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vendredi 13 juillet 2012

Mettre fin à la tyrannie des marchés mondiaux! La fin de la Financiarisation des marchés ?


Depuis des décennies, la doctrine dans l'établissement des contrats au sein des filières agricoles donnait une place importante au prix du marché mondial ou à son succédané régional. Il s'agissait souvent du seul prix dont on connaissait la valeur, tout simplement parce que celle-ci était disponible. Ainsi des formules, plus ou moins sophistiquées selon l'emplacement que le client occupait dans la chaîne ou sa localisation géographique, étaient établies à partir du cours mondial pour fixer la modalité prix de l'échange entre un fournisseur et son client.



Depuis plusieurs années, cette approche posait aux clients comme aux fournisseurs des problèmes en raison d'une volatilité des prix sur les marchés mondiaux qui ne reflétaient plus les conditions auxquelles les clients comme les fournisseurs étaient confrontées. Prenons le cas d'une chaîne de restauration rapide, comme McDonald, qui achète du blé pour faire les petits pains ronds qui seront utilisés dans les hamburgers. Ses clients s'attendent à trouver lors de chacune de leurs visites un hamburger d'une qualité constante à un prix constant ! Si McDonald achète du blé à un prix qui est déterminé par une formule adossée sur le prix mondial du blé et que celui-ci est particulièrement volatile, alors sa marge fera le yoyo.



Certes une entreprise comme McDonald peut s'assurer contre les fluctuations des cours des matières premières en ayant recours à des produits financiers d'assurance comme un contrat à terme. Ces produits financiers sont échangés sur des places financières, telles que le Chicago Board of Trade. Leur vertu principale est que leur prix est corrélé avec celui de la matière première associée. Si le prix de la matière première augmente au cours d'une période donnée, le prix du contrat à terme équivalent évoluera de manière similaire. Si McDonald souhaite se prémunir contre une augmentation future du prix de blé, alors il pourra acheter un contrat à terme dont l'échéance est proche de la date de livraison fixée avec le vendeur. Si le prix du blé augmente, le contrat prendra de la valeur. En revendant ce contrat, au moment approprié, McDonald réalisera un bénéfice sur le contrat dont le prix aura augmenté en parallèle avec celui du blé. Cette marge financière, viendra combler l'augmentation du prix auquel McDonald devra payer son blé.

Le contrat à terme présenterait un intérêt évident si McDonald achetait son blé auprès d'une bourse de commerce. Mais si McDonald achète son blé auprès d'une coopérative française proche des usines qui fabriquent ses fameux petits pains ronds, a-t-il toujours besoin d'acheter une assurance contre la fluctuation des cours du blé à la bourse du commerce ? Cela dépend des accords que cette entreprise va passer avec cette coopérative. Cette coopérative produit du blé avec un coût donné et elle cherche à faire un profit suffisant pour rémunérer les efforts des agriculteurs qui en sont membres. Ses coûts de production sont relativement stables. Ils sont probablement bien plus stables que le prix de blé sur le marché mondial. Supposons que McDonald et cette coopérative décident de fixer le prix du blé qu'ils échangent entre eux sur la base des coûts de production de la coopérative. Par exemple, en remboursant les coûts de production et avec une prime permettant une rémunération juste de l'heure de travail de l'agriculteur.

Ce système fonctionne dès lors que le prix fixé permet de bien rémunérer les producteurs agricoles et s'il est, pour McDonald, moins coûteux et moins risqué. Si le prix est garanti pendant une période relativement longue, l'agriculteur peut alors faire en toute sécurité certains investissements qui lui permettront de gagner en productivité. Avec un tel dispositif, McDonald échappe à la tyrannie des cours mondiaux et les agriculteurs aussi ! Les deux parties ont toutes les raisons d'être satisfaites. Toutes les parties, sauf une ! Exit : Les « financiers » qui proposaient des contrats d'assurance et ceux qui parmi eux manipulaient les cours à leur avantage.


Cette histoire montre que lorsque la qualité des marchés devient insuffisante pour les opérateurs, les opérateurs fuient les marchés. Est ce là l'un des premiers exemples de la fin de la financiarisation des marchés?

mercredi 30 mai 2012

Manger coûte cher - Objectivons donc les choses !

Je suis parfois admiratif des travaux des Américains. Il y a quelques jours, je présentais sur ce blog une partie de leurs recherches sur le prix des aliments. Aujourd'hui, je vous propose d'explorer une autre partie de leurs travaux : le prix d'une alimentation équilibrée.

Depuis 1994, le ministère de l'agriculture américain calcule le coût d'achat d'une alimentation équilibrée, moins après moins. Le système actuel a été mis en oeuvre en 2006-2007. Les calculs ne prennent pas en considération les repas achetés et consommés à l'extérieur du foyer. Mais quatre « plans » alimentaires sont utilisés selon le prix des aliments incorporés : formule économique, formule à faible coût, plan à coûts modérés et plan « libéral »). Les calculs sont effectués pour toutes les classes d'âge et les deux sexes. Ils prennent en considération deux types de familles : les familles de deux et les familles de quatre personnes pour différentes compositions d'âge. On retiendra que le plan à faible coût correspondrait en France à une bonne maîtrise du budget alimentaire de la famille alors que le plan « libéral » correspondrait à des dépenses sans contraintes, mais sans excès. Dans tous les cas, les formules alimentaires choisies sont équilibrées sur le plan nutritionnel et elles sont diversifiées.

Ces différentes formules sont utilisées dans plusieurs cas. La formule économique sert de base à la politique de distribution des coupons alimentaires. Les plans alimentaires faibles coûts, coûts modérés et « libéral » sont utilisés par les avocats lors d'un divorce pour fixer le montant de la pension alimentaire et plus généralement par les systèmes judiciaire et exécutif.

Au-delà des données chiffrées, ces informations permettent d'objectiver les choses. Ce n'est malheureusement pas le cas en France où l'information est souvent réduite à quelques maigres données dont le sens reste souvent caché pour l'homme de rue. Les Français alloueraient, parait-il, 14 à 15 % de leur budget à l'alimentation. So what ! (Et alors !) Ainsi aux USA, les débats sont sensiblement différents de ceux qui animent l’hexagone. On cherchera à s'assurer que tous les citoyens américains, quartier par quartier, ont bien accès à la formule alimentaire à faible coût, qu'ils connaissent la pyramide alimentaire (aujourd'hui l'assiette). Il y a certes quelques controverses aux USA autour du prix de l'alimentation. Mais elles restent confinées aux discussions privées, car elles pourraient apparaître comme politiquement incorrectes et les débatteurs seraient probablement mis à l'index. Parfois, elles font irruption dans la sphère publique, pour aussitôt disparaître. En effet, certains suggèrent que si de nombreux Américains sont obèses c'est justement parce que le prix de l'alimentation est trop faible aux USA. Une thèse qui tranche avec celle qui domine dans notre pays où l'on pense souvent que les aliments bons pour la santé sont inabordables.

Certains estiment de l'autre côté de l'Atlantique qu'il conviendrait alors de taxer lourdement tous les aliments dont le profil nutritionnel n'est pas bon et qui, d'un faible prix, sont consommés en abondance. Mais cette approche n'est pas en accord avec l'idée que d'autres Américains se font de la justice. Il conviendrait de taxer directement ceux qui sont en surcharge pondérale. En effet, pourquoi faire payer l'addition à tous ceux qui consomment ces produits avec modération ? Chacun est libre de ces choix ! Et chacun doit donc en supporter seul la responsabilité. Le concept de « déterminisme » ne me semble pas posséder la même force ici et là-bas. Le déterminisme ici est remplacé par les facteurs déterminants là-bas, facteurs qui exercent une influence statistiquement significative.

On découvrira qu'au mois d'avril 2012, un couple avec deux enfants (6-8 et 9-11 ans) devait dépenser un minimum de 820 $ (650 €) par mois pour se nourrir de manière équilibrée. Le coût du plan « libéral » était lui de 1300 $ (1040 €).

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