Quel
est le degré de vérité de l'adage « nous mangeons avec nos yeux » ? Il est vrai
que nous hésitons à consommer un produit alimentaire s'il ne semble pas très
appétissant. C'est un fait que nous rappelle Jeanine F. Delwiche dans un article
publié en 2012 dans le journal Physiology and Behavior sur les effets visuels et
la gustation. Mais le fait le plus intéressant est que l'information visuelle
affecte notre perception gustative ou olfactive ! Les sens interagissent entre
eux. Si nous ne mangeons pas avec les yeux, ils jouent un rôle dans notre appréciation d'un mets.
Dans
un article de 2004 et intitulé « The impact of perceptual interactions on
perceived flavor », le même auteur présente une carte des interactions entre les
différents sens (ci-contre).
Les
interactions perceptuelles expliquent cet effet psychologique. De quoi s'agit-il
? La perception d'un stimulus, par exemple visuel, dépend de notre
interprétation du signal que le stimulus transporte. Nous savons par ailleurs
que le processus d'interprétation est adossé à la recherche d'une cohérence.
Autrement dit, notre cerveau cherche à donner sens à une information.
L'interprétation du stimulus se fait par l'intermédiaire de nos références
autobiographiques, c'est-à-dire la mémoire d'associations d'indices.
Par
exemple, notre histoire alimentaire peut nous apprendre qu'une fraise bien mure
est, en général, à la fois d'un rouge foncé et très sucré. Cette histoire
personnelle forme un triplet {fraise, sucré, rouge foncé} qui sert de référence
lors de nouvelles expériences alimentaires.
Imaginez
maintenant que l'on vous propose deux yogourts aux fraises, également sucrés,
mais dont la couleur diffère par l'intensité de la couleur rouge (rouge pâle /
rouge foncé). Il est très probable que le plus coloré des deux vous donnera
l'impression d'être plus sucré que l'autre. C'est un fait qu'un groupe
d'étudiants de l'ESSEC a mis en évidence à l'occasion
d'un cours de sciences cognitives.
On peut probablement utiliser cet effet pendant une certaine période. Cependant, comme il est fondé sur des références autobiographiques, si celles-ci sont mises à jour au fur et à mesure que l'on consomme un produit l'effet associatif initial va probablement s'atténuer. Cet effet devait inciter les producteurs à être vigilants dans la conduite des tests organoleptiques.
On peut probablement utiliser cet effet pendant une certaine période. Cependant, comme il est fondé sur des références autobiographiques, si celles-ci sont mises à jour au fur et à mesure que l'on consomme un produit l'effet associatif initial va probablement s'atténuer. Cet effet devait inciter les producteurs à être vigilants dans la conduite des tests organoleptiques.
Les cahiers de la série PyschoFood mettent en relation l'alimentation et la psychologie.
- PsychoFood 0 : Sommes-nous ce que nous mangeons ? Le cas du bio.
- PsychoFood 1 : Estimer le nombre des calories - L'effet salade verte
- PsychoFood 2 : Alimentation est agressivité (sommes-nous ce que nous mangeons)
- PsychoFood 3 : Manger des fruits pour être heureux
- PsychoFood 4 : Nous sommes comme nous mangeons !
- PsychoFood 5 : Dépendance .... au chocolat ?
- PsychoFood 6 : Métaphores alimentaires : La viande symbole de virilité!
- PsychoFood 7 : Nous mangeons aussi avec les yeux !
- PsychoFood 8 : La force (de l'autosuggestion) du BIO ?
- PschoFood 9 : Autosuggestions alcoolisées ! Un (ig) Nobel pour les IAA !
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