LOST AT SEA ! Tel est le titre de l'article publié en Juin 2017 dans le magazine Scientific American par Danielle L. Dixson, professeur de sciences marines. Il témoigne de l'effet probable de l'acidification des océans sur le comportement des poissons et en fin de compte sur leur comportement et leur survie. Le comportement des poissons, par exemple leur aptitude à se réfugier dans un récif ou un herbier pour éviter les prédateurs ou bien encore leur capacité à sentir les effluves d'une proie sont des dimensions critiques de leur survie dans leur milieu.
Sans les océans qui absorbent 30 à 40 du CO2 atmosphérique, l'accroissement de ce gaz à effet de serre dans l'atmosphère serait bien plus important. Pour rappel, on estime que la concentration de CO2 dans l'atmosphère est passée de 280 ppm au début de la période d'industrialisation à 400 ppm aujourd'hui. La capture du CO2 par les océans se traduit par leur acidification. On estime que celle-ci s'est accrue de 150 % pendant la même période. Si les effets de l'acidification sur les mollusques et le plancton avaient été testés au laboratoire - Ils affectent le développement des espèces, la grande majorité des scientifiques pensaient que les poissons qui disposent de mécanismes de régulation plus sophistiqués seraient en mesure de s'adapter. Les expériences réalisées au laboratoire avec différents niveaux d'acidification montrent que ce n'est pas le cas.
Le poissonclown, le très fameux Nemo du studio Walt Disney, es-t un petit poisson qui au stade juvénile migre pendant la nuit afin d'éviter les prédateurs de la pleine mer vers les récifs où il trouvera un abri dans une anémone. Pour trouver son chemin dans l'obscurité, il dépend de la qualité de son ouïe. Les récifs et leurs habitants produisent des sons qui guident les poissons clowns vers des zones où ils trouvent leurs refuges.
Lorsque les chercheurs testent, en journée, les effets des sons des récifs, les juvéniles, les poissons s'éloignent de la source sonore. C'est ce comportement qui leur permet d'éviter les prédateurs qui sont actifs pendant la journée en bordure des récifs. Par contre lorsqu'ils ont soumis des juvéniles élevés pendant leur courte vie dans une eau 60% plus acide (le taux d'acide probable en 2030), ils ont observé que presque 50% des juvéniles étaient attiré par les sons. Ils ont répété cette expérience avec différents niveaux d'acidité est observé des phénomènes similaires. Si la vie des poissons n'est pas directement affectée, leur capacité à capturer les signaux de leur environnement et leur comportement sont modifiés.
Danielle L. Dixon a réalisé d'autres expériences. Par exemple, elle s'est intéressée à estimer l'effet de l'acidification sur l'odorat des prédateurs. L'odeur des proies attire les poissons prédateurs ou des requins. Ils ont découvert aux laboratoires que des requins perdaient leur intérêt pour les effluves d'une proie lorsque l'acidité augmentait, et lorsque celle-ci était trop élevée la même odeur avait une caractéristique répulsive.
Conclusions : le comportement des proies et celui des prédateurs risque d'être profondément altéré par l'acidification des océans. Les effets pourraient être dévastateurs. Cependant, ces tests ne permettent pas d'explorer les capacités d'adaptation du comportement des populations de poissons lorsque l'acidification s'accroit de manière faible mais continue sur une longue période. Espérons !
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