Souvent,
on utilise les termes de coopération, de collaboration ou bien encore, mais dans une moindre
mesure, celui de coordination comme des synonymes. On entend parler de
coopération agricole, d'économie collaborative, etc. Ça et là, on découvre des propos qui me semble étranges : pour sortir d'un conflit il faut coopérer pour passer en mode win-win ! En fait, chacun de ces mots
possède un sens différent et la théorie des jeux peut apporter un éclairage plus
précis et contrasté sur chacun d'eux. Ce premier billet est consacré à la coopération.
La théorie des jeux est une branche de l'économie (ou des mathématiques) qui s'intéresse aux interactions entre des agents. Ces derniers sont intéressés à produire pour un bénéfice de nature économique, sociale ou éthique. Plus simplement, ils peuvent rechercher le gain (l'absence de perte), le bien-être collectif ou bien s'engager dans une action parce qu'ils considèrent qu'elle est intrinsèquement bonne. Considérons une interaction de nature économique entre deux agents uniquement, A et B. Le lecteur pourra généraliser à un plus grand nombre d'agents et à d'autres types d'interaction.
La coopération est un d'abord un contexte. On peut parler de contexte de coopération lorsque l'agent B tire un bénéfice si l'agent A augmente l'intensité d'une action et réciproquement. Par exemple, si A décide d'investir dans une technologie moins polluante, alors l'entreprise B bénéficie également de cet investissement (la pollution affecte négativement les deux entreprises). La situation réciproque est également valide : l'entreprise a bénéficié d'un investissement dans une technologie moins polluante réalisé par l'entreprise B. On oppose les situations de coopération aux situations de conflit. Dans ce cas, si A augmente l'intensité d'une action (dont il pourrait tirer un bénéfice direct comme l'intensité publicitaire) alors l'entreprise B est perdante et réciproquement. Certains instruments stratégiques sont donc coopératifs, comme un investissement dans une technologie moins polluante, et d'autres sont conflictuels, comme l'intensité de la publicité ou le niveau de prix. Ainsi selon les instruments que l'on s'apprête à utiliser, la relation entre deux entreprises sera plutôt qualifiée coopérative ou plutôt conflictuelle.
Si A tire un bénéfice de l'intensification d'une action de B et réciproquement, on peut également se demander si A et B ont intérêt unilatéralement à intensifier leur action. Le contexte est coopératif, mais les entreprises ont-elles vraiment un intérêt à coopérer ? La réponse à cette question n'est pas toujours positive. Pour savoir si deux entités vont effectivement coopérer dans une situation de coopération, on doit explorer plus en détail la nature de l'interaction. Cela consiste à distinguer entre des interactions où la complémentarité joue un rôle prédominant de celles où la substitution joue un rôle prédominant. Le cas d'un investissement dans une technologie qui réduit la pollution permet d'illustrer les deux situations.
Considérons en premier lieu le cas de la substitution. On pourra parler de substitution si à l'investissement de A on peut substituer l'investissement de B et réciproquement. C'est le cas par exemple, si les deux entreprises sont susceptibles de polluer une rivière avec un même polluant. Une taxe s'abattra sur les deux entreprises si la pollution de la rivière atteint un certain seuil (inférieur à la pollution actuelle, mais supérieur à la pollution de chacune des entreprises). Nous sommes typiquement dans une situation de coopération. Si A abaisse son niveau de pollution par l'investissement, B en tirera un bénéfice. Et réciproquement. Mais c'est également une situation de substitution. Si A réalise l'investissement, B n'a pas besoin d'investir. La réciproque est également vraie. Ce que A apporte à la résolution du problème qui affecte A et B est équivalent de ce que B apporte à la résolution du problème. C'est pour cela que l'on peut parler de substitution.
Considérons maintenant le cas de la complémentarité. Supposons que les pollutions des deux entreprises soient de nature différente et qu'elles interagissent au détriment de la nature. Le législateur imposera une taxe si la nature est dégradée. Nous sommes typiquement dans une situation de coopération. Si A abaisse son niveau de pollution par l'investissement, B en tirera un bénéfice. Et réciproquement. Mais c'est également une situation de complémentarité. Si A réalise l'investissement, B aura toujours besoin d'investir et réciproquement.
Dans le cas de la substitution, A préférera que B investisse pour abaisser la pollution qui les affecte conjointement (et réciproquement). Il est probable que ni A ni B ne réaliseront l'investissement. On parle du problème du passager clandestin. Dans le cas de la complémentarité, A et B doivent investir. Ils n'ont pas d'autres choix. Ils devront coopérer. Un contexte coopératif ne conduit donc pas toujours à un comportement de coopération. La coopération est obtenue dans un contexte CC (coopératif et complémentaire), mais elle ne l'est pas toujours dans un contexte CS (coopératif et substituable).
Comment éviter le problème du passager clandestin et coopérer dans un contexte de type CS ? Il faut dans ce cas-là altérer la structure des interactions entre les deux entreprises. Un des moyens consiste à introduire un troisième acteur qui devra s'assurer qu'aucun passager ne voyage sans avoir payé sa place et qui le cas échéant sanctionnera durement celui qui ne respecterait pas les règles imposées à tous les agents.
Les situations de coopération ne sont pas réservées aux entreprises (ou aux problèmes de pollution). En tant que citoyens nous partageons avec les autres citoyens des biens collectifs (je préfère le terme de collectif au terme public). C'est par exemple le cas pour le système de santé, qui privé ou public, est un bien dont les bénéfices sont partagés par tous les adhérents. Les contributions d'un citoyen bénéficient à tous les autres citoyens. Mais l'existence de passagers clandestins en trop grand nombre peut mettre en danger l'existence du système collectif.
La théorie des jeux est une branche de l'économie (ou des mathématiques) qui s'intéresse aux interactions entre des agents. Ces derniers sont intéressés à produire pour un bénéfice de nature économique, sociale ou éthique. Plus simplement, ils peuvent rechercher le gain (l'absence de perte), le bien-être collectif ou bien s'engager dans une action parce qu'ils considèrent qu'elle est intrinsèquement bonne. Considérons une interaction de nature économique entre deux agents uniquement, A et B. Le lecteur pourra généraliser à un plus grand nombre d'agents et à d'autres types d'interaction.
La coopération est un d'abord un contexte. On peut parler de contexte de coopération lorsque l'agent B tire un bénéfice si l'agent A augmente l'intensité d'une action et réciproquement. Par exemple, si A décide d'investir dans une technologie moins polluante, alors l'entreprise B bénéficie également de cet investissement (la pollution affecte négativement les deux entreprises). La situation réciproque est également valide : l'entreprise a bénéficié d'un investissement dans une technologie moins polluante réalisé par l'entreprise B. On oppose les situations de coopération aux situations de conflit. Dans ce cas, si A augmente l'intensité d'une action (dont il pourrait tirer un bénéfice direct comme l'intensité publicitaire) alors l'entreprise B est perdante et réciproquement. Certains instruments stratégiques sont donc coopératifs, comme un investissement dans une technologie moins polluante, et d'autres sont conflictuels, comme l'intensité de la publicité ou le niveau de prix. Ainsi selon les instruments que l'on s'apprête à utiliser, la relation entre deux entreprises sera plutôt qualifiée coopérative ou plutôt conflictuelle.
Si A tire un bénéfice de l'intensification d'une action de B et réciproquement, on peut également se demander si A et B ont intérêt unilatéralement à intensifier leur action. Le contexte est coopératif, mais les entreprises ont-elles vraiment un intérêt à coopérer ? La réponse à cette question n'est pas toujours positive. Pour savoir si deux entités vont effectivement coopérer dans une situation de coopération, on doit explorer plus en détail la nature de l'interaction. Cela consiste à distinguer entre des interactions où la complémentarité joue un rôle prédominant de celles où la substitution joue un rôle prédominant. Le cas d'un investissement dans une technologie qui réduit la pollution permet d'illustrer les deux situations.
Considérons en premier lieu le cas de la substitution. On pourra parler de substitution si à l'investissement de A on peut substituer l'investissement de B et réciproquement. C'est le cas par exemple, si les deux entreprises sont susceptibles de polluer une rivière avec un même polluant. Une taxe s'abattra sur les deux entreprises si la pollution de la rivière atteint un certain seuil (inférieur à la pollution actuelle, mais supérieur à la pollution de chacune des entreprises). Nous sommes typiquement dans une situation de coopération. Si A abaisse son niveau de pollution par l'investissement, B en tirera un bénéfice. Et réciproquement. Mais c'est également une situation de substitution. Si A réalise l'investissement, B n'a pas besoin d'investir. La réciproque est également vraie. Ce que A apporte à la résolution du problème qui affecte A et B est équivalent de ce que B apporte à la résolution du problème. C'est pour cela que l'on peut parler de substitution.
Considérons maintenant le cas de la complémentarité. Supposons que les pollutions des deux entreprises soient de nature différente et qu'elles interagissent au détriment de la nature. Le législateur imposera une taxe si la nature est dégradée. Nous sommes typiquement dans une situation de coopération. Si A abaisse son niveau de pollution par l'investissement, B en tirera un bénéfice. Et réciproquement. Mais c'est également une situation de complémentarité. Si A réalise l'investissement, B aura toujours besoin d'investir et réciproquement.
Dans le cas de la substitution, A préférera que B investisse pour abaisser la pollution qui les affecte conjointement (et réciproquement). Il est probable que ni A ni B ne réaliseront l'investissement. On parle du problème du passager clandestin. Dans le cas de la complémentarité, A et B doivent investir. Ils n'ont pas d'autres choix. Ils devront coopérer. Un contexte coopératif ne conduit donc pas toujours à un comportement de coopération. La coopération est obtenue dans un contexte CC (coopératif et complémentaire), mais elle ne l'est pas toujours dans un contexte CS (coopératif et substituable).
Comment éviter le problème du passager clandestin et coopérer dans un contexte de type CS ? Il faut dans ce cas-là altérer la structure des interactions entre les deux entreprises. Un des moyens consiste à introduire un troisième acteur qui devra s'assurer qu'aucun passager ne voyage sans avoir payé sa place et qui le cas échéant sanctionnera durement celui qui ne respecterait pas les règles imposées à tous les agents.
Les situations de coopération ne sont pas réservées aux entreprises (ou aux problèmes de pollution). En tant que citoyens nous partageons avec les autres citoyens des biens collectifs (je préfère le terme de collectif au terme public). C'est par exemple le cas pour le système de santé, qui privé ou public, est un bien dont les bénéfices sont partagés par tous les adhérents. Les contributions d'un citoyen bénéficient à tous les autres citoyens. Mais l'existence de passagers clandestins en trop grand nombre peut mettre en danger l'existence du système collectif.
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