lundi 22 décembre 2025

Le point sur l'allergie alimentaire aux Arachides

Les allergies alimentaires sont un problème de santé publique important. D’après le ministère de la Santé, on estimait que 3% de la population souffrait d’une allergie alimentaire évolutive et 8% des enfants une allergie alimentaire. D’après Statista (2025) 6% des Français déclaraient souffrir d’une allergie alimentaire ou d’intolérance alimentaire. Ce chiffre était de 17% aux USA. L’augmentation de la prévalence semble être établie. Et parmi l’une des hypothèses les plus communément mentionnées est celle de la « propreté » excessive. La distribution des allergies dans la population est hétérogène. Des enfants au contact très tôt avec des plantes, de la terre, des animaux de compagnie ou des animaux de fermes semblent constituer un terrain moins propice aux allergies. 

Les arachides sont une source d’allergie alimentaire. Un article publié le 7 novembre 2025 dans JAMA (Journal of the American Medical Association) News par Samantha Anderer. L’auteur indique que l’incidence des allergies aux arachides est en diminution depuis le consensus de 2015. Avant 2008 il était recommandé d’éviter une exposition aux arachides avant l’âge de 3 ans. En 2008, l’Association Américaine de Pédiatrie a révoqué cette recommandation en absence d’évidences scientifiques. Mais, l’association n’a cependant pas recommandé l’introduction des arachides avant 3 ans. En 2015, une étude publiée dans the New England Journal of Medicine a montré les bénéfices d’une introduction précoce et soutenue d’arachide dans l’alimentation. Sur 640 enfants avec un risque élevé de développement d’allergie aux arachides, 320 ont été soumis à une alimentation sans arachides jusqu’à l’âge de 60 mois et les 320 autres ont consommé des arachides. Dès l’introduction dans ce schéma expérimental, la sensibilité des enfants a été testée avec des extraits d’arachide. La prévalence à l’âge de 60 mois était de 13,7 % pour le groupe des enfants non-exposés contre 1,9% pour les enfants qui ont consommé des arachides dans le groupe des enfants avec un résultat négatif au test de sensibilité réalisé lors de l’introduction dans l’expérience (N= 530). Ces chiffres sont respectivement de 35,3% et de 10,6% pour les enfants présentant un résultat positif au test de sensibilité. Dans les deux cas, l’exposition précoce et soutenue a produit un effet positif.

Le Dr Gupta, chercheur au centre de recherche sur les allergies alimentaires et l’asthme de l’école de médecine de l’université Northwestern, émet une hypothèse intéressante. La nature du premier contact avec une protéine pourrait jouer un rôle dans le développement ultérieur d’une allergie alimentaire. Si le contact avec une protéine alimentaire est réalisé par une voie autre que le système digestif (par exemple la peau), il est possible que la protéine soit considérée par le corps comme le signal d’un danger. Cela expliquerait pourquoi les enfants souffrant d’eczéma, dont la barrière cutanée est faible, sont plus sensibles aux allergies d’origine alimentaire. Mais, se pose alors de savoir comment le contact cutanée pourrait avoir lieu avec les protéines des arachides. Certains produits cosmétiques et les produits de soins contiennent des huiles d’arachide, lesquelles rendent, paraît-il, la peau plus lisse et plus souple. Affaire à suivre. 
   



 

mardi 9 septembre 2025

Insectes ravageurs: un changement de paradigme de la protection des plantes ? Vrai ou faux ? à Creuser !

Je ne suis pas agronome ou agriculteur. Ma capacité d'appréciation est donc limitée lorsqu'il s'agit de porter un jugement sur des faits scientifiques ou énoncés comme tels. Dans mon esprit, et jusqu'à présent, les insectes s'attaquent à une culture, quelle que soit la santé des plantes. Disons que j'imaginais que les insectes avaient même tendance à se repaître sur des plantes plutôt appétissantes et donc en bonne santé, gorgées de nutriments. Certes, en arboriculture, l'effet des ravageurs sera d'autant plus important sur l'arbre que celui-ci présente des fragilités. Mais, il s'agit de l'effet. L'attaque nécessitait donc d'appliquer des traitements pour protéger les plantes des insectes ravageurs. Plusieurs stratégies sont mises à la disposition des agriculteurs pour protéger leurs cultures des insectes ravageurs comme les insecticides, les prédateurs des ravageurs ou équivalents (lutte biologique) ou bien encore des substances produisant une confusion sexuelle. Dans le domaine de la lutte contre les moustiques, susceptibles de transmettre à l'homme des maladies graves, d'autres méthodes sont employées. 


Dans mon esprit, tout cela faisait sens. Mais je suis tombé, par hasard, sur une histoire différente qui me semble constituer, pour partie, un changement de paradigme. Les laboratoires Dykstra (le Dr Thomas Dykstra est entomologiste de formation avec un doctorat de l'université de Floride) mettent en avant, ce que faute d'autres supports scientifiques je qualifie d'hypothèse, l'idée selon laquelle seules les plantes en mauvaise santé sont attaquées par des insectes ravageurs. Comment peut-on savoir si une plante est en bonne santé? Une analyse de la sève ou bien une mesure du Brix des feuilles permet d'apprécier la santé d'une plante, au moins partiellement. Un réfractomètre d'une trentaine d'euros permet de mesurer le Brix des feuilles qui est, en grande partie, de l'appréciation de la teneur en sucre dans les feuilles. Le sucre est produit par la photosynthèse. La teneur en sucre permet donc d'apprécier le fonctionnement de la photosynthèse d’une plante. Un Brix est équivalent à 1 g de sucre pour 100 g de solution.


Revenons aux insectes. Le Dr Thomas Dykstra observe que les plantes dont le Brix est supérieur à 12 ne sont pas les cibles des ravageurs. Selon les familles d'insectes, les attaques vont dépendre du niveau du Brix. Les insectes de la famille des sauterelles et des criquets s'attaquent aux plantes dont le Brix se situe entre 10 et 12. Les coléoptères et les lépidoptères ne s'attaquent pas aux plantes avec des valeurs supérieures à 9 ou à 11 (selon les familles d'insectes). Les cicadelles, les thrips et les autres insectes suceurs perdent un intérêt pour les plantes dont les valeurs sont au-dessus 7-9. Et pour les pucerons et ceux de la famille des Coccidés, ils opèrent pour des valeurs encore plus faibles.  Le Dr Tom Dykstra indique que les insectes sont un très bon indicateur du niveau du Brix et réciproquement.


Et alors? Il faut bien traiter! Et bien, peut-être pas! Pour protéger les plantes des insectes ravageurs, il serait suffisant de faire passer le taux de sucre au-dessus de 12 Brix. Et pour cela, il est nécessaire de se demander pourquoi il est parfois inférieur à 12. Pour le Dr Tom Dykstra, la cause principale est une forme de déficience des sols en certains minéraux. En supplémentant les sols avec différentes solutions, et par triangulation, il serait possible de déterminer lesquels des minéraux sont déficitaires. Une analyse de la sève pourrait guider les pas de ceux qui chercheraient à identifier les minéraux déficients dans le sol. 


Les travaux du Dr Tom Dykstra laissent penser qu'il serait envisageable d'envisager de substituer les insecticides par une supplémentation sélective des sols. L'hypothèse du Dr Tom Dykstra n'est pas invraisemblable. De nombreux travaux montrent que les plantes développent des systèmes de défense efficaces pour parer aux attaques des insectes. Certaines protéines semblent jouer un rôle dans les mécanismes de défense. Les déficiences minérales, des sols et par effet ricochet celles des plantes, pourraient affecter la production de ces protéines, mais également la photosynthèse et donc le taux de Brix. La faiblesse en sucre de la plante n'est donc probablement la raison pour laquelle les insectes s'attaquent aux plantes, mais un des signes du dysfonctionnement d'un ou de plusieurs cycles physiologiques des plantes, celui de la production de sucres, de protéines ou bien encore d’autres types de molécules. Certaines de ces molécules semblent jouer un rôle dans la protection des plantes contre les insectes. Elles peuvent être toxiques pour les insectes ou être simplement repoussantes. La recherche sur la biochimie de la production de ces molécules dans les plantes est encore limitée. Si l’on procède par analogie et si l’on considère donc la production par les plantes de molécules agissant sur la santé humaine, comme le lycopène des tomates, l’hypothèse d’une relation entre la santé des plantes et le taux de molécules insecticides ou repoussantes pour les insectes n’est plus totalement farfelue.


Est-il moins coûteux de supplémenter un sol que d'appliquer des insecticides? À creuser! 


Pour en savoir plus:



Lire aussi: 
Plant Insecticidal Toxins in Ecological Networks
Sébastien Ibanez 1, Christiane Gallet 2, Laurence Després 3,*




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