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vendredi 17 juillet 2015

L’économie bleue : Le cas des mangroves

Les dirigeants des entreprises sont maintenant familiers du concept d’économie verte (Green Economy), mais ils méconnaissent le plus souvent l’économie bleue (Blue Economy). La première vise, entre autres, à développer une économie fondée sur les écosystèmes terrestres et en harmonie avec eux, la seconde poursuit les mêmes objectifs, mais avec les écosystèmes maritimes et lacustres. Mon propos, dans ce billet, ne vise pas à dresser une liste des opportunités de l’économie bleue pour les entreprises et les états, mais à illustrer au travers d’un exemple, celui des mangroves, l’importance des écosystèmes maritimes. Alors que nos regards sont souvent dirigés vers les luxuriantes forêts amazonienne, indonésienne ou celles du bassin du Congo, nous méconnaissons les mangroves, un écosystème de marais maritimes des régions tropicales constitués essentiellement de palétuviers. Ces arbustes ne sont pas d’une grande beauté, surtout lorsqu’on les compare aux grands arbres des forêts tropicales. Mais ils sont cependant d’une particulièrement grande efficacité lorsqu’il s’agit de capturer le carbone atmosphérique. Les spécialistes de la séquestration biologique du carbone estiment que les mangroves stockent jusqu’à six fois plus de carbone par km2 et par an que les forêts tropicales (les herbiers marins pourraient stocker jusqu’à 25 fois plus de carbone par Km2 que les forêts tropicales et assurer un stockage pendant plusieurs millénaires). 

Crédit NOAA
Lorsqu’une forêt se dégrade, elle relâche une partie du carbone qu’elle a auparavant séquestré. Les mangroves sont particulièrement vulnérables. Leur taux de disparition annuel est estimé entre 2% et 8% par an. C’est ainsi que la dégradation des mangroves participe à presque 20% aux émissions de CO2 associées à la déforestation. Jusqu’à présent, la cause première de la disparition des mangroves était la crevetticulture. Outre leur grande capacité à séquestrer du CO2, laquelle devrait demain faire d’elles un produit de choix pour les industriels qui souhaitent effacer leur empreinte carbone, elles participent, en autres, également à la protection des littoraux, fournissent du bois et de la nourriture aux populations. Certaines ONG oeuvrent pour les mangroves satisfassent aux Verified Carbon Standards et autres certifications (voir Blue Ventures )

Revenons quelques instants sur la concurrence pour l’espace entre les fermes de crevettes et les mangroves. Dans le passé, les mangroves ont été éliminées pour offrir un espace propice à l’élevage moderne et intensif de crevettes. Les mangroves ont été remplacées par des ensembles d’étangs artificiels. Avec cette forme d’élevage, la nourriture était importée de l’extérieur avec un effet négatif sur la balance commerciale du territoire. Les risques et la gravité des épidémies étaient importants en raison de la forte densité des animaux dans les bassins. Dès le début des années 2000, des expériences d’intégration harmonieuse de l’élevage de la crevette dans l’écosystème des mangroves ont été réalisées. Leurs résultats ont été particulièrement prometteurs.  Et vers la fin des années 2000, l’Indonésie a déployé un programme ambitieux de replantation des mangroves en y intégrant des fermes de crevettes. L’intérêt économique de cette association est important puisque la mangrove fournit quasiment la totalité des besoins alimentaires des crevettes, mais également un environnement d’élevage de grande qualité. Ainsi, les risques sanitaires sont substantiellement abaissés. Plusieurs autres types d’élevage peuvent y être conduits, comme celui des crabes qui viennent compléter une partie de la chaine alimentaire, ce qui n’est pas le cas avec l’élevage intensif des crevettes. Les mangroves servent également d’habitat et de lieux de reproduction pour de nombreuses espèces de poissons, des microalgues et des macroalgues, des concombres de mer, des mollusques, etc. chacune d’elle joue un rôle particulier au service de l’ensemble.

A mon sens, le cas des mangroves illustre à merveille combien il est important aujourd’hui d’investir dans la connaissance des écosystèmes maritimes. Les estimations sur la séquestration de CO2 par les mangroves sont très récentes (2011 pour la principale). Il illustre également les possibilités, souvent peu explorées, de tirer un meilleur parti de la biodiversité avec les écosystèmes intégrés, c’est à dire intégrants une composante naturelle, ici la mangrove, avec une composante artificielle, dans ce cas l’élevage de crevettes. Le concept d’écosystème intégré m’apparait comme l’une des possibles avancées majeures. Un tel système combine la production de services écosystémiques avec une production alimentaire de qualité et durable en quantité. L’analyse des systèmes complexes nous invite par ailleurs à penser que la résilience d’un système biologique est en proportion de la richesse de sa biodiversité.   



L’économie bleue est encore méconnue, mais elle recèle de nombreuses et insoupçonnées opportunités économiques compatibles avec une croissance durable.

Mes remerciements à Alasdair Harris de Blue Ventures de m'avoir fait redécouvrir les mangroves lors de la Monaco Blue Initiative 2015.     

mardi 8 octobre 2013

Biocénose - un concept intéressant pour l'agroalimentaire ?

Le terme biocénose a été introduit par le biologiste allemand Karl Auguste Mobius à la fin du 19e siècle pour décrire les associations (animales ou végétales ou les deux) que l'on rencontre dans un milieu particulier (le biotope). Étudier ces associations est particulièrement intéressant parce que cela permet d'éventuellement identifier des interactions entre espèces qui sont (plus ou moins) essentielles à la vitalité des différentes espèces dans le biotope. Une espèce qui ne trouverait pas dans un biotope donné la biocénose appropriée devrait migrer vers un autre biotope ou bien elle serait en situation de péril. [De nos jours et dans le domaine des entreprises, on évoque ce mécanisme sous le vocable de délocalisation!]

Les différentes interactions entre deux espèces que l'on observe dans la nature peuvent être structurées autour de trois types d'effets d'une espèce sur l'autre. Les effets nets de l'espèce 1 sur l'espèce 2 peuvent être négatifs, positifs ou neutres. C'est aussi le cas pour les effets de l'espèce 2 sur l'espèce 1. On mesure l'effet net sur l'évolution de la population d'une espèce lorsque l'autre population est éliminée du biotope. 

  1. Compétition - L'espèce 1 est nuisible à l'espèce 2 et réciproquement. Supprimer l'une des deux espèces bénéficie à l'autre.
  2. Prédation / Parasitisme - L'espèce 1 (le prédateur / parasite) est nuisible à l'espèce 2 (proie ou hôte). Mais l'espèce 2 est bénéfique à l'espèce 1. Supprimer l'espèce 2 est problématique pour l'espèce 1. Supprimer l'espèce 1 est bénéfique pour l'espèce 2.
  3. Amensalisme - L'espèce 1 est nuisible à l'espèce 2, mais l'espèce 2 n'est ni bénéfique ni nuisible à l'espèce 1.
  4. Commensalisme - L'espèce 1 est bénéfique à l'espèce 2, mais l'espèce 2 n'est ni bénéfique ni nuisible à l'espèce 1.
  5. Symbiose / Mutualisme - L'espèce 1 est bénéfique à l'espèce 2 et réciproquement. Dans la symbiose il y a une dépendance entre les deux espèces. L'une ne peut exister sans l'autre et réciproquement. Le mutualisme est une relation facultative. On parle aussi de coopération.
  6. Neutralisme - L'espèce 1 et l'espèce 2 sont neutres l'une envers l'autre. 


Le concept de biocénose pose la question des associations que l'on doit privilégier entre les entreprises, industrielles ou commerciales, sur un territoire (un biotope). Les zones commerciales (ou les centres commerciaux) sont des biocénoses particulièrement intéressantes. Elles abritent une mosaïque de commerces, de restaurants et de services qui attirent et maintiennent le chaland. Le concept de biocénose peut être utilisé pour optimiser les échanges de matières ou de services entre les différentes entreprises d'une petite région (ou d'une ville) et attirer des entreprises complémentaires (pour activer des interactions de type commensalisme, symbiose ou mutualisme). Pour une entreprise, la question consiste essentiellement à s'interroger sur les meilleurs moyens de valoriser ses flux, dont ses "déchets", auprès des autres entreprises du territoire, de tirer parti des flux de ses voisins dans son processus de production et de mutualiser ce qui peut l'être.

Aux États-Unis, dans l'état du Wisconsin, la coopérative Fifth Season progresse dans cette direction en cherchant à former un système alimentaire complet. Il s'agit d'une coopérative avec de multiples parties : elle est composée de producteurs agricoles, groupements de producteurs, de transformateurs, de distributeurs et d'acheteurs de la région. Les membres de la coopérative représentent l'ensemble des acteurs clés du système alimentaire au niveau local. Leur objectif est de construire "un système alimentaire régional robuste dans un environnement sain, une économie forte et des collectivités locales prospères !" Les acheteurs sont par exemple les cantines des écoles de la région. La dynamique de la coopérative consiste à identifier les besoins locaux et à y satisfaire réalisant des conversions de production où en attirant d'autres membres. On peut penser que les producteurs agricoles partagent plus que système de distribution... et que les déjections animales des élevages sont utilisées par les maraîchers et .... les restes des repas des écoles sont réincorporés dans le cycle de production.

Conceptuellement, la rupture est intéressante puisqu'il s'agit d'échapper au concept de filière pour entrer dans celui de réseau local. Le concept de filière est un concept très prégnant dans le domaine agroalimentaire. Il est intellectuellement difficile de s'en échapper. Mais on peut dire sans trop se tromper que si les filières n'apportent plus les avantages attendus à tous leurs membres, il semble logique que d'autres systèmes émergent. Quels sont aujourd'hui les étages des filières qui capturent la valeur ? Est-elle équitablement distribuée ?  Quel est le degré d'efficacité des filières à servir les attentes des clients et des consommateurs ? Quel est le degré d'efficience avec lequel elles fonctionnent ? Quel niveau de sécurité apportent-elles aux consommateurs ? Il n'est pas certain que les filières seront demain la meilleure forme d'organisation du système alimentaire ! Il est très probable que l'on s'oriente vers un système dual, composé de filières et de systèmes locaux. D'un côté, une agriculture pour nourrir les métropoles et pour l'export, de l'autre, une multitude de clusters locaux, plus ou moins perméables, et l'agriculture urbaine venant parsemer les villes.

A méditer !

lundi 8 avril 2013

Open Food System avec SEB


J'ai découvert sur le site internet du leader mondial du petit équipement domestique, à savoir le Groupe SEB, une présentation sommaire du Open Food System, un projet de recherche dont l'ambition est de construire un écosystème de référence permettant de faciliter les repas grâce à la mise à disposition de contenus, d'appareils et de services innovants


Plus spécifiquement, OFS vise au développement des solutions de cuisine numérique pour le grand public. Il proposera des solution adaptées aux différents profils utilisateurs, et permettra des échanges communautaires aux amateurs de cuisine du monde entier.

OFS prévoit également de mettre à disposition des professionnels et du grand public de nouveaux appareils de cuisson intelligents : contrôle automatique des paramètres de cuisson pour un résultat optimal, conservation des qualités organoleptiques et nutritionnelles des aliments cuits.

Ce projet est lauréat de l'appel à projet du programme d'investissement d'avenir et il est doté de plus de 9 millions d'euros.

En savoir plus sur l'innovation et le groupe SEB (vidéo inventer le quotidien de demain)


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