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samedi 8 juillet 2017

Approvisionnements : anticiper les transformations stratégiques !

Le monde change, les technologies le transforment. Des positions, autrefois bien établies, sont susceptibles demain de vaciller. Les startups participent de ce phénomène. Le secteur agricole n'est pas épargné. C'est plus particulièrement le cas des relations privilégiées que les agriculteurs entretenaient avec la division approvisionnement de leur coopérative. Celle-ci représente d'ailleurs souvent un élément essentiel de l'équilibre économique d'une coopérative. Ses conseillers recommandaient aux adhérents des solutions à leurs problématiques et ceux-ci s'y approvisionnaient en semences, engrais, produits phytosanitaires, etc. Donnant-donnant ! 

Cette relation est aujourd'hui challengée. Lors d’une discussion récente sur les transformations en mouvement dans le secteur agricole, une de mes connaissances évoquait la montée en puissance dans les services d’acteurs déjà présents de longue date dans l’écosystème de l’exploitation. Il a mentionné le semencier DEKALB. Cette entreprise se propose d'apporter à ses clients agriculteurs des conseils personnalisés dans le choix de leurs semences, par exemple de maïs, une spécialité de la maison avec le colza! Il est vrai que leur offre est large -- j'ai dénombré 45 possibilités d'achat de maïs grain dans leur catalogue. pour satisfaire à des conditions pédo-climatiques variées. Les entreprises comme DEKALB nourrissent leur expertise de milliers de données de terrain qu'elles accumulent auprès de leurs clients et des techniques analytiques modernes. Elles permettent d'interpréter les données afin ensuite de mieux accompagner tous leurs clients quelque soit leur localisation géographique par une prescription adaptée. DEKALB avec DK PREVI accompagne ainsi ses clients tout au long du cycle de production : sélection de la variété, moment idéal pour semer, l'irrigation et le moment optimum de la récolte. 

Les coopératives sont à la peine lorsqu'il s'agit de mettre en œuvre les techniques du BigData et, sauf à s'associer entre elles, elles ne disposeront probablement pas du volume et surtout de la variété de données suffisant pour assurer la même qualité de conseil que celle d'un grand producteur de semence  international. La proximité géographique, par une connaissance supérieure du terrain, était souvent perçue comme une source d'avantage concurrentiel. Mais le BigData déplace aujourd'hui les lignes. Les coopératives réalisent souvent des essais de terrain avant de proposer les semences des obtenteurs à leurs adhérents. Ces essais sont réalisés dans le périmètre de la coopérative, dans son terroir pédoclimatique. Mais ce concept a-t-il encore une valeur, si l'on considère les incertitudes imputables au changement climatique. Une zone large pour conduire les essais sera demain un plus. Un obtenteur comme DEKALB peut réaliser ses tests sur un espace étendu. Par exemple, son maïs fourrage DKC 3640 a été testé en Bretagne, dans le nord de la France, mais aussi en Allemagne. Il peut ainsi apprécier la réaction de son maïs lorsqu'il est soumis à des situations nombreuses et variées.

Voir la vidéo ci-dessous.


Je m'interroge sur l'intérêt, avec le changement climatique, à chercher à sélectionner la variété qui donnera en moyenne le meilleur résultat plutôt que la variété qui garantira un rendement agricole, quelles que soient les conditions météorologiques. La résilience (la fiabilité) d'une semence me semble un critère de choix de plus en plus important lorsqu'une exploitation est soumise aux incertitudes du climat.

Si les positions des coopératives sont challengées dans le domaine du conseil aux  agriculteurs par les semenciers, ce n'est pas pour autant qu'elles ne pourraient pas jouer un rôle dans la distribution physique des intrants. Mais là aussi leurs positions sont attaquées par des plateformes en ligne de distributeurs. Elles se retrouvent dans la même situation que celle des libraires, petits ou grands, il y a quelques années, lorsque Amazon a fait son apparition. Les seules librairies de l'ancienne économie qui se sont développées sont celles qui ont joué le jeu du commerce en ligne. Il existe bien ça et là des petites librairies de quartier, mais pour combien de temps encore ! Ces distributeurs modernes n'ont même plus besoin d'acheter les produits qu'ils distribuent. Ils servent de vitrine et de logisticiens aux fournisseurs moyennant une commission ou le paiement d'une prestation. On parle de Market place. Le risque de mévente n'est donc pas un problème pour ses sociétés puisqu'elles ne sont pas propriétaires des produits qu'elles commercialisent. Elles peuvent ainsi proposer une offre très large de produits.

Si l'on combine les deux points de mon propos, conseils optimisés et distribution en ligne, le challenge auquel les coopératives seront confrontées est immense. Mais, comment réagir ? Voici un des sujets stratégiques que nous traitons dans les programmes de formation que l'Essec met en œuvre avec l'institut de la Coopération agricole, Coop de France et Dirca pour les dirigeants (Aristée) ou les administrateurs de coopératives agricoles (Sénèque). La prochaine session d’Aristée débutera en Janvier 2017. 


Excellente période estivale.

mardi 5 novembre 2013

Une (petite) théorie de la Coopération !

Souvent, on utilise les termes de coopération, de collaboration ou bien encore, mais dans une moindre mesure, celui de coordination comme des synonymes. On entend parler de coopération agricole, d'économie collaborative, etc. Ça et là, on découvre des propos qui me semble étranges : pour sortir d'un conflit il faut coopérer pour passer en mode win-win ! En fait, chacun de ces mots possède un sens différent et la théorie des jeux peut apporter un éclairage plus précis et contrasté sur chacun d'eux. Ce premier billet est consacré à la coopération.

La théorie des jeux est une branche de l'économie (ou des mathématiques) qui s'intéresse aux interactions entre des agents. Ces derniers sont intéressés à produire pour un bénéfice de nature économique, sociale ou éthique. Plus simplement, ils peuvent rechercher le gain (l'absence de perte), le bien-être collectif ou bien s'engager dans une action parce qu'ils considèrent qu'elle est intrinsèquement bonne. Considérons une interaction de nature économique entre deux agents uniquement, A et B. Le lecteur pourra généraliser à un plus grand nombre d'agents et à d'autres types d'interaction.

La coopération est un d'abord un contexte. On peut parler de contexte de coopération lorsque l'agent B tire un bénéfice si l'agent A augmente l'intensité d'une action et réciproquement. Par exemple, si A décide d'investir dans une technologie moins polluante, alors l'entreprise B bénéficie également de cet investissement (la pollution affecte négativement les deux entreprises). La situation réciproque est également valide : l'entreprise a bénéficié d'un investissement dans une technologie moins polluante réalisé par l'entreprise B. On oppose les situations de coopération aux situations de conflit. Dans ce cas, si A augmente l'intensité d'une action (dont il pourrait tirer un bénéfice direct comme l'intensité publicitaire) alors l'entreprise B est perdante et réciproquement. Certains instruments stratégiques sont donc coopératifs, comme un investissement dans une technologie moins polluante, et d'autres sont conflictuels, comme l'intensité de la publicité ou le niveau de prix. Ainsi selon les instruments que l'on s'apprête à utiliser, la relation entre deux entreprises sera plutôt qualifiée coopérative ou plutôt conflictuelle.

Si A tire un bénéfice de l'intensification d'une action de B et réciproquement, on peut également se demander si A et B ont intérêt unilatéralement à intensifier leur action. Le contexte est coopératif, mais les entreprises ont-elles vraiment un intérêt à coopérer ? La réponse à cette question n'est pas toujours positive. Pour savoir si deux entités vont effectivement coopérer dans une situation de coopération, on doit explorer plus en détail la nature de l'interaction. Cela consiste à distinguer entre des interactions où la complémentarité joue un rôle prédominant de celles où la substitution joue un rôle prédominant. Le cas d'un investissement dans une technologie qui réduit la pollution permet d'illustrer les deux situations.

Considérons en premier lieu le cas de la substitution. On pourra parler de substitution si à l'investissement de A on peut substituer l'investissement de B et réciproquement. C'est le cas par exemple, si les deux entreprises sont susceptibles de polluer une rivière avec un même polluant. Une taxe s'abattra sur les deux entreprises si la pollution de la rivière atteint un certain seuil (inférieur à la pollution actuelle, mais supérieur à la pollution de chacune des entreprises). Nous sommes typiquement dans une situation de coopération. Si A abaisse son niveau de pollution par l'investissement, B en tirera un bénéfice. Et réciproquement. Mais c'est également une situation de substitution. Si A réalise l'investissement, B n'a pas besoin d'investir. La réciproque est également vraie. Ce que A apporte à la résolution du problème qui affecte A et B est équivalent de ce que B apporte à la résolution du problème. C'est pour cela que l'on peut parler de substitution.

Considérons maintenant le cas de la complémentarité. Supposons que les pollutions des deux entreprises soient de nature différente et qu'elles interagissent au détriment de la nature. Le législateur imposera une taxe si la nature est dégradée. Nous sommes typiquement dans une situation de coopération. Si A abaisse son niveau de pollution par l'investissement, B en tirera un bénéfice. Et réciproquement. Mais c'est également une situation de complémentarité. Si A réalise l'investissement, B aura toujours besoin d'investir et réciproquement.

Dans le cas de la substitution, A préférera que B investisse pour abaisser la pollution qui les affecte conjointement (et réciproquement). Il est probable que ni A ni B ne réaliseront l'investissement. On parle du problème du passager clandestin. Dans le cas de la complémentarité, A et B doivent investir. Ils n'ont pas d'autres choix. Ils devront coopérer. Un contexte coopératif ne conduit donc pas toujours à un comportement de coopération. La coopération est obtenue dans un contexte CC (coopératif et complémentaire), mais elle ne l'est pas toujours dans un contexte CS (coopératif et substituable).

Comment éviter le problème du passager clandestin et coopérer dans un contexte de type CS ? Il faut dans ce cas-là altérer la structure des interactions entre les deux entreprises. Un des moyens consiste à introduire un troisième acteur qui devra s'assurer qu'aucun passager ne voyage sans avoir payé sa place et qui le cas échéant sanctionnera durement celui qui ne respecterait pas les règles imposées à tous les agents.

Les situations de coopération ne sont pas réservées aux entreprises (ou aux problèmes de pollution). En tant que citoyens nous partageons avec les autres citoyens des biens collectifs (je préfère le terme de collectif au terme public). C'est par exemple le cas pour le système de santé, qui privé ou public, est un bien dont les bénéfices sont partagés par tous les adhérents. Les contributions d'un citoyen bénéficient à tous les autres citoyens. Mais l'existence de passagers clandestins en trop grand nombre peut mettre en danger l'existence du système collectif.



     

  

mardi 13 novembre 2012

Lijjat : une coopérative de travailleurs de plus de 40000 membres

On avait entendu parler, dans les nouvelles, de groupes de retraitées françaises qui avaient décidé de se lancer dans la production à la maison de vêtements (voir par exemple ce lien). L'exemple de la coopérative Indienne Lijjat donne une idée de ce que l'on peut réaliser avec une production distribuée dans le domaine agroalimentaire. 40 000 femmes et adhérentes de la coopérative  fabriquent chez elles des galettes. Certaines fonctions de la chaîne de production sont centralisées, alors que d'autres sont réalisées à domicile. Un modèle intéressant !  Encore une fois on peut mesurer l'effet des foules !


J'avais en octobre 2011 publié un billet sur le Crowdfunding en agriculture et plus récemment deux billets sur le même sujet : l'initiative Vigie-flore du Muséum National d'Histoire Naturelle qui utilise des centaines de botanistes amateurs pour recenser la flore commune de la France et le site communautaire Zagaz qui propose à tous les internautes de précieux indicateurs sur le prix des carburants dans un grand nombre de stations-service de nos régions. Les utilisateurs mettent à jour les informations. Actuellement, 52 000 prix de 13 400 stations-services sont mis à jour par plusieurs milliers de membres actifs.


Voir quelques vidéos sur la coopératives Lijjat. (lien vers un site sur le modèle Lijjat - En anglais)







vendredi 24 août 2012

Colloque International sur la diversité et la durabilité des modèles agricoles coopératifs

L'ESSEC, La Société Française d'économie rurale (SFER), Coop de France, l'INRA et Bordeaux Sciences Agro organisent  un 


Colloque International - Paris - 6 et 7 novembre 2012

Diversité et durabilité des modèles agricoles coopératifs dans un contexte de crises de la mondialisation


Cette année internationale de la Coopération nous invite à réfléchir aux rôles et aux perspectives des entreprises coopératives agricoles. Elles occupent en France et dans de nombreux pays, une position stratégique dans les secteurs de l’agriculture et de l’agroalimentaire. Sont-elles des outils privilégiés pour faire face aux enjeux de sécurité en matière alimentaire et de traçabilité, de concurrence internationale et de développement durable ? 
L’objectif du colloque est de faire le point sur le renouvellement des recherches en économie, gestion, sociologie, géographie ou droit, parfois en collaboration avec des disciplines biotechniques. A côté des thèmes classiques (stratégies, internationalisation, développement local…), le colloque abordera diverses questions dont :
  • Comment les coopératives agricoles abordent-elles les questions de la Responsabilité Sociale des Entreprises et du Développement Durable ?
  •  Comment les coopératives élaborent-elles le conseil agricole et comment le déploient-elles auprès de leurs adhérents?
  • Quels nouveaux modes de gouvernance développent-elles ? Comment s’exerce le pouvoir des adhérents propriétaires dans la gouvernance de leur coopérative ?
  •  Comment les coopératives contribuent-elles à la structuration et au pilotage des filières agroalimentaires ?
  • Quelle est la résilience du modèle coopératif dans un contexte de crise économique et financière mondiale ?
  • Quelles sont les coopérations possibles entre les divers systèmes coopératifs (exemple entre coopération agricole et systèmes de distribution …) et les autres familles coopératives ?
  • Les coopératives agricoles coopérent-elles avec d’autres coopératives non agricoles ? sur quels champs ?
  • Quels rôles peuvent jouer les modèles coopératifs dans la mondialisation ? Existe-t-il un ou des modèles coopératifs agricoles ? Comment concilier l’internationalisation et l’ancrage local ?
  • Quel rôle des coopératives dans la financiarisation de l’agriculture ? accélérateur ou frein ?
  • Quelle est la place des femmes dans la coopération agricole ?
  • Quel rôle jouent les coopératives dans le maintien de l’emploi en milieu rural et le développement des territoires ?

Des ateliers organisés en parallèles autour des thématiques du colloque impliqueront aussi bien les chercheurs que les politiques et les acteurs privés, responsables d’entreprises et d’organismes professionnels. Des tables rondes réuniront chercheurs et professionnels autour de questions centrales du colloque. 


En savoir plus ou s'inscrire 

lundi 27 février 2012

JCCU - Découvrir les coopératives japonaises de consommateurs

JCCU est l'acronyme de Japanese Consumers' Cooperative Union (la fédération des coopératives de consommateurs japonais). Le concept a été inventé autour des années 1920 dans la région de Tokyo. Des consommateurs se sont regroupés pour acheter différents types de produits. Mais c'est dans les années 1960 que les coopératives japonaises d'acheteurs ont véritablement pris leur envol avec deux objectifs : lutter contre l'inflation et pour réduire la place des produits chimiques dans l'alimentation, qu'il s'agisse de pesticides agricoles ou additifs alimentaires. Aujourd'hui, ces coopératives se développent à nouveau. On estime que 30 % des foyers japonais font partie d'une coopérative.

Une coopérative est une entreprise. Elle est la propriété de ses membres. Ceux-ci utilisent par ailleurs ses services. Les coopératives ont un objet précis, mais plus généralement elles ont pour objectif de maximiser le bien-être de leurs membres, économique ou social. Contrairement aux entreprises privées dont la gouvernance est organisée autour de la possession du capital (une action égale un vote), la gouvernance des coopératives est organisée autour de l'individu (une personne égale un vote) indépendamment de l'apport économique de l'individu à la coopérative. Ce n'est pas la seule différence. Les membres des coopératives sont aussi ses clients et les bénéficiaires de ses services. Le surplus économique n'est habituellement pas redistribué, mais il est plutôt investi dans l'amélioration des services.


Au Japon, parmi les 621 coopératives de consommateurs, 158 coopératives ont pour vocation première de servir les foyers par le contrôle de la distribution des produits alimentaires et non alimentaires. Les coopératives de consommateurs emploient plus de 40 000 personnes.


Une des coopératives de consommateurs parmi les plus importantes est le Club des Consommateurs Seikatsu. Elle compte plus de 300 000 membres répartis dans 200 branches localisées dans la presque totalité du pays. Avec un investissement de 240 millions de dollars, elles réalisent des ventes annuelles de plus de 700 millions de dollars. C'est une coopérative engagée pour la santé de l'homme et de l'environnement dont elle tire son nom (Seikatsu = life). Son pouvoir d'achat lui permet d'influencer les pratiques agricoles : pas d'OMG, une utilisation limitée des pesticides, etc.

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