Affichage des articles dont le libellé est Prix. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Prix. Afficher tous les articles

lundi 13 octobre 2014

La différence de prix entre des produits alimentaires plus ou moins "bons pour la santé".

Les chercheurs de l'université de Cambridge se sont intéressés aux prix des produits alimentaires en Grande-Bretagne sur une dizaine d'années (2002 2012). L'équipe s'est, plus particulièrement, penchée sur la différence de prix entre des produits considérés d’une meilleure qualité nutritionnelle et ceux pour laquelle celle-ci est plus questionnable. Cette typologie correspond au concept de profil nutritionnel des produits alimentaires utilisé pour les allégations santé et plus généralement pour informer les consommateurs (éviter de manger trop sucré, trop salé, trop gras). Les chercheurs se sont intéressés au coût pour apporter 1000 kcal avec des produits du premier et du second groupe. En 2002 il faillait dépenser en moyenne £5,65 pour ceux du premier groupe et £1,77 pour ceux du second groupe. En 2012 ces coûts sont passés respectivement à £7,49 et à £2,50. Cela correspond à une augmentation de près de 30 % du différentiel qui est passé de £2,50 à £4,99 sur cette période. Cette évolution est similaire de celle observée dans d'autres pays "riches". 


La conclusion des auteurs est malheureusement d'une regrettable banalité et malheureusement, aussi, d'une qualité très douteuse : "Si nous voulons améliorer les comportements alimentaires, nous devons mettre en place des politiques afin de maitriser le coût des produits les plus sains ; ce qui implique .... blabla blabla....". Je pense qui sera particulièrement difficile à chacun d'entre nous d'aboutir à 1000 kcal en consommant uniquement de la laitue. Effectuons le calcul - 11 kcal par 100 grammes. Pour cela, il vous faudra consommer plus de 9 kilogrammes de salade. Et payer, si mes calculs sont bons, 35 euros environ (selon les prix observés dans un magasin en région parisienne), soit £27 à £28. Pour obtenir le même apport calorique, on peut aussi envisager de consommer 246 grammes de sucre pour un prix de 0,22 € soit £0,17. À l'évidence personne ne souhaite consommer 9 kilogrammes de salade ou 246 grammes de sucre (vous pouvez aussi penser boire 113 grammes d'huile de tournesol).

Quelles sont les dépenses nécessaires pour bien manger tous les jours, c'est-à-dire avec une alimentation variée ? En 2007, Perrine Nadaud de la Chaire Européenne Filière d’Excellence Alimentaire de l’ESSEC avait calculé que 5 euros étaient nécessaires pour nourrir quotidiennement un homme de 30 ans avec un besoin de 2700 kcal par jour (Lire le cahier de recherche correspondant). Ce chiffre était en accord avec ceux produits par d'autres organisations. Certes, on peut trouver cette valeur trop élevée. Cependant le plus grand challenge n'est uniquement d'abaisser cette valeur, mais d'accompagner pratiquement tous ceux qui souhaitent manger "équilibré et varié" au moindre coût. La difficulté consiste plus à mettre en oeuvre quotidiennement son intelligence pour y parvenir. Car ce n'est pas une mince affaire ! Ici aussi, l'éducation permet de faire des miracles. Autrefois, l'école de la République imposait des cours d'économie familiale. C'est peut-être le moment d'imaginer leur retour sous une forme moderne et attrayante, pour les jeunes gens comme pour les jeunes filles. 

lundi 12 mai 2014

Quelle est la vraie valeur de l'eau ? Le prix réel du Burger !

Il n'est pas rare que le magazine américain Fortune s'intéresse à une entreprise agroalimentaire. Souvent, ses éditeurs attirent l'attention de leurs lecteurs sur de grandes entreprises nationales (américaines) ou internationales, leur stratégie, leur performance, le style de management de leur patron, etc. Mais, il est plutôt rare qu'ils parlent d'agriculture, même si certaines fermes, de taille très respectable, pourraient intéresser aussi leurs lecteurs, qui sont souvent des investisseurs à la recherche d'un bon placement. 

L'article intitulé "Quelle est la valeur de l'eau?" (l'auteur est Brian Dumaine, senior editor-at-large) tranche avec leurs habitudes. Derrière ce titre, se cache en fait un portrait de l'agriculture américaine, de ses problèmes actuels et futurs. La Californie, avec moins de 1% des terres agricoles du pays produit cependant près de 40% de l'alimentation des Américains. Mais, les agriculteurs californiens ne sont plus en mesure de livrer leurs clients, des entreprises qui, comme Heinz, achètent des tomates et des oignons pour fabriquer des sauces ketchup. La raison: une intense sécheresse. La Californie n'est pas le seul des états touché par cette sécheresse. En avril sur 252 cantons que compte le Texas, 240 étaient déclarés en état de catastrophe naturelle. Le Mexique aussi était affecté.  

De nombreux agriculteurs ont été obligés, dans le centre de la Californie, de placer des parcelles en jachère faute de ne pas pouvoir disposer de quotas d'eau suffisamment importants pour irriguer la totalité de leur exploitation (ils peuvent toujours acquérir de l'eau sur le marché spot, donc avec un prix fluctuant au cours de la saison en fonction de l'offre et de la demande). C'est ainsi qu'ils ont décidé, dans la seule partie centrale de la Californie, de ne pas mettre 200 000 hectares en production. Le premier effet de cette restriction est l'augmentation des prix des produits agricoles. 

Brian Dumaine propose une solution particulièrement simple : faire payer aux consommateurs le prix réel de leur alimentation. L'opération consiste à estimer les quantités d'eau incorporées dans la production d'un produit et de valoriser celle-ci au prix du marché de l'eau du robinet. Les équipes du magazine ont fait le calcul pour un Burger (half-pound / 220 gr) : son prix serait alors d’environ 23 $. 

Ce déficit est préoccupant. D'autant plus préoccupant que les experts n'envisagent pas de retournement de la tendance. Autrement dit, la demande d'eau excédera durablement l'offre au moins dans certaines régions agricoles, lesquelles comme la Californie dépendent de l'accès à l'eau et dont dépend une grande partie de l'alimentation de la population. 

Quel est le degré de notre dépendance à l'eau ? C'est là une question qui ne peut plus être occultée par les acteurs des filières agricoles.

samedi 2 mars 2013

Les consommateurs Français sont des experts ...des prix !

C'est le titre de l'article de Michel Waintrop dans La Croix du vendredi 1er mars 2013. Reprenant les données du baromètre du cabinet OC&C, on apprend que les Français sont les champions mondiaux au jeu du « juste prix. » La méthodologie : On indique aux consommateurs le prix moyen de produits, puis on leur demande d'estimer celui proposé par les différentes enseignes. À ce jeu-là, l'erreur des Français n'est que 6 %, celle des Allemands de plus de 15 % et celles des Américains et des Chinois de plus de 17 %. Ce résultat n'est pas fortuit. Les différences de prix ne sont pas très importantes entre les différentes enseignes françaises, il y a donc moins de chance de retrouver des écarts d'estimations importants. 

La leçon principale de l'étude est cependant ailleurs : en général, l'image prix d'une enseigne lui collera longtemps à la peau. Par exemple, Carrefour malgré de nombreux efforts sur les prix semble encore perçu comme un distributeur plus cher que la moyenne...

L'étude ne nous apprend rien sur les autres aptitudes des consommateurs français en dehors de leur expertise prix ! Dommage. Nous aurions aimé savoir si leurs aptitudes gustatives restent encore à la hauteur de leur réputation. 


      

jeudi 14 février 2013

La tyrannie des prix bas ...et la mort des filières !

J'ai apprécié l'article de Bernard Duchamp, associé d'Eurogroup Consulting, sur la mort programmée de la filière des viandes et publié sur LesEcho.fr le 13 février 2013. Cet article met en avant les effets pervers de la tyrannie des bas prix sur la filière des viandes et présage un sombre avenir pour d'autres filières agroalimentaires. Bien que mon incompréhension en la matière ne soit pas un bon argument, j'avoue cependant ne pas comprendre comment on peut imaginer qu'une filière résistera durablement au seul argument qu'il est intéressant d'acheter un produit seulement parce que son prix est bas. Le prix bas d'un jour appelle un prix encore plus bas le lendemain. C'est là le premier effet pervers. Mais le second, et probablement le plus problématique des effets pervers, provient de l'appauvrissement des aptitudes gustatives qui sont inévitablement associées à des produits de qualité courante.

vendredi 23 novembre 2012

1,9 % en moyenne !

C'est la marge nette moyenne des distributeurs. Depuis plusieurs années, les distributeurs étaient accusés de "sans mettre plein les poches." La réalité est bien différente : sur 100 euros de CA, c'est en moyenne 1,9 € qui reste dans la poche du distributeur nous apprend le dernier rapport de l'observatoire des prix et des marges.  Cette marge nette moyenne cache des disparités selon les rayons comme l'indique les données du tableau ci-dessous.



lundi 12 novembre 2012

Enjeux et perspectives des IAA face à la volatilité du prix des matières premières

Le ministère du Développement Productif a commandé un rapport sur le sujet de l'impact sur les IAA de la volatilité du prix des matières premières....Dans ce rapport, on classe quelques IAA selon leur vulnérabilité : leur sensibilité (exposition à la volatilité) et leur maturité (capacité d'une industrie à répondre à cette volatilité).

Je vous laisse vous forger une opinion sur le sujet en lisant le rapport. Il est disponible en suivant ce lien. Je laisse très volontiers les spécialistes du sujet commenter les conclusions de ce rapport.

Sur les marchés les prix fluctuent...L'ampleur de cette fluctuation ne reflète pas, de l'avis de beaucoup d'opérateurs, les conditions réelles de la production et de la demande. Lorsque le marché n'est plus efficient, il faut fuir les marchés. Lire un de mes billets sur ce sujet.  


vendredi 7 septembre 2012

Attention, filières agro-alimentaires en danger ?


Chaque année, le MODEF (confédération syndicale agricole des exploitants familiaux) organise une vente directe de fruits et de légumes place de la bastille. Son slogan et son credo : pour des prix rémunérateurs aux agriculteurs et un juste prix aux consommateurs ! Cette initiative est fortement médiatisée. Les articles de presse, les émissions radiophoniques ou à la télévision qui parlent de cette initiative sont nombreux.

L'enjeu est d'autant plus grand que favoriser l'accès aux fruits et légumes est un objectif de santé publique compte tenu de l'effet bénéfique des fruits et des légumes pour la santé. Habituellement, la consommation d'un produit augmente lorsque les prix baissent. Habituellement ! Mais, est-ce bien toujours le cas ? Est-ce le cas pour les populations à risque, c'est-à-dire pour les consommateurs qui, compte tenu de leurs données anthropomorphiques et physiologiques, auraient le plus besoin d'augmenter leur consommation de fruits et de légumes ? Est-ce aussi le cas pour des ménages avec de faibles revenus ? En 2009, France Caillavet et Véronique Nichele, de l'INRA, avaient montré que la sensibilité aux prix de ces deux segments de consommateurs était plutôt forte pour les légumes et faibles pour les fruits frais -- les personnes les plus favorisées semblent par contre bien répondre aux baisses des prix des fruits frais. Les modes de consommation évoluant particulièrement lentement, on peut considérer que leurs résultats sont toujours valables en 2012. Leur étude englobait également le comportement des consommateurs vis-à-vis de produits, dont le profil nutritionnel moins correct. En substance, elles concluaient leur étude sur la sensibilité de la consommation au prix ainsi :

  1. une politique de taxation des produits les moins corrects sur le plan nutritionnel a un intérêt limité. La réponse à l'augmentation de prix est trop faible pour produire un effet sur la santé des personnes cibles.
  2. Subventionner la consommation des fruits et légumes des foyers aux faibles revenus ou des consommateurs qui souffrent de surpoids offre un intérêt potentiel pour la santé.

Nos propres investigations sur le sujet montrent qu'une véritable barrière psychologique s'est formée dans l'esprit de nombreux consommateurs qui considèrent que les fruits sont toujours trop chers... (Ces travaux sont présentés dans un cahier 12 de perspectives alimentaire intitulé : "Trop cher, mais est-ce bien uniquement une question de prix ?" Il est disponible en version électronique sur simple demande par mail à fourcadet@essec.edu ). Cette idée reste fortement ancrée dans l'esprit des consommateurs. Cette représentation, parfois autobiographique, parfois empruntée à la rumeur médiatique, mais qui n'est pas toujours en relation avec le prix, empêche très probablement certains des consommateurs de fréquenter les étals.... Puisqu'ils pensent que « les fruits sont toujours trop chers pour eux ! », ils n'observent plus, sauf en de très rares occasions, les offres du marché. Autrement dit, même si les prix baissent (il existe déjà des initiatives pour proposer des fruits et des légumes à 1 € / kg existent chez de nombreux distributeurs), il est probable que ces consommateurs ne s'en rendront pas même pas compte.

Ce phénomène est similaire à celui auquel l'ESSEC s'est attaqué il y a maintenant quelques années avec le programme PQPM (PourQuoi Pas Moi ?) dont l'un des objectifs est de combattre certains préjugés tel que « les études supérieures ne sont pas à ma portée ». Comme dans le cas des études supérieures, il m’apparaît également judicieux de répéter à loisir (et de le démontrer) que l'on peut souvent trouver de bons fruits (et aussi de bons légumes) à des prix très abordables pour toutes les bourses. Le message du MODEF renforce les croyances de ceux qui pensent que les fruits sont, de toute manière, trop chers en montrant du doigt la distribution et son effet est donc sur cet aspect contre-productif.

Mais, si les prix ne sont pas rémunérateurs pour les agriculteurs et s'ils sont trop élevés pour les consommateurs, il doit bien y avoir une raison. Le MODEF montre du doigt la grande distribution : celle-ci impose des prix bas à ses fournisseurs et elle se goinfre ainsi avec des marges exorbitantes ! Ces marges seraient si importantes qu'elles permettraient ni de rémunérer correctement les producteurs ni d'offrir aux consommateurs l'accès à des produits de qualité à des prix satisfaisants. Les représentants du MODEF mentionnent des marges effectivement importantes entre les prix de vente aux consommateurs, observés dans les magasins, et les prix payés aux agriculteurs.

Comme tous les ans, la FCD (Fédération des entreprises du commerce et de la distribution) s'attache à rappeler la réalité des chiffres du rayon fruits et légumes. Cette année, la FCD indiquait sur son site internet (dans un article publié le 22 août 2012) que les marges (nettes) des enseignes de la distribution étaient en moyenne négatives (-0.74 %) pour les fruits et les légumes.

Il est difficile pour le consommateur de faire la part des choses ; entre les propos de sympathiques agriculteurs qui crient « au vol » et qui semblent a priori être du côté des consommateurs ; et ceux de la grande distribution qui ne peut pas se permettre de mentir sur propre son site internet ! En fait, les deux parties pourraient, en dehors des jugements de valeur, bien avoir raison, car il y a marge et marge ! Essayons ici une tentative pour réconcilier ces deux visions. Elles semblent cependant a priori difficiles à concilier.

Si l'on considère la filière des pêches et nectarines, un fruit qui commence sa longue marche vers le consommateur dans un verger, possiblement à proximité de Saint-Gilles dans le Gard. Sa longue marche se terminera peut-être quelques jours plus tard dans l'assiette d'une sympathique consommatrice du Pas de Calais. Pour y parvenir, outre le producteur et le distributeur, d'autres acteurs vont intervenir. Juste après la cueillette, le fruit passera dans les mains des expéditeurs — conditionneurs qui procèdent à différentes opérations dites techniques. Elles consistent à préparer les fruits pour leur permettre de voyager dans de bonnes conditions. Car c'est plus de 1000 kilomètres que cette nectarine devra parcourir pour rejoindre la table du Pas de Calais. Le résultat de leur travail est visible sous la forme des plateaux composés de produits propres, calibrés et à une température appropriée. Certaines opérations techniques sont particulièrement délicates. Il est fréquent que la température du fruit dans le verger dépasse les 30 °C lors de la cueillette. Il convient de réduire la température de plusieurs dizaines de degrés afin de réduire la vitesse de maturation naturelle qui est affectée par la température. À cette étape, il faudra limiter la condensation d'eau sur la peau du fruit qui est elle propice au développement de micro-organismes. Toutes ces manipulations doivent être effectuées avec une grande douceur afin de ne pas abîmer les fruits. Outre ces opérations techniques, les expéditeurs se chargent de vendre et d'expédier les produits aux distributeurs. Toutes ces opérations engagent des coûts.

Entre la plateforme de l'expéditeur et celle du distributeur, les fruits parcourent plusieurs centaines de kilomètres. Il faudra bien payer le transport. Si l'on ne s'intéresse qu'aux dépenses effectuées par tous les acteurs de la filière française des pêches et nectarines, elles se répartissent entre les trois principaux acteurs approximativement de la manière suivante :
  1. Les producteurs engagent environ 40 % des coûts totaux.
  2. Les conditionneurs — expéditeurs engagent environ 30 % des coûts totaux.
  3. Les distributeurs engagent environ 30 % des coûts totaux.

Comme les conditionneurs — expéditeurs, les distributeurs engagent aussi des coûts. Les produits doivent être stockés dans des zones à température contrôlée ; ils doivent être envoyés de la plateforme logistique du distributeur vers les magasins : cela engage des coûts de manutention et de transports. Dans les magasins, ils sont mis dans les rayons, puis ils passent en caisse. Le distributeur doit payer les loyers des magasins, les dépenses énergétiques et les salaires des employés. Par ailleurs, une partie des pêches et des nectarines ne seront jamais vendues par le magasin pour différentes raisons (méventes ou altérations). Cela représente une perte pour le magasin qui est inhérente à ses activités de libre service. Cette perte affecte la marge nette moyenne du distributeur.

Les coûts engagés par les producteurs sont également conséquents et ils ne peuvent souvent pas être réduits : engrais, irrigation, traitement divers des sols et des arbres, taille et ramassage, etc.

Comment peut-on concilier les visions des producteurs du MODEF et celles des distributeurs ? Les producteurs regardent la marge commerciale globale. Celle-ci est la différence entre le prix de vente aux consommateurs (le prix en rayon) et les prix auxquels ils seront eux rémunérés. On peut observer des différences très substantielles entre ces deux valeurs. Cela peut donner l'impression que les intermédiaires gagnent très bien leur vie. Mais, les intermédiaires doivent également rémunérer leurs employés et payer leurs factures. C'est ainsi que les distributeurs pensent en termes de marge nette. Celle-ci est la marge commerciale du distributeur (Prix de vente moins prix d'achat) de laquelle il faut déduire tous les coûts (à l'exclusion bien sûr du prix d'achat). Il faut également noter que le prix d'achat des distributeurs n'est généralement pas le prix payé aux agriculteurs. La différence entre les deux est constituée par les dépenses afférentes aux opérations des conditionneurs — expéditeurs et par leur marge. Si l'on prend en considération tous les éléments, il n'est alors pas difficile de réconcilier les deux visions. Les deux histoires ne sont que deux éclairages d'une même histoire.

Une autre critique que l'on adresse souvent aux distributeurs (comme aux pétroliers par ailleurs) est de ne pas répercuter les baisses des prix d'achat des produits pour les consommateurs et d'être prompte à répercuter les hausses de prix. Ici aussi, l'accusation n'est pas fondée. Les courbes des prix de vente à la consommation et à l'expédition sont strictement parallèles. Autrement dit, la marge commerciale des distributeurs ne change pas que leurs prix d'achat soient élevés ou faibles. Certes, on peut observer, çà et là, des disparités par rapport à cette affirmation qui sont liées à des processus d'ajustement mineurs et temporaires. Une marge constante quel que soit les prix d'achat indique que les distributeurs ne disposent pas d'un pouvoir de marché. Le diagramme ci-dessous montre que la marge commerciale du distributeur peut varier selon qu'il est seul à opérer face à des très nombreuses fermes ou au contraire que les distributeurs soient très nombreux. Cette dernière situation correspond à celle d'une absence de pouvoir de faire baisser les prix d'achat.

(Les données du graphique sont issues d'une simulation )









Sur le graphique ci-dessus, le prix à l'expédition est représenté sur l'axe des X et la marge commerciale du distributeur est représentée en ordonnée. La marge commerciale est la différence entre le prix de vente aux consommateurs et le prix d'achat à l'expéditeur.

Si l'on parvient bien à expliquer cette différence substantielle d'éclairage, il n'en reste pas moins que la situation n'est pas bonne sur le plan économique, ni pour les uns, ni pour les autres. Cette situation n'est pas durablement soutenable ni pour les producteurs, ni pour les distributeurs. Elle n'est pas socialement désirable parce qu'elle n'améliore pas le sort des consommateurs les plus exposés au problème de santé et ceux qui disposent de faibles revenus.

Autrement dit, les dépenses de la filière vers des tiers sont aujourd'hui trop importantes pour assurer à la fois des prix bas pour tous les consommateurs et des rémunérations suffisantes pour tous les acteurs. Les filières françaises des fruits et légumes sont véritablement en danger, entre des consommateurs qui ne sont plus en mesure de dépenser plus pour acheter des fruits et des légumes, des coûts de main-d'oeuvre importants et des importations très concurrentielles.

Quelles pistes peut-on envisager ? Il en existe plusieurs. Elles ne sont pas sans défauts. Par ailleurs, offrent-elles des perspectives durables ?

Une première voie consiste à explorer la piste des coûts de la main-d'oeuvre qui représentent plus de 50 % des coûts totaux de la filière. On trouvera des informations sur les salaires agricoles dans les différents pays européens sur le site agri-info.eu. Si l'on considère que les salaires sont le reflet des coûts de la vie, des salaires faibles ne sont envisageables que pour des travailleurs saisonniers en provenance des pays avec un coût de la vie très faible. Cela conduit à rémunérer les travailleurs nationaux à un niveau et les travailleurs étrangers à un autre niveau ou bien encore à ajuster les rémunérations de tous sur le salaire le plus compétitif. En France, cette solution n'est pas socialement acceptable.

Une seconde piste consiste à améliorer la productivité de la main-d'oeuvre agricole en faisant des investissements adéquats -- voir les billets sur la robotique agricole et en repensant la totalité du processus pour réduire l'usage de la main d'oeuvre. Cette seconde piste n'est pas socialement désirable en période de chômage élevé. À cet argument, certains producteurs nous rappelleraient qu'il n'est souvent pas possible de trouver des personnes pour le ramassage des fruits même si le salaire payé est concurrentiel. Il ne s'agit plus alors de remplacer une main-d'oeuvre couteuse par une machine plus rentable, mais de compenser son indisponibilité.

Une seconde voie consiste à faire la chasse à tous les manques d'efficience. Nous évoquions récemment les 120 milliards d'euros de pertes entre le champ et la fourchette. Les données de la Fédération du Commerce et de la Distribution (FCD) nous apprennent que 8 % des prix des distributeurs sont imputables à des pertes. Nous évoquions dans le même billet les initiatives de certains distributeurs pour réduire les pertes tout en augmentant la satisfaction de leurs consommateurs. En revisitant leur politique vis-à-vis des produits périssables, une chaine de 500 magasins américaine a réalisé un gain de 100 millions de dollars par an. Pour cela, elle avait abandonné certains dogmes du merchandising. Outre les pertes, une autre piste d'efficience pourrait se trouver dans l'optimisation logistique. Il apparaît surprenant parfois de faire parcourir des milliers de kilomètres à un produit alors que le consommateur (le magasin) et le producteur ne sont effectivement voisins que de quelques dizaines de kilomètres.

Finalement, faciliter l'accès aux fruits et légumes à des prix abordables pour les personnes qui disposent de revenus insuffisants peut se faire, sans affecter le prix du marché, par l'intermédiaire de subventions spécifiques.

La réaction du MODEF, même si elle peut apparaître injuste à l'encontre des distributeurs, n'en est pas moins le témoignage d'un constat dramatique auquel les données sur les marges des distributeurs de la FCD viennent donner un contour encore plus négatif. Attention, les filières des fruits et légumes pourraient bien être en danger ! 

mercredi 29 août 2012

Observatoires des prix de Familles Rurales


Il y a quelques jours, je montrais que dans le cadre du recensement de la flore commune française organisé par les chercheurs du Muséum National d'Histoire Naturelle les petites rivières font les grands fleuves. Le recensement ne pourrait pas se faire sans l'implication de centaines de botanistes amateurs qui quelques jours par an apportaient le précieux concours à cette initiative. L'effet Google !



C'est aussi le cas de l'observatoire des prix de Familles Rurales. Cette association a créé en 2005 son propre observatoire des prix « afin de s'approcher au mieux de la réalité quotidienne des familles du milieu rural ». Ainsi plus de quarante bénévoles issus d'une vingtaine de départements effectuent des relevés de prix de 35 produits de consommation courante dans les commerces pour lesquels ils relèvent les prix de quatre types de produits : marque nationale, marque de distributeur, premier prix, prix hard discount. Familles Rurales est le premier mouvement familial de France avec 3000 associations locales et 180 000 familles.



À ce premier observatoire, Familles Rurales a ajouté en période estivale (juillet et août) un observatoire des prix des fruits et des légumes. Il fonctionne de la même manière que le premier, mais il prend en considération les prix de sept fruits et de huit légumes. Cet été, 76 personnes ont participé à la collecte des prix des fruits et des légumes dans 37 départements.



Les résultats sont publiés en exclusivité dans le journal La Croix d'aujourd'hui. Mais Familles rurales donne quelques indications sur son site internet. Elles sont reprises ci-dessous.


Les relevés "mettent en évidence :


  • Après une baisse des prix des fruits et légumes en 2011, cette année ils augmentent: + 3% pour les fruits et + 5 % pour les légumes.
  • Les produits les moins chers du panel sont pour moitié d’origine France et pour l’autre d’origine étrangère.
  • C’est sur les marchés que les produits sont les plus chers, et les hard-discounts les moins chers.
  • Les produits bio sont plus chers que les conventionnels (62% plus chers pour les fruits bio et 75% pour les légumes bio) mais un écart qui se resserre (85 % pour 2011).

  • Comme chaque année, une baisse des prix entre les relevés effectués en juin et juillet : - 2.4%pour les fruits, - 6.6% pour les légumes.
Alors que la consommation de fruits et légumes diminue depuis quelques années en France, Familles Rurales encourage le consommateur à manger des fruits et légumes frais, achetés localement."

A l'évidence on peut, à plusieurs, déplacer des montagnes. Cette initiative, comme Vigie-flore, le démontre. 
  

mercredi 30 mai 2012

Manger coûte cher - Objectivons donc les choses !

Je suis parfois admiratif des travaux des Américains. Il y a quelques jours, je présentais sur ce blog une partie de leurs recherches sur le prix des aliments. Aujourd'hui, je vous propose d'explorer une autre partie de leurs travaux : le prix d'une alimentation équilibrée.

Depuis 1994, le ministère de l'agriculture américain calcule le coût d'achat d'une alimentation équilibrée, moins après moins. Le système actuel a été mis en oeuvre en 2006-2007. Les calculs ne prennent pas en considération les repas achetés et consommés à l'extérieur du foyer. Mais quatre « plans » alimentaires sont utilisés selon le prix des aliments incorporés : formule économique, formule à faible coût, plan à coûts modérés et plan « libéral »). Les calculs sont effectués pour toutes les classes d'âge et les deux sexes. Ils prennent en considération deux types de familles : les familles de deux et les familles de quatre personnes pour différentes compositions d'âge. On retiendra que le plan à faible coût correspondrait en France à une bonne maîtrise du budget alimentaire de la famille alors que le plan « libéral » correspondrait à des dépenses sans contraintes, mais sans excès. Dans tous les cas, les formules alimentaires choisies sont équilibrées sur le plan nutritionnel et elles sont diversifiées.

Ces différentes formules sont utilisées dans plusieurs cas. La formule économique sert de base à la politique de distribution des coupons alimentaires. Les plans alimentaires faibles coûts, coûts modérés et « libéral » sont utilisés par les avocats lors d'un divorce pour fixer le montant de la pension alimentaire et plus généralement par les systèmes judiciaire et exécutif.

Au-delà des données chiffrées, ces informations permettent d'objectiver les choses. Ce n'est malheureusement pas le cas en France où l'information est souvent réduite à quelques maigres données dont le sens reste souvent caché pour l'homme de rue. Les Français alloueraient, parait-il, 14 à 15 % de leur budget à l'alimentation. So what ! (Et alors !) Ainsi aux USA, les débats sont sensiblement différents de ceux qui animent l’hexagone. On cherchera à s'assurer que tous les citoyens américains, quartier par quartier, ont bien accès à la formule alimentaire à faible coût, qu'ils connaissent la pyramide alimentaire (aujourd'hui l'assiette). Il y a certes quelques controverses aux USA autour du prix de l'alimentation. Mais elles restent confinées aux discussions privées, car elles pourraient apparaître comme politiquement incorrectes et les débatteurs seraient probablement mis à l'index. Parfois, elles font irruption dans la sphère publique, pour aussitôt disparaître. En effet, certains suggèrent que si de nombreux Américains sont obèses c'est justement parce que le prix de l'alimentation est trop faible aux USA. Une thèse qui tranche avec celle qui domine dans notre pays où l'on pense souvent que les aliments bons pour la santé sont inabordables.

Certains estiment de l'autre côté de l'Atlantique qu'il conviendrait alors de taxer lourdement tous les aliments dont le profil nutritionnel n'est pas bon et qui, d'un faible prix, sont consommés en abondance. Mais cette approche n'est pas en accord avec l'idée que d'autres Américains se font de la justice. Il conviendrait de taxer directement ceux qui sont en surcharge pondérale. En effet, pourquoi faire payer l'addition à tous ceux qui consomment ces produits avec modération ? Chacun est libre de ces choix ! Et chacun doit donc en supporter seul la responsabilité. Le concept de « déterminisme » ne me semble pas posséder la même force ici et là-bas. Le déterminisme ici est remplacé par les facteurs déterminants là-bas, facteurs qui exercent une influence statistiquement significative.

On découvrira qu'au mois d'avril 2012, un couple avec deux enfants (6-8 et 9-11 ans) devait dépenser un minimum de 820 $ (650 €) par mois pour se nourrir de manière équilibrée. Le coût du plan « libéral » était lui de 1300 $ (1040 €).

jeudi 24 mai 2012

Bien manger coute cher ! vraie ou fausse idée?

Dans le cahier N°4 de la Chaire Européenne Filière d'Excellence Alimentaire de l'ESSEC Perrine Nadaud s'était interrogée sur le montant du budget d'un régime alimentaire idéal (équilibré sur le plan nutritionnel, diversifié, etc.).


Ce cahier là intitulé « Une alimentation équilibrée coûte cher : Mythe ou réalité ?" est disponible gratuitement auprès de Christine Cantrel (cantrel@essec.edu) en format électronique.


Le public considère souvent que bien manger, c'est-à-dire en accord avec les recommandations nutritionnelles, est particulièrement onéreux. Les fruits et les légumes qui devraient occuper une part substantielle du régime alimentaire sont considérés comme particulièrement chers. Mais cette appréciation, largement partagée, est-elle réellement fondée ? C'est aussi la question que deux économistes du ministère de l'Agriculture des USA se sont posée. Elles ont comparé les prix des produits nutritionnellement corrects à ceux des produits moins sains. Pour former un jugement objectif, elles ont utilisé trois critères : le prix de la calorie, le prix pour 100 GR et le prix pour une portion consommable (par exemple après épluchage). Finalement, elles ont estimé le coût de la portion recommandée selon les normes nutritionnelles en vigueur aux États-Unis. Les trois premiers critères peuvent être utilisés indépendamment du régime alimentaire adopté. Le troisième donne une idée du prix pour une portion moyenne. La portion moyenne est calculée sur la base des données de la consommation réelle des Américains. La portion peut être substantiellement différente d'une personne à l'autre. Les auteurs indiquent que les produits les plus énergétiques sont souvent consommés sous la forme de grandes portions.

Leur étude présente un autre intérêt : celui de montrer qu'il existe une différence substantielle de prix au sein d'une même catégorie de classe de produits (comme la classe des produits laitiers).

Le graphique ci-dessous (extrait de leur rapport) donne une bonne idée des résultats entre les différents groupes alimentaires. Les « Moderation Foods » sont les produits régulièrement consommés, mais dont le profit nutritionnel n'est pas idéal (trop gras, trop sucré ou trop salé).

Le lecteur notera la grande différence de prix au sein d'une même famille (exprimé sous la forme de gradients de couleur dans chacune des barres).

Le prochain graphique indique quel est le coût (sur l'axe des abscisses) nécessaire pour satisfaire aux recommandations alimentaires par groupe d'aliments (par exemple, selon la pyramide alimentaire) avec des produits les moins coûteux de chacune des familles. Le prix le plus élevé dans le graphique est le prix « moyen » du marché. Plus précisément, 50 % des produits ont un prix inférieur au prix à partir de la ligne 50 et 50 % des produits ont un prix supérieur.

Cette étude montre qu'il n'est pas aisée de répondre à la question du prix d'une formule alimentaire en prenant en compte ce que les consommateurs voient du prix des produits (le prix au kilo). Elle souligne à nouveau le fait que les produits les moins chers sont en général ceux qui sont les plus denses sur le plan énergétique, mais de moindre densité nutritionnelle.

Lire cette étude au format pdf : Are Healthy Foods Really More Expansive ?

mercredi 16 novembre 2011

Cahiers de Perspectives en Agroalimentaire N°17: Volatilité des prix - Le système est-il coupable?

Dans ce 17e Cahier de Perspective en Agro-alimentaire, je me demande si la volatilité sur les marchés n'est pas plutôt inhérente à la structure des filières qu'à des pratiques délictueuses dont aimeraient bien accuser de coupables spéculateurs. La chasse au bouc émissaire ne donne jamais de bons résultats! Et cependant, c'est souvent la première chose que l'on met en avant lorsque l'on est confronté à un évènement surprenant et problématique. Trouver, puis punir le coupable: voilà le projet qui trop souvent occupe les dirigeants du monde. Imaginons un instant que le système puisse être le "coupable" et que l'acteur n'en soit que révélateur. Accuser l'un à la place de l'autre serait une erreur. La cause de la grande volatilité n'en serait pas alors supprimée... et les évènements se reproduiraient avec une grande fréquence. Une impression de déjà vu!

Ce cahier est disponible au format électronique auprès de Christine Cantrel (cantrel@essec.fr).

Relire : la première et très fameuse fable du livre VII des fables de Jean de La Fontaine.

Un mal qui répand la terreur,
Mal que le ciel en sa fureur
Inventa pour punir les crimes de la terre,
La peste (puisqu'il faut l'appeler par son nom),
Capable d'enrichir en un jour l'Achéron,
Faisait aux animaux la guerre.
Ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient frappés:
On n'en voyait point d'occupés
À chercher le soutien d'une mourante vie;
Nul mets n'excitait leur envie,
Ni loups ni renards n'épiaient
La douce et l'innocente proie;
Les tourterelles se fuyaient:
Plus d'amour, partant plus de joie.
Le lion tint conseil, et dit: «Mes chers amis,
Je crois que le Ciel a permis
Pour nos péchés cette infortune;
Que le plus coupable de nous
Se sacrifie aux traits du céleste courroux;
Peut-être il obtiendra la guérison commune.
L'histoire nous apprend qu'en de tels accidents
On fait de pareils dévouements :
Ne nous flattons donc point, voyons sans indulgence
L'état de notre conscience
Pour moi, satisfaisant mes appétits gloutons,
J'ai dévoré force moutons.
Que m'avaient-ils fait? Nulle offense;
Même il m'est arrivé quelquefois de manger
Le berger.
Je me dévouerai donc, s'il le faut: mais je pense
Qu'il est bon que chacun s'accuse ainsi que moi:
Car on doit souhaiter, selon toute justice,
Que le plus coupable périsse.
- Sire, dit le renard, vous êtes trop bon roi;
Vos scrupules font voir trop de délicatesse.
Eh bien! Manger moutons, canaille, sotte espèce.
Est-ce un pêché? Non, non. Vous leur fîtes, Seigneur,
En les croquant, beaucoup d'honneur;
Et quant au berger, l'on peut dire
Qu'il était digne de tous maux,
Etant de ces gens-là qui sur les animaux
Se font un chimérique empire.»
Ainsi dit le renard; et flatteurs d'applaudir.
On n'osa trop approfondir
Du tigre, ni de l'ours, ni des autres puissances
Les moins pardonnables offenses:
Tous les gens querelleurs, jusqu'aux simples mâtins,
Au dire de chacun, étaient de petits saints.
L'âne vint à son tour, et dit: «J'ai souvenance
Qu'en un pré de moines passant,
La faim, l'occasion, l'herbe tendre, et, je pense,
Quelque diable aussi me poussant,
Je tondis de ce pré la largeur de ma langue.
Je n'en avais nul droit, puisqu'il faut parler net.»
A ces mots on cria haro sur le baudet.
Un loup, quelque peu clerc, prouva par sa harangue
Qu'il fallait dévouer ce maudit animal,
Ce pelé, ce galeux, d'où venait tout le mal.
Sa peccadille fut jugée un cas pendable.
Manger l'herbe d'autrui! quel crime abominable!
Rien que la mort n'était capable
D'expier son forfait: on le lui fit bien voir.
Selon que vous serez puissant ou misérable,
Les jugements de cour vous rendront blanc ou noir.



Les carnets du blog les plus consultés

Membres