mardi 7 mai 2013

Etre payé pour maigrir ! Wouhaa !

J'avais montré en 2008 dans un cahier de Perspectives en Agro-alimentaire intitulé « Obésité : vers un système de bonus et malus ? » l'intérêt grandissant que les systèmes d'assurances médicales, privées ou publiques, portaient à l'utilisation des incitations économiques pour réduire l'obésité. Ce cahier décrivait plusieurs mécanismes économiques susceptibles d'inciter (certains diraient de forcer) une personne à s'engager dans une démarche de réduction de poids. La prime d'assurance serait modulée en fonction de la corpulence de l'assuré ou bien encore si la personne faisait des exercices physiques pour lutter contre le surpoids ou pour se maintenir en forme la prime serait réduite.

Cette démarche consistait également à ajuster la prime d'assurance d'une personne aux risques qu'elle incorpore dans le système de santé. Plus importants et plus nombreux sont les facteurs de risques, plus importante sera la prime d'assurance. De cette approche on excluait les facteurs exogènes de risques, c'est-à-dire ceux que la personne ne maîtrise pas, mais pas l'obésité qui est associée à un comportement, volontaire, même s'il est toujours facile à contrôler.

Jeffrey Kullgren et ses collègues ont testé les bénéfices sur la perte de poids de plusieurs programmes fondés sur une incitation économique. Ils ont observé que certains employeurs incitaient financièrement leurs employés en surpoids à perdre du poids avec l'objectif de réduire les primes d'assurance et les absences pour raisons médicales. Cela leur permettait de réaliser des économies, dans la mesure où les dépenses associées aux incitations étaient inférieures aux surprimes d'assurance et aux coûts des absences pour maladie. Ces chercheurs se sont demandé laquelle de deux formes d'incitation était la plus performante. Les incitations financières semblent, a priori, plus intéressantes parce qu'elles récompensent rapidement la perte de poids que celles qui proposent des gains plus lointains et incertains (comme vieillir en bonne santé).

Les chercheurs ont testé deux schémas d'incitation entre eux et par rapport à un groupe contrôle dont les membres ne recevaient que des indications, comme toutes les autres personnes, sur les méthodes pour réduire leur poids. Les objectifs étaient de perdre 4 livres par mois, sur une période de 24 mois. Selon le premier schéma, une personne gagnait 100 $ si elle avait atteint ou dépassé les objectifs. Dans le second schéma, des équipes de 5 personnes ont été formées. Une somme de 500 $ était distribuée entre tous les membres du groupe qui avait atteint l'objectif. Ainsi une personne pouvait, si elle atteignait l'objectif, obtenir entre 100 $ (si les membres du groupe atteignaient les objectifs) et 500 $ (si une seule personne atteignait les objectifs) par mois. Ce schéma offre une incitation potentiellement supérieure et aléatoire par rapport au schéma de base. Un second aspect à prendre en considération est la possibilité de gagner tous les mois (pendant la durée de l'expérience), même si la performance du mois précédent a été insuffisante.

Les personnes associées en groupe ont perdu, sur la période de 24 semaines, plus de poids que les personnes qui n'avaient pas d'incitation (+ 10 livres) ainsi que de celles qui disposaient d'une incitation individuelle (+ 7 livres).  Pour l'équipe de recherche, ces résultats semblent prometteurs et il pourrait s'avérer moins coûteux pour les entreprises de rétribuer leurs employés à perdre du poids, et plus généralement à adopter des pratiques propices à la santé, que de payer des surprimes d'assurance.

Certains aspects de cette démarche restent encore à élucider. Plus particulièrement, il conviendra de s'intéresser aux effets dans la durée de ces programmes. Est-ce qu'ils permettent d'augmenter le degré de contrôle que les personnes exercent sur leur consommation alimentaire ?

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