lundi 26 janvier 2015

Penser la résilience d'un système agroalimentaire (1) : accepter la pensée complexe

Il y a quelques jours, j'ai écrit un court billet intitulé "Resilience thinking: une compétence  pour les IAA demain." Un lecteur m'a fait part de son désir d'en apprendre plus sur cette méthode de penser. Ce billet est une réponse à cette demande. 

La résilience est l'aptitude d'un système à globalement conserver sa structure et ses fonctions lorsqu'il est soumis à un choc. En quelque sorte, un système est résilient s'il est en mesure d'absorber un choc. Cette propriété est contingente du choc que l'on considère, dans sa nature comme dans son amplitude. 

En premier lieu, penser la résilience d'un système impose d’accepter quelques hypothèses. Par exemple, que le système auquel on s'intéresse est ouvert et donc susceptible d'être affecté par des événements extérieurs. Certains de ceux-ci pourraient perturber son fonctionnement et sa structure. On peut parler ici de dangers. Un champ, une filière ou tous les autres systèmes dans lesquels nous opérerons sont ouverts. 

Penser la résilience c'est s'interroger sur la validité des impacts d'une approche qui cherche à optimiser les performances d'un système, quel que soit le critère de performance que l'on cherche à optimiser. Afin d'optimiser un système productif, le manager fait toujours quelques hypothèses sur des paramètres clés du système. Que les valeurs de ces paramètres s'éloignent des valeurs prises en compte dans la démarche d'optimisation et non seulement la performance du système ne sera plus optimale, mais son fonctionnement pourrait être possiblement mis en danger. La conjonction d'un choix optimal lorsque les paramètres prennent certaines valeurs avec l'éloignement des valeurs réelles des paramètres des valeurs prises en compte pour l'optimisation produit un risque d'effondrement du système. Cette observation est d'un intérêt limité lorsque le manager peut sans cesse adapter ses choix aux conditions de son environnement et s'il possède une information complète et parfaite sur les paramètres de celui-ci. Malheureusement, ces conditions sont rarement réunies. De nombreux choix sont engageants pour l'avenir. L'entreprise ne peut aisément les ajuster à de nouvelles conditions. 

Les exemples de tels effondrements sont nombreux. Dans le domaine des pêches, on a assisté dans le passé à de tels effondrements. Ce fut le cas pour les pêcheries de morue (cabillaud) de l'Atlantique Nord. Avec le désir d'optimiser leur rendement économique, les armateurs ont fait des investissements dans des bateaux de plus grandes capacités ; ceux-ci exigeaient pour être rentables des volumes de pêches plus importants. Malheureusement, ces choix optimaux reposaient sur des hypothèses optimistes par rapport à l'évolution de ressources maritimes que des pêches trop abondantes contribuaient au même moment à affaiblir.

Aujourd'hui, l'halieutique a bien progressé et les professionnels sont en mesure d'éviter de telles erreurs, même si les faits montrent qu'elles ne sont pas encore toujours évitées. Aujourd'hui, le dogme est celui du rendement maximum soutenable. Tous les ans, une pêcherie (un territoire maritime) est susceptible de produire en absence de prélèvements une biomasse dont l'importance est en relation avec sa taille. Les poissons se reproduisent, ils grandissent et certains meurent. Supposons que l'accroissement de la biomasse  (le poids des poissons) soit en une année donnée de 100 tonnes. C'est cette valeur que les pêcheurs pourraient, sous certaines conditions, prélever de manière soutenable. L'écosystème produit 100 tonnes supplémentaires et ces 100 tonnes supplémentaires sont prélevées par l'homme. La situation finale est similaire à la situation initiale. Le stock n’a pas changé. Le système est en équilibre. Pour le gestionnaire d'une telle ressource, la gestion optimale consistera à identifier les conditions sous lesquelles la production naturelle du système est la plus grande et à n'autoriser que des prélèvements d'un montant équivalent. On parle alors de rendement maximum soutenable. De cela découle le choix optimal d'investissement des pêcheurs dans une flottille.

Malheureusement, cette vision idyllique est erronée. En effet, la capacité naturelle de production d'un écosystème, comme la zone de pêche de l'Atlantique Nord est elle même sujette à des chocs externes. L'acidification des eaux océaniques peut perturber l'équilibre alimentaire des poissons. Des modifications des courants océaniques peuvent avoir un effet similaire et réduire de manière drastique, le temps d'une année, la production naturelle de la pêcherie, par exemple de 50%. Il est fort probable que les pêcheurs ne disposant pas de cette information maintiendront leur quota de pêche soutenable. Ils seront donc en situation de surpêche. Le système peut alors être en grand danger. La conjonction d'une altération de l'environnement et d'une décision de gestion inadaptée aux nouvelles conditions, puisque fondée sur une hypothèse erronée de stabilité de l'environnement, l'impossibilité d'observer les nouvelles conditions et la difficulté à ajuster les capacités de la pêche, détermine une zone de danger. Le système naturel va-t-il supporter le double choc ? Cela est fonction de sa résilience propre, mais aussi de de l'information et des décisions futures des pêcheurs. L'ensemble des deux constitue la résilience du système productif. Ce point est particulièrement important. On ne doit pas concevoir la résilience comme la capacité d'un écosystème à absorber les choix causés par des décisions humaines erronées, mais comme la capacité d'un système de nature sociale, technique et économique à absorber les chocs externes, les décisions humaines sont alors une des composantes intrinsèques de la résilience d’un tel système. L’homme est une composante du système naturel. Il est un des ressorts de la résilience du système. 


jeudi 15 janvier 2015

Conférence SAF agr'iDays : Les stratégies gagnantes dans le secteur du lait !



"Lait : opportunités et stratégies gagnantes"

Mercredi 21 janvier 2015
9h30-17h00

Amphithéâtre Bourgogne
8 rue d'Athènes
75009 Paris

EVENEMENT OUVERT A TOUS

En raison du plan Vigipirate, l'inscription est obligatoire
Toute personne non inscrite ne sera pas autorisée à assister à l'événement

La campagne laitière 2014/2015 est la dernière encadrée par le système des quotas de production, mis en place il y a 30 ans dans l’Union européenne (UE). Nous sommes ainsi passés d’un système administré, protégé par divers outils de régulation de la PAC, à un système d’économie de marchés, où le moteur n’est plus l’offre nationale ou européenne, mais la demande, élevée et mature en Europe, et en pleine croissance à l’échelle mondiale.

Quelles sont les stratégies nationales de nos principaux concurrents sur les marchés mondiaux pour répondre à cette demande ?

Quelles sont les atouts et les stratégies de l’industrie laitière française et européenne ?

Quelles sont les options stratégiques dont disposent les exploitations laitières pour maximiser leurs marges, dans des contextes économique et territorial bien spécifiques ?

Ce nouvel agr’iDay intitulé « lait : stratégies et opportunités gagnantes », avec l’ensemble de ses intervenants, apportera des éléments de réponse, en démontrant que la filière française a de nombreux atouts pour relever les défis et saisir les opportunités d’aujourd’hui et de demain !


vendredi 9 janvier 2015

Resilience Thinking : Une compétence pour les IAA de demain ?

Ces derniers jours ont été particulièrement intenses et riches à l'ESSEC, La Digital Week des MS Spécialisés (#essecDWC) et l'ImaginationWeek (@ImaginationWeek)  de la Grande École. Au cours de semaine, plusieurs professeurs de l'ESSEC @essec ont proposé aux étudiants de participer à la co-construction d'un cours. Mon collègue Fabrice Cavaretta (@fcavarretta)a ainsi présenté un de projet de cours sur l'échec et les ressources et stratégies que les managers devront apprendre à développer pour y faire face et en tirer un meilleur parti. Sa thèse est que les activités des managers sont (et seront probablement encore plus demain) mises en échec fréquemment. Pour surmonter ces échecs individuels ou collectifs, entreprises et managers devront puiser dans leurs ressources personnelles. 

L'événement tragique de la tuerie de Charlie Hebdo ne fait que donner un relief supplémentaire à la présentation de Fabrice. Il démontre que la société tout entière, au-delà de la France, est aussi soumise à ces tragiques phénomènes et doit apprendre à vivre avec.

J'ai depuis plusieurs mois acquis la conviction que le secteur agricole, et les filières alimentaires qui dépendent de la production agricole seront soumises à des événements dramatiques d'origine climatique. Je pressens qu'ils seront d'une grande ampleur et sont susceptibles de modifier profondément les sociétés. Rappelons-nous qu'il y a quelques années le prix Nobel de la Paix a été attribué au GIEC.

Je voudrais ici suggérer quelques lectures pour nous donner à penser et à nous préparer à ces challenges futurs.






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