Ca se bouffe pas, ça se mange ! Tel est le titre d'une célèbre émission
radiophonique animée par Jean-Pierre Coffe. Ce titre résume admirablement le
point central de ce billet : comment peut-on prendre du plaisir à manger si l'on
se contente d'ingurgiter sans déguster un plat ? C'est aussi le cas pour le vin
ou la bière. Dans la relation que nous entretenons avec nos aliments, ce n'est
pas le plat ou le vin que l'on doit mettre en question, mais c'est notre propre
attitude vis-à-vis des aliments et des boissons qui doit être challengée chaque
fois que nous portons la fourchette à la bouche.
Pour moi, la prise de conscience a pris
forme il y a quelques années. J'étais alors en voyage au Japon lorsque l'on m'a
fait remarquer que je ne pourrais jamais apprécier toutes les subtilités des
saveurs d'un bol de riz blanc, si je continuais à le manger comme je le faisais.
À l'époque, je pensais que le riz n'avait pas de goût ; il convenait soit de
l'avaler promptement soit de l'assaisonner abondamment. On m'a alors appris
qu'il fallait pour en révéler toutes les saveurs et en apprécier la texture
le mâcher abondamment. Apprendre à déguster le riz ! Une chose qui nous semble
pourtant évidente, à nous les Français, lorsqu'il s'agit d'un bon vin : pas
question de boire une gorgée sans en avoir longuement apprécié la couleur de sa
robe, ses arômes et son goût.
Quelle valeur peut donc avoir un plat pour
une personne si celle-ci ne prend pas le temps pour en apprécier toutes les
saveurs ? Elle m’apparaît limitée. Mais cela est aussi vrai pour un livre, un
film, une oeuvre artistique, etc. Il faut redonner du goût aux
choses.
Voilà donc un bel enjeu pour toutes les
entreprises des filières agroalimentaires et au-delà. Réapprendre à chacun à
déguster les produits ? Oui, mais vous me rétorquerez très probablement que : «
Tous les produits ne sont pas bons ! », que « Certains n'ont aucune saveur ! »,
etc. Il vous suffira alors de repenser à mon anecdote sur le riz. Les saveurs se
cachent ; il faut apprendre à les traquer, et à les débusquer. Le produit n'est
pas bon : c'est probablement une question de goût. Ce mot a un double sens.
S'agit-il du goût du produit ou de notre propre goût ? L'un et l'autre sont
indissociables.
Quelle est donc la relation entre ce billet
et le concept de réputation ? Mais c'est la réputation même de l'ensemble de
notre alimentation dont il est question ici ! Manger est-ce se nourrir, se faire un petit plaisir rapide, ou accéder aux expériences d'un monde de saveurs cachées et qui n'attendent juste qu'on les révèle. Dans les représentations mentales de nos citoyens...
Cela dépendra de la réputation explicite ou implicite que nous attribuerons à
notre alimentation. Et indirectement à sa valeur.
En écho à Jean-Pierre Coffe, je conclurais ce billet
par un vin, ca se boit
pas, ça se déguste !
«
Les gouttes de Dieu », ce manga nous y convie maintenant depuis plusieurs années !
* *
J'ai intitulé ce billet :
La réputation : 8 Leviers pour améliorer la compétitivité - L'effet "Proust"
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La réputation : 8 Leviers pour améliorer la compétitivité - L'effet "Proust"
En effet, Marcel Proust nous a appris qu'une simple madeleine peut être bien plus qu'une madeleine.
Vous trouverez
ci-dessous les liens vers les autres billets de ce blog sur le thème de la
réputation. Ce billet est le 10e publié sur ce thème.
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