dimanche 30 septembre 2012

1875 ...déjà une allégation santé

Les allégations santé sont probablement vieilles comme le monde. Hippocrate de Cos aurait, 3 siècles avant Jésus-Christ, favorisé l'usage des aliments pour la prévention et le traitement des maladies. Voici une carte réclame de la fin du 19e siècle qui souligne les bénéfices du consommé Maggi pour la bonne croissance. 


samedi 29 septembre 2012

Les enfants à table ... un livre intéressant

Le Dr. Patrick Serog propose un ouvrage intéressant pour tous les parents, médecins et homme et femme de marketing qui s'intéressent aux enfants et à leur alimentation (Flammarion, 5 sept 2012). 

Un ouvrage ambitieux puisqu'il s'attaque à la transmission des bonnes habitudes alimentaires !

"Découvrez les conseils aidant à inventer vos propres rituels, à cuisiner ensemble et enseignez aux générations futures l'art de faire des courses et de dresser une belle table... Les enfants, à table !, mine de suggestions pour tout parent soucieux de l'équilibre alimentaire de ses enfants, aide à mieux transmettre ce que nous aimons et ce que nous sommes vraiment ! Un message concret, positif et plein d'espoir."


Publié Sept 2012

lundi 24 septembre 2012

Les protéines "coupe-faim"

Les chercheurs de l'Inserm (Unité 855 — Nutrition et Cerveau de Lyon) ont élucidé la relation entre les protéines et l'effet coupe-faim qui leur était régulièrement associé. Les résultats de leurs travaux ont été publiés dans la revue Cell au mois de juillet.

Une meilleure connaissance des mécanismes physiologiques de la satiété permet d'envisager différemment la prise en charge des patients obèses ou en surpoids. Lors de la digestion, les protéines alimentaires déclenchent une synthèse du glucose au niveau de l'intestin. Cette néoglucogenèse intestinale serait détectée par le système nerveux qui serait alors responsable d'un signal coupe-faim.


  Lire le résumé de l'article

samedi 22 septembre 2012

OGM toxicité de long terme (2)

Dans mon billet de jeudi 20 septembre, je suggérais de laisser les spécialistes décortiquer le protocole expérimental de l'expérience des chercheurs de l'université de Caen sur la toxicité d'un OGM sur des rats. Les premières critiques ont été émises par Monsieur Gérard PASCAL (Directeur Honoraire de Recherche à l'INRA) et recueillies par Audrey Garric pour le Monde.fr.

Le protocole semble être entaché de quelques défauts rédhibitoires :
  1. La souche de rat utilisée est habituellement bannie des études visant à estimer le pouvoir cancérigène d'un produit parce que les rats de cette souche développent des tumeurs avec des fréquences très élevées.
  2. Le nombre des animaux est insuffisant pour permettre une comparaison statistique de qualité.

Affaire à suivre !

jeudi 20 septembre 2012

Toxicité long terme des OGM

Ces derniers jours, les résultats d'une étude sur la toxicité de long terme sur des rats d'un maïs transgénique résistant à un herbicide...sont repris par la grande presse. Voici les graphiques de mortalité extrait de l'article publié dans la revue "Food and Chemical Toxicology" par Gilles-Eric Séralinia, Emilie Claira, Robin Mesnagea, Steeve Gressa, Nicolas Defargea, Manuela Malatestab, Didier Hennequinc, Joël Spiroux de Vendômoisa (University of Caen & University of Verona) et intitulé Long term toxicity of a Roundup herbicide and a Roundup-tolerant genetically modified maize.

Je laisse le soin aux spécialistes de décortiquer le protocole et les résultats. En attendant, je constate que chez les rats de laboratoire, les femelles vivent plus longtemps que les mâles. Une similitude que nous, les humains, on partage avec ces rongeurs !   



Fig. 1. Mortality of rats fed GMO treated or not with Roundup, and effects of Roundup alone. Rats were fed with NK603 GM maize (with or without application of Roundup) at three different doses (11, 22, 33% in their diet: thin, medium and bold lines, respectively) compared to the substantially equivalent closest isogenic non-GM maize (control, dotted line). Roundup was administrated in drinking water at 3 increasing doses, same symbols (environmental (A), MRL in agricultural GMOs (B) and half of minimal agricultural levels (C), see Section 2). Lifespan during the experiment for the control group is represented by the vertical bar ± SEM (grey area). In bar histograms, the causes of mortality before the grey area are detailed in comparison to the controls (0). In black are represented the necessary euthanasia because of suffering in accordance with ethical rules (tumors over 25% body weight, more than 25% weight loss, hemorrhagic bleeding, etc.); and in hatched areas, spontaneous mortality.

mercredi 19 septembre 2012

Art et Alimentation : hyperréalisme avec Duane Hanson



Duane Hanson est un sculpteur américain de l'école hyperréaliste. Le Supermarket shopper, l'œuvre présentée ci-dessus, date de 1970. Elle est considérée comme une œuvre majeure de Duane Hanson. Elle illustre la société de consommation américaine des années 1960.

Alimentation - France - USA : 0 - 0 !

Le CREDOC a réalisé des analyses comparatives de l'alimentation en France et aux États-Unis. Il nous en livre les résultats dans deux documents qui sont présentés sur leur site internet.

En substance : quoique le modèle alimentaire français soit différent du modèle alimentaire aux États-Unis, il semble que les régimes alimentaires convergent. Convivialité, respects des horaires fixes et structuration des repas autour de trois plats définissent le modèle alimentaire français. Autonomie, choix rationnel et éduqué (c'est-à-dire, à partir d'une information objective et complète) sont les composantes essentielles du modèle alimentaire aux États-Unis qui réduite l'alimentation à la fonction nutritionnelle. Le modèle alimentaire français se distingue par des prises alimentaires moins fréquentes (3,9 par rapport à 5,5) et plus variées (16,8 produits sur 2 jours contre 13,6). Cependant, cette moyenne nationale cache des diversités générationnelles préoccupantes. Les enquêtes alimentaires révèlent une forte baisse de la diversité alimentaire chez les enfants de 3 à 14 ans qui passent, en 3 ans, de 11 à 9 produits des 5 principaux groupes alimentaires consommés sur trois jours. Cela laisse penser que les problèmes de santé associés à l'alimentation sont devant nous. Cette étude indique que les jeunes adultes (21 à 34 ans) et les plus de 65 ans ont en France par rapport aux États-Unis une alimentation de qualité nutritionnelle inférieure. Le régime alimentaire des adolescents français semble quant à lui plus équilibré que celui de leurs homologues. Les chercheurs du CREDOC considèrent que le modèle alimentaire français, que l'on pouvait associer à une faible prévalence de l'obésité, fait face aujourd'hui à un risque d'affaiblissement.      

mardi 18 septembre 2012

Qu'est ce qu'un tranchoir ?

sur le site de http://www.kudzu.be/fr/
Voici la photo d'un tranchoir, une planche en bois sur laquelle on a de nos jours l'habitude de couper (trancher) des produits alimentaires. 

Mais le tranchoir n'a pas toujours été une planche pour la découpe. Avant d'être en bois ou en matériaux synthétiques, le tranchoir était fait de pain! Oui de pain, de pain rassis ! Pas idéal pour trancher !!

C'est que le tranchoir n'était pas à l'origine un objet sur lequel on tranchait, ni même un instrument servant à trancher. Il s'agissait en fait de l'ancêtre de l'assiette actuelle : une tranche de pain rassis sur laquelle on servait les aliments. 



* *

L'invention et l'usage de l'assiette sont relativement récents. 
L'assiette personnelle ne date que de Louis XIV. L'ancêtre de l'assiette moderne était une tranche de pain posée sur une planche de bois, de cuivre, d'étain, d'or ou d'argent. Le pain servait probablement à éviter que les jus et les sauces coulent sur la table. Dans les tranches de pain utilisées de cette manière n'étaient habituellement pas consommées par les convives, mais elles étaient distribuées aux pauvres (André Castelot, l'histoire de la table, Plon-Perrin).

Bon appétit ! 


vendredi 14 septembre 2012

La puissance des foules...Zagaz


À plusieurs on peut soulever des montagnes... C'est le quatrième billet de ce blog qui met en avant les résultats que des petites actions de plusieurs milliers de personnes — parfois chacune est insignifiante -- peuvent produire si elles sont accumulées.

J'avais en octobre 2011 publié un billet sur le Crowdfunding en agriculture. Il s'agit de financer un projet ou une entreprise, en faisant appel aux particuliers, chacun apportant une petite somme, par exemple 20 €. Avec 1000 contributeurs, on peut déjà lever une belle somme. Et cela est souvent suffisant pour soutenir des projets intéressants. Dans les pays en voie du développement, une vingtaine de contributeurs des pays développés, chacun apportant entre 20 € et 100 €, est très suffisante pour faire avancer le projet de développement d'une nouvelle activité sur une ferme familiale.

Plus récemment, c'est l'initiative Vigie-flore du Muséum National d'Histoire Naturelle qui utilise des centaines de botanistes amateurs pour recenser la flore commune de la France. Une mission que les botanistes du MNHN ne pourraient pas réaliser seuls même avec plus de moyens. C'est également, les efforts de plusieurs familles de l'association Famille Rurales qui chacune en relevant quelques prix dans les commerces qu'elles fréquentent permettent d'établir un baromètre des prix des denrées alimentaires dans le milieu rural.

Aujourd'hui, alors que le prix des carburants est une préoccupation pour beaucoup de foyers français, c'est le site communautaire Zagaz qui propose à tous les internautes de précieux indicateurs sur le prix des carburants dans un grand nombre de stations-service de nos régions. Chacun d'entre nous peut rendre une partie des bénéfices de ces informations en devenant à son tour un contributeur. Il s'agit de mettre à jour les informations sur le prix des carburants dans les stations habituellement fréquentées chaque fois que cela est possible. Actuellement, 52 000 prix de 13 400 stations-services sont mis à jour par plusieurs milliers de membres actifs.

jeudi 13 septembre 2012

Mais que font-il donc ?

La scène se déroule en chine, plus précisément dans la région de Maoxian au Sichuan.
Que font donc ces cultivateurs sur les pommiers en fleurs ? 

Publié dans le guardian, par Analia Manriquez. Décembre 2010

Tous les printemps, des milliers de villageois montent sur les arbres pour ... remplacer les abeilles et autres insectes pollinisateurs. Il assure donc la pollinisation des arbres en utilisant une brosse composée de plumes de volaille et de filtres de cigarettes.
 



mardi 11 septembre 2012

Les meilleures enseignes de la distribution

Le cabinet de conseil en stratégie OC&C réalise une étude de perception des clients de 300 enseignes de la distribution de 6 pays. OC&C réalise plusieurs palmarès  ...prix bas, valeur pour l'argent, service, confiance, qualité des produits, taille de la gamme, etc.

Et pour la France, les champions sont .... Amazon, Picard, Ikea, ebay, Yves Rocher, ...

Voir les résultats de l'étude (en anglais)

lundi 10 septembre 2012

Magasin virtuel dans le métro aux USA.

Après Tesco/homeplus en Corée du Sud, c'est maintenant Peapod qui met à la disposition des voyageurs des transports en commun américains les moyens de passer leur commande en ligne et d'utiliser des QR code mis à leur disposition dans les stations de métro et train. Faire ses courses pendant que l'on attend sur le quai d'une gare, c'est l'occasion de bien utiliser le temps !

Peapod est un distributeur en ligne, un partenariat entre plusieurs entreprises de distribution : Ahold USA, Stop & Shop et Giant Food (groupe Ahold).



Merci à Diane pour l'information.

dimanche 9 septembre 2012

2 édition des rencontres Industries Commerce le 24 septembre 2012

Eurogroupconsulting organise, ce 24 septembre, en partenariat avec Responsability Management la seconde édition des Rencontres Industries Commerce. Cette année le thème est la grande distribution et l'évolution de notre société.

A l'affiche une table ronde avec Messieurs Mullliez (Groupe Auchan),  Papin (Système U) et Riboud (Groupe Danone). Cette table ronde sera précédée de la présentation des résultats d'une étude sur le thème de ces rencontres par le Dr. Bernard Duchamp, Associé, Eurogroup Consulting.

Lien vers le programme de cette conférence.

vendredi 7 septembre 2012

Attention, filières agro-alimentaires en danger ?


Chaque année, le MODEF (confédération syndicale agricole des exploitants familiaux) organise une vente directe de fruits et de légumes place de la bastille. Son slogan et son credo : pour des prix rémunérateurs aux agriculteurs et un juste prix aux consommateurs ! Cette initiative est fortement médiatisée. Les articles de presse, les émissions radiophoniques ou à la télévision qui parlent de cette initiative sont nombreux.

L'enjeu est d'autant plus grand que favoriser l'accès aux fruits et légumes est un objectif de santé publique compte tenu de l'effet bénéfique des fruits et des légumes pour la santé. Habituellement, la consommation d'un produit augmente lorsque les prix baissent. Habituellement ! Mais, est-ce bien toujours le cas ? Est-ce le cas pour les populations à risque, c'est-à-dire pour les consommateurs qui, compte tenu de leurs données anthropomorphiques et physiologiques, auraient le plus besoin d'augmenter leur consommation de fruits et de légumes ? Est-ce aussi le cas pour des ménages avec de faibles revenus ? En 2009, France Caillavet et Véronique Nichele, de l'INRA, avaient montré que la sensibilité aux prix de ces deux segments de consommateurs était plutôt forte pour les légumes et faibles pour les fruits frais -- les personnes les plus favorisées semblent par contre bien répondre aux baisses des prix des fruits frais. Les modes de consommation évoluant particulièrement lentement, on peut considérer que leurs résultats sont toujours valables en 2012. Leur étude englobait également le comportement des consommateurs vis-à-vis de produits, dont le profil nutritionnel moins correct. En substance, elles concluaient leur étude sur la sensibilité de la consommation au prix ainsi :

  1. une politique de taxation des produits les moins corrects sur le plan nutritionnel a un intérêt limité. La réponse à l'augmentation de prix est trop faible pour produire un effet sur la santé des personnes cibles.
  2. Subventionner la consommation des fruits et légumes des foyers aux faibles revenus ou des consommateurs qui souffrent de surpoids offre un intérêt potentiel pour la santé.

Nos propres investigations sur le sujet montrent qu'une véritable barrière psychologique s'est formée dans l'esprit de nombreux consommateurs qui considèrent que les fruits sont toujours trop chers... (Ces travaux sont présentés dans un cahier 12 de perspectives alimentaire intitulé : "Trop cher, mais est-ce bien uniquement une question de prix ?" Il est disponible en version électronique sur simple demande par mail à fourcadet@essec.edu ). Cette idée reste fortement ancrée dans l'esprit des consommateurs. Cette représentation, parfois autobiographique, parfois empruntée à la rumeur médiatique, mais qui n'est pas toujours en relation avec le prix, empêche très probablement certains des consommateurs de fréquenter les étals.... Puisqu'ils pensent que « les fruits sont toujours trop chers pour eux ! », ils n'observent plus, sauf en de très rares occasions, les offres du marché. Autrement dit, même si les prix baissent (il existe déjà des initiatives pour proposer des fruits et des légumes à 1 € / kg existent chez de nombreux distributeurs), il est probable que ces consommateurs ne s'en rendront pas même pas compte.

Ce phénomène est similaire à celui auquel l'ESSEC s'est attaqué il y a maintenant quelques années avec le programme PQPM (PourQuoi Pas Moi ?) dont l'un des objectifs est de combattre certains préjugés tel que « les études supérieures ne sont pas à ma portée ». Comme dans le cas des études supérieures, il m’apparaît également judicieux de répéter à loisir (et de le démontrer) que l'on peut souvent trouver de bons fruits (et aussi de bons légumes) à des prix très abordables pour toutes les bourses. Le message du MODEF renforce les croyances de ceux qui pensent que les fruits sont, de toute manière, trop chers en montrant du doigt la distribution et son effet est donc sur cet aspect contre-productif.

Mais, si les prix ne sont pas rémunérateurs pour les agriculteurs et s'ils sont trop élevés pour les consommateurs, il doit bien y avoir une raison. Le MODEF montre du doigt la grande distribution : celle-ci impose des prix bas à ses fournisseurs et elle se goinfre ainsi avec des marges exorbitantes ! Ces marges seraient si importantes qu'elles permettraient ni de rémunérer correctement les producteurs ni d'offrir aux consommateurs l'accès à des produits de qualité à des prix satisfaisants. Les représentants du MODEF mentionnent des marges effectivement importantes entre les prix de vente aux consommateurs, observés dans les magasins, et les prix payés aux agriculteurs.

Comme tous les ans, la FCD (Fédération des entreprises du commerce et de la distribution) s'attache à rappeler la réalité des chiffres du rayon fruits et légumes. Cette année, la FCD indiquait sur son site internet (dans un article publié le 22 août 2012) que les marges (nettes) des enseignes de la distribution étaient en moyenne négatives (-0.74 %) pour les fruits et les légumes.

Il est difficile pour le consommateur de faire la part des choses ; entre les propos de sympathiques agriculteurs qui crient « au vol » et qui semblent a priori être du côté des consommateurs ; et ceux de la grande distribution qui ne peut pas se permettre de mentir sur propre son site internet ! En fait, les deux parties pourraient, en dehors des jugements de valeur, bien avoir raison, car il y a marge et marge ! Essayons ici une tentative pour réconcilier ces deux visions. Elles semblent cependant a priori difficiles à concilier.

Si l'on considère la filière des pêches et nectarines, un fruit qui commence sa longue marche vers le consommateur dans un verger, possiblement à proximité de Saint-Gilles dans le Gard. Sa longue marche se terminera peut-être quelques jours plus tard dans l'assiette d'une sympathique consommatrice du Pas de Calais. Pour y parvenir, outre le producteur et le distributeur, d'autres acteurs vont intervenir. Juste après la cueillette, le fruit passera dans les mains des expéditeurs — conditionneurs qui procèdent à différentes opérations dites techniques. Elles consistent à préparer les fruits pour leur permettre de voyager dans de bonnes conditions. Car c'est plus de 1000 kilomètres que cette nectarine devra parcourir pour rejoindre la table du Pas de Calais. Le résultat de leur travail est visible sous la forme des plateaux composés de produits propres, calibrés et à une température appropriée. Certaines opérations techniques sont particulièrement délicates. Il est fréquent que la température du fruit dans le verger dépasse les 30 °C lors de la cueillette. Il convient de réduire la température de plusieurs dizaines de degrés afin de réduire la vitesse de maturation naturelle qui est affectée par la température. À cette étape, il faudra limiter la condensation d'eau sur la peau du fruit qui est elle propice au développement de micro-organismes. Toutes ces manipulations doivent être effectuées avec une grande douceur afin de ne pas abîmer les fruits. Outre ces opérations techniques, les expéditeurs se chargent de vendre et d'expédier les produits aux distributeurs. Toutes ces opérations engagent des coûts.

Entre la plateforme de l'expéditeur et celle du distributeur, les fruits parcourent plusieurs centaines de kilomètres. Il faudra bien payer le transport. Si l'on ne s'intéresse qu'aux dépenses effectuées par tous les acteurs de la filière française des pêches et nectarines, elles se répartissent entre les trois principaux acteurs approximativement de la manière suivante :
  1. Les producteurs engagent environ 40 % des coûts totaux.
  2. Les conditionneurs — expéditeurs engagent environ 30 % des coûts totaux.
  3. Les distributeurs engagent environ 30 % des coûts totaux.

Comme les conditionneurs — expéditeurs, les distributeurs engagent aussi des coûts. Les produits doivent être stockés dans des zones à température contrôlée ; ils doivent être envoyés de la plateforme logistique du distributeur vers les magasins : cela engage des coûts de manutention et de transports. Dans les magasins, ils sont mis dans les rayons, puis ils passent en caisse. Le distributeur doit payer les loyers des magasins, les dépenses énergétiques et les salaires des employés. Par ailleurs, une partie des pêches et des nectarines ne seront jamais vendues par le magasin pour différentes raisons (méventes ou altérations). Cela représente une perte pour le magasin qui est inhérente à ses activités de libre service. Cette perte affecte la marge nette moyenne du distributeur.

Les coûts engagés par les producteurs sont également conséquents et ils ne peuvent souvent pas être réduits : engrais, irrigation, traitement divers des sols et des arbres, taille et ramassage, etc.

Comment peut-on concilier les visions des producteurs du MODEF et celles des distributeurs ? Les producteurs regardent la marge commerciale globale. Celle-ci est la différence entre le prix de vente aux consommateurs (le prix en rayon) et les prix auxquels ils seront eux rémunérés. On peut observer des différences très substantielles entre ces deux valeurs. Cela peut donner l'impression que les intermédiaires gagnent très bien leur vie. Mais, les intermédiaires doivent également rémunérer leurs employés et payer leurs factures. C'est ainsi que les distributeurs pensent en termes de marge nette. Celle-ci est la marge commerciale du distributeur (Prix de vente moins prix d'achat) de laquelle il faut déduire tous les coûts (à l'exclusion bien sûr du prix d'achat). Il faut également noter que le prix d'achat des distributeurs n'est généralement pas le prix payé aux agriculteurs. La différence entre les deux est constituée par les dépenses afférentes aux opérations des conditionneurs — expéditeurs et par leur marge. Si l'on prend en considération tous les éléments, il n'est alors pas difficile de réconcilier les deux visions. Les deux histoires ne sont que deux éclairages d'une même histoire.

Une autre critique que l'on adresse souvent aux distributeurs (comme aux pétroliers par ailleurs) est de ne pas répercuter les baisses des prix d'achat des produits pour les consommateurs et d'être prompte à répercuter les hausses de prix. Ici aussi, l'accusation n'est pas fondée. Les courbes des prix de vente à la consommation et à l'expédition sont strictement parallèles. Autrement dit, la marge commerciale des distributeurs ne change pas que leurs prix d'achat soient élevés ou faibles. Certes, on peut observer, çà et là, des disparités par rapport à cette affirmation qui sont liées à des processus d'ajustement mineurs et temporaires. Une marge constante quel que soit les prix d'achat indique que les distributeurs ne disposent pas d'un pouvoir de marché. Le diagramme ci-dessous montre que la marge commerciale du distributeur peut varier selon qu'il est seul à opérer face à des très nombreuses fermes ou au contraire que les distributeurs soient très nombreux. Cette dernière situation correspond à celle d'une absence de pouvoir de faire baisser les prix d'achat.

(Les données du graphique sont issues d'une simulation )









Sur le graphique ci-dessus, le prix à l'expédition est représenté sur l'axe des X et la marge commerciale du distributeur est représentée en ordonnée. La marge commerciale est la différence entre le prix de vente aux consommateurs et le prix d'achat à l'expéditeur.

Si l'on parvient bien à expliquer cette différence substantielle d'éclairage, il n'en reste pas moins que la situation n'est pas bonne sur le plan économique, ni pour les uns, ni pour les autres. Cette situation n'est pas durablement soutenable ni pour les producteurs, ni pour les distributeurs. Elle n'est pas socialement désirable parce qu'elle n'améliore pas le sort des consommateurs les plus exposés au problème de santé et ceux qui disposent de faibles revenus.

Autrement dit, les dépenses de la filière vers des tiers sont aujourd'hui trop importantes pour assurer à la fois des prix bas pour tous les consommateurs et des rémunérations suffisantes pour tous les acteurs. Les filières françaises des fruits et légumes sont véritablement en danger, entre des consommateurs qui ne sont plus en mesure de dépenser plus pour acheter des fruits et des légumes, des coûts de main-d'oeuvre importants et des importations très concurrentielles.

Quelles pistes peut-on envisager ? Il en existe plusieurs. Elles ne sont pas sans défauts. Par ailleurs, offrent-elles des perspectives durables ?

Une première voie consiste à explorer la piste des coûts de la main-d'oeuvre qui représentent plus de 50 % des coûts totaux de la filière. On trouvera des informations sur les salaires agricoles dans les différents pays européens sur le site agri-info.eu. Si l'on considère que les salaires sont le reflet des coûts de la vie, des salaires faibles ne sont envisageables que pour des travailleurs saisonniers en provenance des pays avec un coût de la vie très faible. Cela conduit à rémunérer les travailleurs nationaux à un niveau et les travailleurs étrangers à un autre niveau ou bien encore à ajuster les rémunérations de tous sur le salaire le plus compétitif. En France, cette solution n'est pas socialement acceptable.

Une seconde piste consiste à améliorer la productivité de la main-d'oeuvre agricole en faisant des investissements adéquats -- voir les billets sur la robotique agricole et en repensant la totalité du processus pour réduire l'usage de la main d'oeuvre. Cette seconde piste n'est pas socialement désirable en période de chômage élevé. À cet argument, certains producteurs nous rappelleraient qu'il n'est souvent pas possible de trouver des personnes pour le ramassage des fruits même si le salaire payé est concurrentiel. Il ne s'agit plus alors de remplacer une main-d'oeuvre couteuse par une machine plus rentable, mais de compenser son indisponibilité.

Une seconde voie consiste à faire la chasse à tous les manques d'efficience. Nous évoquions récemment les 120 milliards d'euros de pertes entre le champ et la fourchette. Les données de la Fédération du Commerce et de la Distribution (FCD) nous apprennent que 8 % des prix des distributeurs sont imputables à des pertes. Nous évoquions dans le même billet les initiatives de certains distributeurs pour réduire les pertes tout en augmentant la satisfaction de leurs consommateurs. En revisitant leur politique vis-à-vis des produits périssables, une chaine de 500 magasins américaine a réalisé un gain de 100 millions de dollars par an. Pour cela, elle avait abandonné certains dogmes du merchandising. Outre les pertes, une autre piste d'efficience pourrait se trouver dans l'optimisation logistique. Il apparaît surprenant parfois de faire parcourir des milliers de kilomètres à un produit alors que le consommateur (le magasin) et le producteur ne sont effectivement voisins que de quelques dizaines de kilomètres.

Finalement, faciliter l'accès aux fruits et légumes à des prix abordables pour les personnes qui disposent de revenus insuffisants peut se faire, sans affecter le prix du marché, par l'intermédiaire de subventions spécifiques.

La réaction du MODEF, même si elle peut apparaître injuste à l'encontre des distributeurs, n'en est pas moins le témoignage d'un constat dramatique auquel les données sur les marges des distributeurs de la FCD viennent donner un contour encore plus négatif. Attention, les filières des fruits et légumes pourraient bien être en danger ! 

mercredi 5 septembre 2012

Des abeilles sur les toits de l'ESSEC !


J'avais évoqué dans un billet en octobre 2011 le programme "abeille sentinelle de l'environnement", un projet destiné à sauvegarder les abeilles dont de très nombreuses colonies sont affectées par le Syndrome Effondrement des Colonies (SEC). Beaucoup des initiatives de ce programme consistent à installer des ruchers en milieu urbain, par exemple sur les toits des grandes surfaces.     



Au printemps dernier, l'ESSEC a décidé d'apporter sa contribution au développement des abeilles en milieu urbain en installant une ruche sur un toit de l'école à Cergy.


Il y a quelques jours, l'apiculteur a réalisé une première récolte de miel avec quelques collaborateurs l'ESSEC.  

mardi 4 septembre 2012

Pour un nouveau pacte alimentaire - Serge Papin


Il est rare qu'un patron de l'agro-alimentaire prenne la plume pour nous parler de sa perception des enjeux de son secteur et de ses propositions pour le futur. C'est cependant le cas avec ce manifeste de Serge Papin, le président du groupement coopératif Système U. Il nous propose un nouveau pacte social entre commerçants plus responsables et consommateurs plus raisonnables... Un nouveau rôle pour les distributeurs ?

Aux Editions du Cherche Midi,  9,80 € en format papier (avec la TVA 7%).



lundi 3 septembre 2012

la pratique du sport à l'école : une perte de temps ?

(Equipe Raid ESSEC- Raid Hannibal, 2009)
Les relations positives entre l'exercice physique aérobie et différentes fonctions cognitives sont maintenant bien établies. Le lecteur pourra par exemple consulter "Be smart, exercise your heart: exercise effects on brain and cognition" de Charles H. Hillman, Kirk I. Erickson & Arthur F. Kramer (Nature Reviews Neuroscience 9, 58-65 - January 2008). Une activité physique régulière et d'une intensité suffisante a des effets tout au long des périodes de la vie. C'est par exemple le cas à l'école ou à l'université où les performances cognitives mesurées lors de test sont très souvent positivement corrélées avec les capacités aérobies des muscles (mesurées par un test à l'effort). La force ou la flexibilité musculaire ne semblent pas elles être en relation avec les performances cognitives. C'est aussi chez l'adulte ou les chercheurs se sont intéressés à maintenir les performances intellectuelles avec l'âge et à prévenir les effets de la maladie d’Alzheimer. 

Quelques mots sur le terme aérobie (en présence d'oxygène). Lors de l'effort, le muscle a besoin d'énergie. Celle-ci est produite dans le muscle à partir du glycogène et de l'oxygène apporté par le flux sanguin. Lorsque l'effort est très intense, les apports en oxygène aux muscles sont insuffisants. Le besoin en énergie est alors satisfait en partie par les apports en oxygène et en partie par un processus qui dégrade les sucres sans utiliser d'oxygène (processus anaérobie). Celui-ci produit de l'acide lactique qui est responsable de la sensation de brûlure. Les exercices aérobies correspondent à des exercices d'endurance, alors que l'anaérobie est mis en oeuvre dans les exercices de force ou de sprint.

(Source Doctissimo -
Conseils pour progresser à la course à pied )
Jusqu'à présent les mécanismes par lesquelles les performances cognitives étaient impactées par l'exercice physique restaient inconnus et les chercheurs se contentaient essentiellement de former des hypothèses. Une première piste semble avoir été mise en évidence par une équipe de chercheurs de l'Université de Caroline du Sud. Ils ont découvert que, comme pour le muscle, la concentration des mitochondries augmentait dans le cerveau. Les mitochondries des petits organites intracellulaire jouent le rôle de "transformateur" dans les tissus. C'est au sein des mitochondries que les molécules, comme le glucose, sont transformées en une source d'énergie directement utilisable par les "moteurs" cellulaires. L’exercice physique aérobie augmenterait donc les capacités de transformation de sucre en énergie dans les cellules du cerveau. Les chercheurs avaient déjà mis en relation l'appareil mitochondrial du cerveau en relation avec son dysfonctionnement. 

L'analogie entre le fonctionnement physiologique musculaire et celui du cerveau a été renforcée par un second article paru également cette année sur l'évolution des ressources en glycogène dans les tissus que l'on doit à des chercheurs Japonais des Université de Tsukuba, Niigata et Suzuka. Les niveaux de glycogène musculaire et cérébral augmenteraient aussi après les exercices physiques.

On peut conclure que l'exercice physique augmente au niveau cérébral, comme dans le muscle, à la fois les réserves en combustible (le glycogène) et la capacité à transformer ces ressources en énergie (les mitochondries).  

Et dire que l'on pense souvent que la pratique du sport à l'école est une perte de temps !          

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