jeudi 23 août 2012

Pour 120 milliards d'euros ...

De quoi s'agit-il ? Du montant de la dette de la Grèce ? Du déficit budgétaire de la France ? ... Non ! Il s'agit d'une estimation du montant des pertes alimentaires aux USA entre la fourche et la fourchette. D'après le rapport de Dana Gunders du Natural Resources Defense Council (NRDC) publié récemment, 40 % de la production alimentaire des États-Unis terminera sa vie dans une décharge. Cela représente environ 150 milliards d'USD.

Le NRDC est une ONG de plus 1,3 million d'adhérents et elle est dotée d'une équipe de plus de 350 personnes (avocats, scientifiques, etc.) agissant pour préserver l'environnement et, plus généralement, la qualité de vie des Américains. Il n'est donc pas surprenant que ce groupe d'activistes mette en parallèle les ressources (naturelles) utilisées par les filières agroalimentaires pour la production et certains impacts :

  • 10 % du budget énergétique
  • 50 % des terres
  • 80 % de l'eau
  • La mise en décharge des produits non consommée augmente la production de méthane (un gaz à effet de serre).
  • 15 % des aliments mis en décharge serait suffisant pour nourrir 25 millions d'Américains.
Nous avons extrait du rapport de Dana Gunders deux graphiques particulièrement intéressants. Le premier indique quelles sont les filières les plus touchées et le second indique quels étages des filières sont affectés par les pertes. (Source des données FAO 2011, estimations réalisées pour un groupe de pays — USA, Canada, Australie, Nouvelle-Zélande).







Il est très possible de réaliser des gains à chacun des étages de la filière. Le rapport présente les efforts réalisés par une chaîne de 550 magasins alimentaires (Stop&Shop / Giant) sur la côte Est. À la suite d'un audit, ces deux enseignes ont découvert que les règles du merchandising habituellement partagées par la profession devaient être revisitées en profondeur. En modifiant les règles de présentation des produits, ils ont été capables d'améliorer la satisfaction de leurs clients, d'augmenter leurs ventes et de réduire de 100 millions de dollars le gaspillage, des purs profits pour un distributeur. Cette initiative et d'autres montrent que si l'on accepte de challenger les dogmes anciens, on peut améliorer l'efficience des filières et augmenter son compte d'exploitation. Il s'agit de savoir, comme Franck Riboud l'a suggéré en son temps, faire « RESET. »




  

mardi 21 août 2012

Les biodéchets - 5 Options

Les législations récentes (voir note ci-dessous) ont renforcé la responsabilité des entreprises sur leurs déchets. C'est aussi le cas pour les entreprises des industries agroalimentaires, de la restauration ou de la distribution. L'agriculture obéit également à ces nouveaux impératifs.

Des solutions se sont développées en France comme à l'étranger pour valoriser les déchets. Il existe aujourd'hui une large gamme de dispositifs pour satisfaire à ses obligations et valoriser sur le plan économique les déchets. En effet, les biodéchets peuvent être, entre autres, utilisés dans la production de biogaz. Celui-ci est transformé par combustion en chaleur et électricité. Les biodéchets s'avèrent donc, en plus d'être des déchets qu'il convient d'éliminer, des sources énergétiques.

Quelles sont les grandes options qui s'ouvrent aux entreprises en ce qui concerne la gestion et la valorisation de leurs biodéchets ?

1. Le marché.
Dans certains pays un marché des déchets s'organise. Une entreprise peut donc espérer vendre ses déchets à une autre entreprise qui pourraient en avoir usage. Aux USA l'entreprise Recycle match offre cette opportunité.

2. La valorisation énergétique directe.
L'entreprise qui produit les déchets décide de les valoriser par ses propres moyens. On voit émerger de plus en plus de solutions techniques qui permettent à l'entreprise de tirer un parti de ces propres déchets. Cette solution à l'avantage de limiter le transport des déchets qui représente toujours un coût et n'est pas environnementalement correct. Par exemple, Erigène offre aux éleveurs le moyen de valoriser les fumiers de leur exploitation en énergie avec Eribox. Ce produit conçu avec des éleveurs pour des éleveurs est un système de méthanisation compact par voie sèche. Les digesteurs proposés par Eribox sont transportables.

3. La valorisation énergétique localement partagée.
Il n'est pas toujours intéressant pour une entreprise d'investir dans un système de traitement individuel des déchets et cela pour de multiples raisons. Citons par exemple, l'absence de surface disponible pour implanter un dispositif de valorisation ou des besoins en chaleur insuffisants. Il peut alors apparaître judicieux pour une entreprise de s'associer localement avec d'autres entreprises ou des collectivités pour investir dans une solution qui sera intéressante pour chacun des partenaires. Certains pourront valoriser leurs déchets, d'autres y trouver une source d'énergie de bon rapport et d'autres y verront un investissement profitable.

4. La valorisation industrielle.
Des industriels de la gestion des biodéchets proposent des solutions aux entreprises de la filière agroalimentaire (industriel, distributeurs et restaurateurs). C'est par exemple le cas de Bionerval (une filiale du groupe Saria, elle-même une filiale du groupe Allemand Rethmann). Cette entreprise a ouvert plusieurs sites de production en France. Prochainement un site de méthanisation sera ouvert à Étampes (91). Le surplus de chaleur sera cédé à une entreprise locale Oleo Recycling, spécialisée dans le recyclage des huiles végétales (Allo à l'huile).

5. Le traitement des déchets sans valorisation
Si votre production de déchets est réduite, la solution la plus économique pourrait bien être un dispositif de traitement des déchets sans valorisation. L'entreprise Totally Green de Tulsa (OK, USA) commercialise des petites machines qui permettent de traiter des déchets organiques en 24H et de les éliminer sous la forme d'eaux usées. Une vidéo démonstration est disponible ci-dessous:







Rappel de la législation:


Tout producteur de déchet en est responsable jusqu'à son élimination et est donc tenu d'en assurer ou d'en faire assurer l'élimination dans des filières agréées.

L'enfouissement des déchets est uniquement réservé aux déchets ultimes.

Code de l'environnement.(L V, Titre IV)


"À compter du 1er janvier 2012, les personnes qui produisent ou détiennent des quantités importantes de déchets composés majoritairement de biodéchets sont tenues de mettre en place un tri à la source et une valorisation biologique ou, lorsqu'elle n'est pas effectuée par un tiers, une collecte sélective de ces déchets pour en permettre la valorisation de la matière de manière à limiter les émissions de gaz à effet de serre et à favoriser le retour au sol."
(art.L541-21-1 du code de l'environnement)

Les seuils visés : (Arrêté du 12 juillet 2011)
2012 : 120 tonnes par an
2013 : 80 tonnes par an
2014 : 40 tonnes par an
2015 : 20 tonnes par an
À partir de 2016 : 10 tonnes par an


dimanche 19 août 2012

Vigie-flore : le google de la biodiversité végétale

Cela peut paraître surprenant d'associer l'initiative Vigie-Flore du Muséum national d'histoire naturelle avec le concept Google. La première institution est un haut lieu de la science biologique en France avec un beau rayonnement international (site du Muséum national d'histoire naturelle). La seconde est une entreprise bien connue de l'internet. Le modèle d'affaire de Google pourrait être résumé de manière très simpliste par deux aspects. A savoir :
  1. Un ensemble de petits éléments accumulés finissent par faire une grande chose.
  2. Il n'est pas toujours nécessaire (et possible) de faire soi-même les choses que d'autres sont heureux de le faire pour nous.
Google apporte les outils : aux internautes de les utiliser pour produire des billets (tel que celui-ci) et... la chance pour Google créer un espace publicitaire et d'y vendre une publicité. Chacun est susceptible d'enrichir par ses connaissances l'information au service de la communauté. Par exemple avec Google Map Maker vous pouvez enrichir Google Map des connaissances de votre environnement proche. Par exemple, en ajoutant un commerce (le vôtre), une piste cyclable, une délimitation, etc. Si chacun des internautes faisait un ou deux ajouts par an, on peut imaginer la progression de la richesse du contenu des cartes Google.

Mais revenons à l'initiative Vigie-Flore que l'on doit au Pr Nathalie Machon, au Dr E. Porcher et à la botaniste Laure Turcati. Sur son site internet on y apprend que Vigie-flore est un programme scientifique dont le but est de suivre l'évolution de l'abondance des espèces végétales les plus communes en France. Plus particulièrement, on s'intéresse à associer l'évolution de la flore française à des phénomènes plus ou moins globaux tels que les activités de l'homme, le changement climatique, l'utilisation des sols, etc. Une question de recherche concerne également l'homogénéisation de la flore (perte de biodiversité).

Le protocole consiste à échantillonner de manière aléatoire sur le territoire étudié des lieux de recensement. Ils sont habituellement constitués de 10 carrés contigus de 1 m² (placettes). On recueille les informations sur 4 à 8 placettes tirées au hasard sur une « maille » de 1 km² également tirée au hasard sur le territoire étudié. Il est préférable pour pouvoir faire des comparaisons intéressantes, par exemple en ce qui concerne la floraison, de réaliser la majorité des recensements à la même période. Autrement dit, si l'on veut obtenir des informations sur un espace grand comme la France, cela représente des millions d'heures de travail. Aucune institution, même la mieux dotée sur le plan financier n'a la possibilité de réaliser une tâche d'une telle ampleur. Sauf..... en faisant appel au concours de tous les amateurs botanistes de bonne volonté.

Chacun des participants aura alors l'occasion de se voir attribuer une maille sur laquelle il ou elle effectuera les recensements. Cela sera également l'occasion de se former (ou reformer) à la reconnaissance botanique, de prendre un bon bol d'air et de faire une contribution à la science.

Avec le programme les « Sauvages de ma rue" les citadins pourront également contribuer. Ainsi 50 observateurs ont exploré 275 trottoirs et ont découvert 119 espèces. Le record de la diversité : un trottoir avec 31 espèces.


Pour en savoir plus sur la méthode Google et pour réfléchir à de possibles applications dans votre secteur d'activité, nous vous conseillons cet ouvrage de Jeff Jarvis (Préface de Franck Riboud).






        

samedi 18 août 2012

L'expérience Panazol




À la fin du mois de l'été 2011 j'avais publié un billet intitulé de la Fourche à la Fourchette dans lequel étaient exposées de belles initiatives de distribution directe de producteur aux consommateurs avec l'aide de distributeurs automatiques. Une visite dans la région de Limoges cet été m'a permis d'observer un distributeur de lait frais disponible 24h/24 et 7j/7 sur le parking du supermarché Casino de Panazol (Image ci-contre).



Malheureusement, j'apprends que l'opérateur a décidé d’arrêter le distributeur de lait... pour des pannes électroniques fréquentes du distributeur. (Lire l'histoire sur le blog de l'opérateur / la ferme de Prades). Mais depuis 2010 plusieurs autres initiatives similaires ont été couronnées de succès.

Nous avons identifié un fabricant de distributeurs automatiques lait français localisé à Ermont dans le Val d'Oise. Ces distributeurs ont été conçus en partenariat avec des éleveurs.    
   



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