Innovations technologiques, nouvelles tendances, etc. de la fourche à la fourchette ...des idées à cultiver!
Olivier Fourcadet
Professeur à l'ESSEC Business School
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dimanche 23 avril 2017
vendredi 17 juillet 2015
L’économie bleue : Le cas des mangroves
Les dirigeants des entreprises sont maintenant familiers du concept d’économie verte (Green Economy), mais ils méconnaissent le plus souvent l’économie bleue (Blue Economy). La première vise, entre autres, à développer une économie fondée sur les écosystèmes terrestres et en harmonie avec eux, la seconde poursuit les mêmes objectifs, mais avec les écosystèmes maritimes et lacustres. Mon propos, dans ce billet, ne vise pas à dresser une liste des opportunités de l’économie bleue pour les entreprises et les états, mais à illustrer au travers d’un exemple, celui des mangroves, l’importance des écosystèmes maritimes. Alors que nos regards sont souvent dirigés vers les luxuriantes forêts amazonienne, indonésienne ou celles du bassin du Congo, nous méconnaissons les mangroves, un écosystème de marais maritimes des régions tropicales constitués essentiellement de palétuviers. Ces arbustes ne sont pas d’une grande beauté, surtout lorsqu’on les compare aux grands arbres des forêts tropicales. Mais ils sont cependant d’une particulièrement grande efficacité lorsqu’il s’agit de capturer le carbone atmosphérique. Les spécialistes de la séquestration biologique du carbone estiment que les mangroves stockent jusqu’à six fois plus de carbone par km2 et par an que les forêts tropicales (les herbiers marins pourraient stocker jusqu’à 25 fois plus de carbone par Km2 que les forêts tropicales et assurer un stockage pendant plusieurs millénaires).
Crédit NOAA |
Lorsqu’une forêt se dégrade, elle relâche une partie du carbone qu’elle a auparavant séquestré. Les mangroves sont particulièrement vulnérables. Leur taux de disparition annuel est estimé entre 2% et 8% par an. C’est ainsi que la dégradation des mangroves participe à presque 20% aux émissions de CO2 associées à la déforestation. Jusqu’à présent, la cause première de la disparition des mangroves était la crevetticulture. Outre leur grande capacité à séquestrer du CO2, laquelle devrait demain faire d’elles un produit de choix pour les industriels qui souhaitent effacer leur empreinte carbone, elles participent, en autres, également à la protection des littoraux, fournissent du bois et de la nourriture aux populations. Certaines ONG oeuvrent pour les mangroves satisfassent aux Verified Carbon Standards et autres certifications (voir Blue Ventures )
Revenons quelques instants sur la concurrence pour l’espace entre les fermes de crevettes et les mangroves. Dans le passé, les mangroves ont été éliminées pour offrir un espace propice à l’élevage moderne et intensif de crevettes. Les mangroves ont été remplacées par des ensembles d’étangs artificiels. Avec cette forme d’élevage, la nourriture était importée de l’extérieur avec un effet négatif sur la balance commerciale du territoire. Les risques et la gravité des épidémies étaient importants en raison de la forte densité des animaux dans les bassins. Dès le début des années 2000, des expériences d’intégration harmonieuse de l’élevage de la crevette dans l’écosystème des mangroves ont été réalisées. Leurs résultats ont été particulièrement prometteurs. Et vers la fin des années 2000, l’Indonésie a déployé un programme ambitieux de replantation des mangroves en y intégrant des fermes de crevettes. L’intérêt économique de cette association est important puisque la mangrove fournit quasiment la totalité des besoins alimentaires des crevettes, mais également un environnement d’élevage de grande qualité. Ainsi, les risques sanitaires sont substantiellement abaissés. Plusieurs autres types d’élevage peuvent y être conduits, comme celui des crabes qui viennent compléter une partie de la chaine alimentaire, ce qui n’est pas le cas avec l’élevage intensif des crevettes. Les mangroves servent également d’habitat et de lieux de reproduction pour de nombreuses espèces de poissons, des microalgues et des macroalgues, des concombres de mer, des mollusques, etc. chacune d’elle joue un rôle particulier au service de l’ensemble.
A mon sens, le cas des mangroves illustre à merveille combien il est important aujourd’hui d’investir dans la connaissance des écosystèmes maritimes. Les estimations sur la séquestration de CO2 par les mangroves sont très récentes (2011 pour la principale). Il illustre également les possibilités, souvent peu explorées, de tirer un meilleur parti de la biodiversité avec les écosystèmes intégrés, c’est à dire intégrants une composante naturelle, ici la mangrove, avec une composante artificielle, dans ce cas l’élevage de crevettes. Le concept d’écosystème intégré m’apparait comme l’une des possibles avancées majeures. Un tel système combine la production de services écosystémiques avec une production alimentaire de qualité et durable en quantité. L’analyse des systèmes complexes nous invite par ailleurs à penser que la résilience d’un système biologique est en proportion de la richesse de sa biodiversité.
L’économie bleue est encore méconnue, mais elle recèle de nombreuses et insoupçonnées opportunités économiques compatibles avec une croissance durable.
Mes remerciements à Alasdair Harris de Blue Ventures de m'avoir fait redécouvrir les mangroves lors de la Monaco Blue Initiative 2015.
mardi 6 novembre 2012
Simply REDD !
REDD est l'acronyme de Reduction of Emission from Deforestation and forest Degradation. C'est aussi le nom d'un
programme des Nations Unies dont l'objectif est de lutter contre le changement
climatique en limitant la déforestation qui est une des premières sources de
production de gaz à effets de serre. Les scientifiques pensent que la
déforestation produit 20 % des émissions de GES, soit plus que les émissions
imputables aux transports. Voir le graphique Emissions des GES en France par
secteur en France. Le lecteur notera que les sources d'émission de GES sont
différentes d'un pays à l'autre. La production d'énergie occupe souvent la
première place. Une grande partie de l'énergie produite en France est d'origine
nucléaire.
Lors du déboisement, les bois qui se décomposent ou sont
brûlés dégagent du dioxyde de carbone. Par ailleurs, de grandes quantités de
carbone sont stockées dans les sols de certaines forêts (forêts sur tourbières).
Ce carbone s'échappe alors du sol lorsque l'on coupe les arbres. Finalement, les
arbres capturent et stockent le CO2. On estime qu'ils capturent 5 milliards des
32 milliards de tonnes de CO2 émises par les activités humaines.
La raison principale de la déforestation est
l'utilisation de l'espace forestier à d'autres fins, lesquelles sont
rémunératrices. Alors que la valeur des forêts sur pied est capitale pour la
lutte contre le réchauffement climatique, la valeur marchande de leur
conservation est (quasiment) nulle. Autrement dit, les services environnementaux
des forêts sont supérieurs à leur valeur monétaire négociable. L'objectif du
programme REDD est de rendre au moins aussi rentable la conservation que la
déforestation. Plusieurs aspects sont critiques comme la mesure du potentiel
carbone de la forêt, l'attribution d'un prix et la réalisation des transferts
monétaires, le contrôle de la conservation effective.
J'avais, en mai 2007, publié dans un cahier de
Perspectives en Agroalimentaire un article intitulé "Marchandisation des ressources naturelles : Un nouveau mode de valorisation ?" dans lequel je
soutenais l'idée selon laquelle une ressource naturelle a d'autant plus de
chance d'être préservée qu'elle devient une "marchandise". Il y a quelques
jours, on apprenait que les Indiens Surui avaient bénéficié des services de
Google Earth Engine pour contrôler l'espace forestier dont ils sont les
propriétaires au Brésil. Un premier pas vers la marchandisation de la portion de
la forêt dont ils sont propriétaires. Un moyen pour les entreprises de compenser un bilan carbone déficitaire.
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