lundi 12 mai 2014

Quelle est la vraie valeur de l'eau ? Le prix réel du Burger !

Il n'est pas rare que le magazine américain Fortune s'intéresse à une entreprise agroalimentaire. Souvent, ses éditeurs attirent l'attention de leurs lecteurs sur de grandes entreprises nationales (américaines) ou internationales, leur stratégie, leur performance, le style de management de leur patron, etc. Mais, il est plutôt rare qu'ils parlent d'agriculture, même si certaines fermes, de taille très respectable, pourraient intéresser aussi leurs lecteurs, qui sont souvent des investisseurs à la recherche d'un bon placement. 

L'article intitulé "Quelle est la valeur de l'eau?" (l'auteur est Brian Dumaine, senior editor-at-large) tranche avec leurs habitudes. Derrière ce titre, se cache en fait un portrait de l'agriculture américaine, de ses problèmes actuels et futurs. La Californie, avec moins de 1% des terres agricoles du pays produit cependant près de 40% de l'alimentation des Américains. Mais, les agriculteurs californiens ne sont plus en mesure de livrer leurs clients, des entreprises qui, comme Heinz, achètent des tomates et des oignons pour fabriquer des sauces ketchup. La raison: une intense sécheresse. La Californie n'est pas le seul des états touché par cette sécheresse. En avril sur 252 cantons que compte le Texas, 240 étaient déclarés en état de catastrophe naturelle. Le Mexique aussi était affecté.  

De nombreux agriculteurs ont été obligés, dans le centre de la Californie, de placer des parcelles en jachère faute de ne pas pouvoir disposer de quotas d'eau suffisamment importants pour irriguer la totalité de leur exploitation (ils peuvent toujours acquérir de l'eau sur le marché spot, donc avec un prix fluctuant au cours de la saison en fonction de l'offre et de la demande). C'est ainsi qu'ils ont décidé, dans la seule partie centrale de la Californie, de ne pas mettre 200 000 hectares en production. Le premier effet de cette restriction est l'augmentation des prix des produits agricoles. 

Brian Dumaine propose une solution particulièrement simple : faire payer aux consommateurs le prix réel de leur alimentation. L'opération consiste à estimer les quantités d'eau incorporées dans la production d'un produit et de valoriser celle-ci au prix du marché de l'eau du robinet. Les équipes du magazine ont fait le calcul pour un Burger (half-pound / 220 gr) : son prix serait alors d’environ 23 $. 

Ce déficit est préoccupant. D'autant plus préoccupant que les experts n'envisagent pas de retournement de la tendance. Autrement dit, la demande d'eau excédera durablement l'offre au moins dans certaines régions agricoles, lesquelles comme la Californie dépendent de l'accès à l'eau et dont dépend une grande partie de l'alimentation de la population. 

Quel est le degré de notre dépendance à l'eau ? C'est là une question qui ne peut plus être occultée par les acteurs des filières agricoles.

jeudi 8 mai 2014

Amazon.com - Abonnez-vous pour 15% de réductions ! La fin du drive ?

Vous ne trouvez pas votre marque alimentaire préférée dans les magasins du voisinage (par exemple la nouvelle eau gazeuse aromatisée à la mure de Talking Rain) ! Amazon.com (USA) à la solution pour vous. Et plus encore : le pack de 12 bouteilles est à $14,28 pour un achat. Mais il revient à $13.57, soit une réduction de 5% si vous vous abonnez. Vous pouvez même obtenir une réduction de 15% si vous décidez de souscrire un abonnement d’au moins cinq produits par livraison mensuelle. Tous les produits ne sont pas éligibles pour ce programme : seulement 30 000 produits alimentaires et 2 000 pour la maison. SEULEMENT !

Les livraisons sont effectuées d'une fois par mois à une fois tous les 6 mois. De cette manière, Amazon.com peut optimiser la logistique et proposer des réductions. Mais le système permet aux clients d'ajuster leur date de livraison. Ce service est-il complémentaire du Drive à la Française ? Ou bien un sérieux concurrent ? Le marché alimentaire va-t-il encore évoluer, par exemple, vers des magasins de proximité pour l'achat de produits frais et des services en ligne pour l'épicerie et les boissons ?

EvianChezVous.com propose déjà depuis plusieurs un système similaire d'abonnement pour les eaux de Danone et les laits maternisés. 

mardi 6 mai 2014

Etude de cas : Naturex: un nouveau contrat avec Dame Nature !

Vous trouverez ici le lien vers ma dernière étude de cas : Naturex: un nouveau contrat avec Dame Nature ! Le protocole de Nagoya (de la Convention pour la Biodiversité) vise à protéger les ressources naturelles en organisant le partage de la valeur entre ceux qui les exploitent et ceux qui tirent un bénéfice de ses produits. Dans le cas de la Griffe du Diable, une plante dont l'habitat principal est le désert du Kalahari, les exploitants sont les membres de la tribu San. Les extraits de cette plante sont utilisés par les entreprises des pays du Nord dans des préparations à usage médical.

Le protocole de Nagoya repose sur l'idée qu'une juste rémunération des récoltants devrait faciliter la préservation de la ressource.  Pour Anthony Verdugo, acheteur de tubercules de Griffe du diable pour Naturex, le leader mondial de spécialités d'origine végétale, il s'agit de savoir si la ressource naturelle n'est pas surexploitée et quels seront les effets du protocole de Nagoya sur son exploitation future. 
 

samedi 3 mai 2014

La couleur du temps ! Climat et vins.

Quels sont les effets potentiels du changement climatique sur la composition du raisin? Depuis quelques années, en partant de l'observation du comportement de la vigne aux conditions météorologiques, on spécule sur les effets du climat. Des chercheurs espagnols ont cherché à produire en serre les effets du changement climatique sur la production d'une variété de vigne, le Tempranillo. Ce cépage est particulièrement connu en Espagne et dans les pays d'Amérique du Sud. Il est utilisé pour élaborer les fameux Riojas, des vins rouges que l'on produit dans le nord de l'Espagne. En serre, plusieurs conditions ont été contrôlées (température, taux de CO2, humidité) et les résultats ont été comparés avec ceux des vignes en conditions naturelles.

Les chercheurs ont mis en évidence plusieurs effets. Le degré de maturité (taux de sucre), qui signale habituellement le moment le plus propice à la récolte, a été avancé de 9 jours. À ce moment-là, on observe sur les raisins exposés aux conditions du changement climatique un découplage entre plusieurs paramètres qui font la qualité d'une récolte. Les spécialistes de la vigne considèrent plusieurs degrés de maturité : la teneur en sucre et l'acidité du mout (maturité technologique), la couleur de la peau (maturité polyphénolique),  la teneur aromatique, etc.

Une variété est bien adaptée à un climat si ces différents paramètres coïncident dans le temps. Dans le cas contraire, la qualité du vin peut être affectée. Par exemple, l'acidité du mou affecte la capacité de garde du vin. Les chercheurs ont observé un découplage entre la teneur en sucre, le pH du mout, la coloration. Les implications de ces résultats sont particulièrement importantes pour le travail des viticulteurs, la vinification et le maintien de la qualité et de la typicité des vins. Il faudra faire des choix entre la couleur, la durée de garde, la saveur, etc. Les spécialistes de la génétique de la vigne pourraient avoir un rôle important en proposant de nouvelles variétés plus adaptées aux nouvelles conditions. Une autre option : jouer sur les associations de cépages.

Les travaux de cette équipe complètent (par une méthode expérimentale) les anticipations sur la qualité des vins de Jones et col. ou ceux de Diffenbaugh et col. obtenues à partir des observations de terrain.  

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