamines, minéraux et oligoéléments qui viendra compléter l'alimentation des volailles. L'eau issue de ce processus est pure et peut être remise en circulation dans la nature. Elle peut, par exemple être utilisée dans une serre, l'élevage de poissons, etc. 

L'usine de Nutrinsic de Trenton, Ohio, est localisée à proximité de la brasserie MillerCoors de Trenton. Pour un même sous-produit, les possibilités de L'UpCycling sont souvent très nombreuses et leur nombre devrait encore croitre. La co-localisation des unités de production et d'UpCycling est souvent une nécessité, comme on peut déjà l'observer dans la symbiose industrielle de Kalundborg au Danemark.    

Comparer deux formes d'agriculture ! Bio vs. conventionnel !

Voici la synthèse des résultats d'une analyse comparative de deux modes d'agriculture réalisée par deux chercheurs au collège d'agriculture de la Washington State University.

dimanche 21 février 2016

Obésité - une nouvelle piste ?

Les causes de l'obésité sont, nous le savons bien, multiples. En voici une de plus ! Une équipe de chercheurs de l'université de Duke et de l'université de Pékin ont étudié la réaction de rats à l'atmosphère de Pékin. Les études épidémiologiques suggéraient déjà une corrélation entre l'obésité enfantine et la pollution atmosphérique. Avec cette expérience, la relation a été validée, tout du moins sur de jeunes rats dont les parents ont été exposés à la pollution atmosphérique (le lot de contrôle a été exposé à de l'air purifié). Bientôt une taxe obésité pour les constructeurs automobiles et les fournisseurs de carburants? 

  

Pour décrypter notre monde - Lire et relire Umberto Eco






Umberto Eco est mort ! Mais, ses admirables leçons resteront longtemps imprimées dans nos esprits!

En mars 2014, j'avais publié le billet ci-dessous, une tentative décryptage, avec l'aide de son ouvrage Construire l'ennemi et autres récits occasionnels, des rhétoriques qui animent le monde de l'agroalimentaire et de la distribution.

Aujourd'hui, les marges des distributeurs sont montrées du doigt par les éleveurs. Il faut bien un coupable. Le phénomène n'est pas récent ! Philippe Chalmin (avec l'observatoire de la formation des prix et des marges des produits alimentaires) nous apprend cependant que les rayons boucheries des GMS perdent de l'argent ! La filière viande semble donc de fait subventionnée par les ventes des autres rayons des grandes surfaces. Malgré les faits, la distribution reste le bouc émissaire, souvent même pour un consommateur schizophrénique, puisqu'il recherche des prix bas tout en espérant la juste rétribution des efforts de tous : éleveurs, employés des abattoirs, chauffeurs, bouchers, ... et agents de caisse.  

* *



En mars 2014, Umberto Eco, le fameux sémiologue, romancier et essayiste italien, offrait à ses lecteurs un nouvel essai intitulé Construire l'ennemi et autres écrits occasionnels. Avec une grande méticulosité, il y décrit les processus de production et de diabolisation de l'ennemi. "Avoir un ennemi est important pour se définir une identité, mais aussi pour se confronter à un obstacle, mesurer son système de valeur et montrer sa bravoure" nous apprend-il. Construire un ennemi est donc un phénomène naturel concomitant de celui de la construction de l'identité individuelle, de celle du groupe ou de la nation. Il semble qu'il soit impossible de se passer de l'ennemi. La figure de l'ennemi ne peut être abolie par les procès de civilisation. Le besoin est inné même chez l'homme doux et ami de la paix. Simplement dans ces cas, on déplace l'image de l'ennemi, d'un objet humain à une force naturelle ou sociale qui, peu ou prou, nous menace et doit être combattue que ce soit l'exploitation du capitalisme, la faim dans le monde, ou la pollution environnementale.


Ces écrits se complètent bien avec ceux de Joshua Green. Dans Moral Tribes, ce psychologue, directeur du laboratoire de Moral Cognition de l'université d'Harvard, montre que nous avons également un besoin inné d'appartenir ou de nous identifier à un groupe (une tribu). Mais notre animalité tribale nous amène souvent un pas plus loin, à savoir à la guerre entre Nous et Eux. 

Dans le secteur agroalimentaire, les pensées d'Umberto Eco et de Joshua Greene font sens! Au-delà, c'est le #foodbashing qui fait souvent les titres des journaux. Il sert de thème récurrent à quelques chaînes de télévision en mal d'un public dominical et à tous ceux à la recherche d'une croisade dans laquelle s'engager. Et l’on sait combien les Français sont prompts à s’enflammer lorsqu’il s’agit de leur assiette. Le #foodbashing est à la fois centripète et communautaire: il permet de se différencier de la masse inculte qui s’adonne à la malbouffe et de se retrouver entre défenseurs d’une alimentation authentique, sans gluten ou bien encore expérientielle. 

Leurs pensées permettent d'exprimer, en partie, le rôle particulier que les établissements E. Leclerc jouent dans le paysage de la distribution alimentaire française. Un combat pour restaurer leur pouvoir d’achat, un combat homérique qui s’étend sur plusieurs décennies maintenant (il a débuté avec la génération précédente), lui a octroyé une place de choix dans le coeur de nos concitoyens. Se battre pour le pouvoir d’achat, c’est aussi se battre contre les ennemis du pouvoir d'achat !  Qui sont donc ses ennemis ? Les marques des entreprises internationales de l’agroalimentaire et, implicitement, tous les autres distributeurs qui sont les alliés objectifs des grandes marques. Chacun doit alors démontrer qu’il n’est pas un ennemi du bon peuple des mangeurs français en participant au jeu de dupe et à la cacophonie des résultats télévisés ou radiophoniques des comparateurs de prix. Il s’agit de montrer qu’ n lave plus blanc que blanc. 

Dans cette mer agitée, les propos de Serge Papin, le président de Système U., se démarquent. En substance. Certes, le pouvoir d’achat c’est bien ! Mais pas au détriment des milliers d’emplois des nombreuses petites et moyennes entreprises de l’agroalimentaire que la baisse des prix a rendu exsangue. La responsabilité d’un commerçant ne s’arrête pas aux rayons de ses magasins. Il est également responsable des emplois qui sont associés aux affaires qu’il réalise avec les entreprises des territoires sur lesquels il est implanté. Ses clients sont aussi les salariés des PME qui alimentent ses rayons. Mais pas uniquement des PME. Les grandes entreprises ont aussi des usines. En choisissant Système U., les clients deviennent les protecteurs des emplois, des PME et des territoires. 



Entre ces deux doctrines, les Français devront choisir : préserver à tout prix leur pouvoir d’achat ou accepter de payer quelques centimes d’euro de plus pour préserver les emplois de leurs voisins et en fin de compte les leurs aussi - égoïstes ou généreux ?

lundi 15 février 2016

La modération : les marques de boissons alcoolisées à la recherche de bons buveurs comme co-producteurs de valeur ?

J’ai invité Bao Quang, étudiante et bientôt future diplômée du BBA de l’ESSEC, à partager avec nous les fruits de son travail qu’elle a effectué sur la modération dans la consommation lors de son mémoire de fin d’études. Le sujet est d’une grande importance pour la société comme pour les entreprises. Les bénéfices que les buveurs peuvent extraire d’un vin tiennent en partie à la qualité du breuvage, mais aussi à la manière de boire : le buveur est co-producteur.  Un grand cru mérite autre chose qu’une soirée de binge drinking.



De nombreuses organisations publiques ou à but non lucratif luttent chaque jour pour influencer positivement les comportements des consommateurs. En particulier, elles ciblent les comportements excessifs. On imagine souvent que les grandes marques trouvent un bénéfice dans ces comportements. Ce n’est pas le cas ! Bien au contraire : les comportements excessifs ternissent en fait l’image des marques. 

L’objectif de mon mémoire de fin d’études était d’identifier les conditions d’une consommation gagnant – gagnant entre les buveurs et les marques d’alcool. Mon hypothèse de travail est que les marques et les consommateurs peuvent, si ces conditions sont remplies, maximiser la co-production de valeur. Pour cela, il m’a semblé intéressant de définir un bon buveur. Celle-ci est déterminée par le comportement.

Pour identifier les conditions recherchées, j’ai tout d’abord effectuée une étude exploratoire auprès de buveurs d’alcool. Elle était focalisée sur les enjeux de la consommation tels qu’ils sont perçus par les buveurs. Toutes les personnes interviewées ont souligné l’importance de la découverte, par l’expérience, de leurs propres limites.  Cet apprentissage est considéré comme très positif voire indispensable par toutes les personnes interviewées. De plus, lorsque le sujet de l’éducation des enfants à l’alcool est abordé, aucun participant ne semble s’inquiéter des premiers excès car ils estiment que ce sont justement ces mauvaises expériences qui permettront aux enfants devenus adultes de modérer leur consommation et avec le temps de devenir de bons buveurs. Les campagnes de lutte contre l’excès d’alcool effraient. Mais elles sont considérées, par les personnes interrogées, comme moins aptes à modifier les comportements des buveurs que les conséquences physiques un excès. L’initiation, en particulier la découverte des limites, semble donc bien supérieure à l’éducation par l’information pour former un bon buveur. 

Cette découverte appelle de deux questions. La première est de nature méthodologique. Comment déterminer les caractéristiques d’un bon buveur si les limites, à savoir l’excès, sont spécifiques à chacun (selon les capacités physiques et les perceptions de chacun des buveurs). Une norme peut-elle être métacognitive, c’est à dire fondée sur la représentation que se fait un individu de ses propres limites. Le terrain est glissant ! Les normes ne sont que très rarement (pour ne pas dire jamais) subjectives. Comment alors obtenir une norme commune si l’expérience est si importante ?

La seconde question interroge la consommation en deçà des limites : est-elle pour autant une consommation de qualité ? Finalement, il m’apparaît, a posteriori, intéressant  aussi de savoir si une expérience précoce de ses limites pourrait être plus porteuse de modération qu’une expérience tardive. 

Dans quelques jours, je poursuivrais mon exposé en cherchant à définir le bon buveur du point de vue de l’entreprise.

samedi 13 février 2016

Gastronomie & Innovation : Quelles sont les tendances actuelles?



Mardi 16 février 2016
à 18h30
  Événement




"Gastronomie & Innovation : Quelles sont les tendances actuelles?"

ESSEC International 
et la Maison de la Culture du Japon à Paris (MCJP) 


ont le plaisir de vous inviter à leur prochaine conférence conjointe 
au regard croisé franco-japonais 

 le mardi 16 février de 18h30 à 20h à la MCJP

sur le thème :

Gastronomie & Innovation : Quelles sont les tendances actuelles?

avec la participation de :

Christophe Duhamel (M04) 
Co-Fondadeur du site internet culinaire de premier plan "Marmiton"  

Raphaël Haumont 
Directeur du Centre Français d'Innovation Culinaire  
dont il est le co-fondateur avec le chef Thierry Marx

Maki Maruyama (ESSEC/Keio 93) 
Directrice de Jugetsudo & Héritière de la Maison MaruyamaNori  
créée en 1854 dans la commercialisation d'algues et de thé haut-de-gamme

Asafumi Yamashita 
Célèbre "chef-maraîcher" japonais  
des grands restaurants étoilés parisiens



La gastronomie en France et au Japon ne cesse de se réinventer entre tradition et modernité.

Les échanges porteront sur les nouvelles tendances du domaine culinaire :
Nouveaux ingrédients, nouvelles textures, produits & légumes d'exception,
influences culturelles réciproques et redécouverte du "fait-maison"
seront parmi les thèmes abordés.  

La conférence, ouverte à tous (sur inscription), sera suivie d'un cocktail networking
avec vue sur la Tour Eiffel  en présence des intervenants avec une dégustation de thé Jugetsudo
et une démonstration de cuisine moléculaire.

Nos amis du DOSOKAÏ franco-japonais, qui réunit depuis 1996 les Alumni de grandes écoles françaises et universités japonaises sont également cordialement invités à participer.
Pour tout renseignement complémentaire, n'hésitez pas à contacter
Henri de Rocca-Serra (E06), Organisateur de l'événement

S'inscrire

Au plaisir de vous accueillir nombreux,
Philippe Pasdelou (E85)
Président  
ESSEC International
Aline Rutily (E99)Responsable
ESSEC Business International
Henri de Rocca-Serra (E06)
Coordinateur Asie-Pacifique & Japon
ESSEC International

samedi 6 février 2016

un cocktail dangereux : Zika, le moustique tigre, la perte de la biodiversité et le changement climatique

Aujourd'hui, c'est l'article du Dr John Ross (Harvard Medical School) qui a attiré mon attention. John Ross constate que depuis quelques années de nouvelles épidémies se propagent dans le monde. La dernière en date est celle du virus Zika qui partant de l'Amérique du Sud s'est propagée vers le Nord. Elle est transmise par le moustique tigre (Aedes albopictus) et depuis quelques jours les épidémiologistes du Texas suspectent également une transmission par les voies sexuelles. Avant cette épidémie, le monde a été (et il est toujours) confronté à la dengue et au Chikungunya. Le vecteur : toujours le fameux moustique Aedes.

Avec l'accroissement du commerce international -- les containers peuvent abriter le moustique -- et du tourisme -- des personnes contaminées peuvent servir de réservoir -- le phénomène ne fait que s'amplifier. Cependant, commerce et tourisme n'expliquent pas la totalité du phénomène. Pour le Dr John Ross, il faut compléter le tableau en y incluant les effets de la perte de la biodiversité dans les territoires d'où ces maladies virales sont natives. Lorsque la biodiversité s'effondre, les insectes piquent une moins grande diversité de réservoirs naturels (oiseaux, rongeurs, etc.). Une grande diversité augmente les chances de tomber sur des animaux résistants aux virus. Le cycle de transmission serait cassé plus. 

Les épidémiologistes risquent fort de ne pas être en accord avec les explications du Dr Ross. Cependant, l'hypothèse de l'effet de la réduction de la biodiversité sur la taille du réservoir a maintenant le mérite d'être exposée.  Richar Osfeld qui travaille sur la transmission de la maladie de Lyme pense que la diminution de la population des certaines espèces résistantes à la maladie de Lyme comme l'opossum et l'accroissement de la population d'autres espèces non résistantes serait un facteur aggravant.  Autre élément déterminant : le changement climatique. Le changement climatique déplace les géographies propices à l'épanouissement des populations moustiques vers le Nord. Ces trois ingrédients seraient à l'origine de la globalisation des infections virales que l'on observe depuis quelques décennies maintenant. 

   

mercredi 3 février 2016

S'inspirer de la Mer avec Idriss Aberkane


Les Mercredis de l'Institut Océanographique
Venez assister à la conférence 
"Quand la mer nous inspire : le nouvel horizon du biomimétisme"
et échangez avec le Dr Idriss J. ABERKANE 
Le mercredi 10 février, 19h30
à la Maison des Océans
195 rue Saint Jacques - 75005 Paris
Retrouvez le programme complet des conférence à venir ici

La ferme des 36 000 vaches

Le numéro daté du premier février du magasine Américain Fortune consacre 6 pages (soit 10% de l'espace) à une ferme laitière: Fair Oaks Farms. Cette ferme, localisée au nord-ouest de l'Indiana, à une centaine de kilomètres au sud de Chicago, héberge 36 000 vaches laitières. Elle appartient à une dizaine de familles d'éleveurs qui se sont associés pour mettre en commun leurs moyens et peser sur le prix du lait, lequel est habituellement déterminé par les puissants clients de l'agroalimentaire ou de la distribution. 

Cette ferme est, d'après Wayne Pacelle le président et directeur de l'Humane Society of the United States, un modèle de bien-être animal. Mais, le coeur de l'article de Fortune porte sur le traitement des déjections, lesquelles affectent grandement l'empreinte écologique de la ferme. Les déjections des vaches sont collectées trois fois par jour et elles sont placées dans des digesteurs. Au cours des semaines suivantes, les déjections sont transformées par des bactéries en méthane. Une partie du gaz est brulé pour produire l'électricité et la chaleur. Cette énergie sert à comprimer le gaz pour assurer le fonctionnement des camions de livraison. Le gaz naturel comprimé a été utilisé en France lors de la Seconde Guerre mondiale et après dans le sud-ouest de la France à proximité du gisement de Lacq. 
Les résidus de la digestion, sous une forme solide ou liquide, sont utilisés pour fertiliser les champs de la ferme. Après 30 ans de développement, et plusieurs dizaines d'innovations, le cycle est bouclé. 

Bien-être animal -- le directeur de la ferme est un vétérinaire de formation -- productivité, empreinte écologique, prix équitable, etc. tous ces paramètres sont au vert. Quoi que l'on pense, avec la taille viennent des moyens. Et les moyens offrent des possibilités d'améliorations, elles-mêmes génératrices de valeurs. Un cercle vertueux !

Cette ferme reçoit par ailleurs de très nombreux visiteurs. Elle propose plusieurs parcours payants et un magasin où elle présente et vend une large gamme de produits. Elle dispose aussi d'un restaurant, de salles de cinéma, d'un parcours acrobranche indoor, etc.   
      
En période de crise de l'élevage en France, on imagine combien une nouvelle forme d'organisation horizontale de la production, c'est à dire entre les exploitations, pourrait contribuer à faire bouger les lignes. 

Je vous invite à lire mon billet sur le site de Saf Agr'idées. 

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