La bioéconomie pourrait nous guider en cette période de crise sanitaire. La bioéconomie est une discipline de l’économie qui s’intéresse à l’interaction entre les phénomènes biologiques et l’économie. Elle est particulièrement utile lorsque la santé de l’économie dépend d’un système biologique ou en ce qui concerne l’actualité un phénomène épidémique.
L’un des systèmes auquel la bioéconomie s’attaque est celui de l’exploitation des ressources naturelles, par exemple celui des ressources halieutiques. Le système économique impliqué dans ce modèle est le secteur de la pêche et le système biologique est celui de la population de poissons d’une zone halieutique. La population de poissons se développe à un rythme qui dépend des conditions naturelles de la zone halieutique. Ils se reproduisent tout comme une maladie contagieuse diffuse dans une population. Certes, les règles sont différentes. Les pêcheurs interagissent avec l'évolution de cette population en effectuant des prélèvements. Si ceux-ci sont trop importants alors la population sera possible trop petite l’année suivante. Cette décroissance de la population sera problématique pour les pêcheurs qui devront pêcher plus longtemps pour extraire une même quantité de poissons. Leur performance économique sera amoindrie. Pour éviter cela, il est souvent nécessaire de réguler la pêche, par exemple en imposant des quotas. Les bateaux seront par exemple « confinés » dans les ports pendant une période appropriée. Cette période de pêche limitée est utile pour permettre aux pêcheurs de bénéficier d’une population plus grande ultérieurement et donc de conditions de pêches plus propices à la santé économique de la flotte. Cependant, la limitation temporaire des pêches peut être très problématique économiquement pour les pêcheurs dont les revenus sont alors limités. Les entreprises seront possiblement en danger. Un accompagnement financier par les pouvoirs publics est alors nécessaire. Cette situation n’est pas sans rappeler celle que nous rencontrons actuellement.
Dans le cas de la crise sanitaire que nous traversons, le problème est d’une amplitude et d’une complexité plus grande. Cependant, il est d’une nature similaire. D’un côté il y a des interactions entre le développement de l’épidémie et les capacités des services de santé et d’un autre avec les secteurs économiques, lesquelles sont eux-mêmes dans un système d’interactions complexes.
Il est certes particulièrement difficile de représenter les interactions réelles, voire impossible, mais un modèle peut être suffisamment représentatif pour identifier les principes de bonne gestion. Ces règles générales pourraient-elles être suffisantes pour assurer une bonne gestion de la crise ? Je l’ignore ! Cependant, une politique qui ne respecterait pas ces principes serait probablement vouée à l’échec. Où sont nos bioeconomistes ?