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mardi 25 février 2014

Qui sont les consommateurs de BIO ? (vidéo)

Alain Ducardonnet reçoit Serge Hercberg, chercheur en nutrition à l'INSERM-Paris XIII , dans Votre santé m'intéresse, sur BFM Business.


jeudi 29 août 2013

PsychoFood 8 : La force (de l'autosuggestion) du BIO ?

Dans un article datant du mois de juillet 2013, Wan-chen Jenny Lee, Mitsuru Shimizu, Kevin M. Kniffin et Brian Wansink se sont interrogés sur la possibilité d'un biais d'appréciation associé avec les produits issus de l'agriculture biologique. Par exemple, sommes-nous enclins à attribuer des vertus à un produit si l'on sait que ce produit est de marque ou qu'il est labellisé ? 

L'approche expérimentale permet d'estimer si notre jugement est influencé. 115 personnes ont participé à un test au cours duquel on leur a demandé de comparer deux échantillons identiques de trois produits (un biscuit, des chips de pommes de terre et un yogourt). L'un des échantillons était labellisé BIO (organic) et l'autre standard (regular). L'influence de l'étiquette se matérialise par un jugement différent entre les deux échantillons (c'est le seul élément différent entre les deux échantillons). Ces chercheurs ont demandé aux sujets d'apprécier plusieurs dimensions :
  • Nombre de calories
  • Aspects nutritionnels - matières grasses, fibres, nutritifs (échelle avec 9 points)
  • Aspects gustatifs - appétissant, aromatisé, bon goût, goût artificiel (Échelle avec 9 points)
  • Le prix que l'on est prêt à payer pour le produit    (PPP)    

De nombreuses différences d'appréciation ont été observées. Par exemple, une différence de 30 centimes de dollar a été observée sur le PPP (1,95 contre 1,68  pour les biscuits ; 1,74 contre 1,41 pour les chips ; 1,40 contre 1,14 pour les yogourts). On observe des différences très significatives en grand nombre pour les chips.

Ce biais est connu sous le nom d'effet halo. Ici on parle d’effet halo santé. On doit ce terme au psychologue Edward Thorndike qui a observé des erreurs systématiques dans l'appréciation entre les caractéristiques observables de soldats et l'appréciation de leur caractère par deux officiers [ Il avait découvert que l'habit faisait le moine.]  Les effets halo projettent des qualités (positives ou négatives) à partir de caractéristiques directement observables. En économie, le prix est souvent considéré comme un indicateur de qualité et un vin onéreux est ainsi souvent considéré de meilleur goût. Dans la vie en société, un costume bien taillé indique les qualités de celui qui le porte. Plus récemment, des études ont montré que la beauté affecte les chances de succès. 

L'apport significatif de ce travail porte sur les interactions entre l'appréciation des sujets sur les aspects mentionnés ci-dessus et leur attitude et leur comportement  sur :
  • la lecture des informations nutritionnelles
  • l'achat régulier de produits BIO
  • Attentif aux actions favorables à l'environnement

L'effet halo est habituellement considéré comme dépendant d'un processus automatique. Une atténuation ou une amplification de l'effet de halo par une prédisposition suggère que l'effet de halo n'est pas être totalement considéré comme automatique. Les chercheurs ont trouvé que les personnes qui consomment régulièrement des produits BIO sont moins affectées par un effet halo. Le processus mental produisant l'effet halo serait donc moins automatique que ce que les psychologues pensaient puisqu'il est modéré par l'expérience.

D'autres études montrent l'effet pervers que l'effet halo peut avoir sur le comportement alimentaire. G P Faulkner, L K Pourshahidi, J M W Wallace, M A Kerr, T A McCaffrey and M B E Livingstone ont publié en mai 2013 les résultats d'une étude associant des indications concernant la qualité nutritionnelle avec des aspects habituellement associés avec le comportement alimentaire. Leurs résultats suggèrent que les restrictions que certaines personnes s'imposent pourraient s'envoler si le produit est qualifié de sain. Autrement dit, on pourrait facilement consommer plus de calories en mangeant de plus grandes quantités d'un produit allégé qu'en consommant un produit riche en colorie, mais avec modération.

Bon appétit !

Les cahiers de la série PyschoFood mettent en relation l'alimentation et la psychologie.

jeudi 29 novembre 2012

Sommes nous ce que nous mangeons ? Cas du bio - (Psychofood 0)

Ce vieil adage a été à nouveau testé par Kendall J. Eskine de l'université de Loyola de la nouvelle Orléans. Des recherches récentes ont montré l'existence de lien entre les saveurs des produits consommés et les attitudes morales et le comportement social des consommateurs. Ces recherches portaient sur les effets psychologiques des produits sucrés ou amers.

Kendall J. Eskine s'est posé la question de savoir si un lien similaire existait pour la consommation des produits issus de l'agriculture biologique aux États-Unis. Il constate que les produits issus de l'agriculture biologique (BIO) sont implicitement ou explicitement associés à des valeurs morales comme la pureté, le respect, ou la naturalité. Autant dire que les représentations mentales des produits BIO et les représentations morales partagent possiblement le même territoire cognitif. En quoi l'exposition à des produits BIO pourrait-elle altérer les jugements moraux et l'attitude sociale d'une personne ?

Certains chercheurs ont déjà montré que notre jugement sur les animaux est altéré s'ils font ou s'ils ne font pas partie de notre régime alimentaire. Les consommateurs ont ainsi tendance à considérer que les volailles, les bovins ou les poissons disposent de capacités mentales moindres (par exemple de sentiment moral, de mémoire, d'émotion) que les animaux dont on ne consomme habituellement pas la viande comme les chats et les chiens. Les préférences alimentaires se transforment à l'évidence en valeurs ou jugements, c'est la thèse de Rozin, un des grands spécialistes de la psychologie des aliments. D'après Rozin, deux formes de liens pourraient s'établir entre les produits BIO et les jugements moraux. La première extrapole le rôle que la consommation des produits BIO peut jouer sur la prise en charge de sa santé (« moral expansion »). Le second considère la perception du rôle que les produits BIO jouent dans la protection de l'environnement (« moral piggybacking »). 

Kendall J. Eskine a développé un schéma expérimental au cours duquel des personnes sont exposées à l'un des trois types de produits alimentaires suivants : produits BIO, produits d'indulgence (crèmes glacées) ou produits de contrôle (riz). Dans un premier temps, les participants énoncent leurs préférences pour ces produits. Ils effectuent une classification de ces produits, cela afin de tester la qualité de la classification des produits dans ces 3 groupes par le chercheur. Ensuite, les participants apprécient la moralité de comportements ambigus qui leur sont présentés sur des posters (un étudiant dans une bibliothèque met un livre dans son sac). Finalement, un autre professeur leur a demandé s'ils acceptaient de donner un peu de leur temps de manière volontaire pour un petit travail.

Le chercheur s'est alors attaché à déterminer s'il y avait un lien entre l'exposition des volontaires aux produits et leurs jugements moraux et leur décision de donner un peu de leur temps. Les tests ont été réalisés en prenant en considération les préférences. Ces travaux montrent qu'il existe bel et bien un lien entre exposition d'un côté et le jugement moral et le comportement social de l'autre. Le BIO apparaît comme moralisateur et antisocial. Une influence cachée ?

En absence de relation avec leur préférence, on ne saurait conclure de cette étude que les consommateurs de produits issus de l'agriculture biologique sont, par nature, plutôt moralisateurs ou antisociaux. Ils subissent donc l'influence des produits qu'ils consomment !

Dans la série PsychoFood, lire et relire

mercredi 28 novembre 2012

USA - La montée en puissance du "Sans OGM" - Boycott du bio ?

L'article de Linda Gilbert sur le site Sustainable Brands sur la montée en puissance du « Sans OGM » a attiré mon attention. Les données du tableau ci-dessous montrent l'évolution des attentes des consommateurs sur une décennie. 

Linda Gilbert — Sustainable Brands

Mais le point essentiel de l'article de Linda ne réside pas dans cette évolution, mais sur l'effet que le « Sans OGM » peut avoir sur les marques de produit issu de l'agriculture biologique les plus appréciées des consommateurs. Du point de vue de nombreux consommateurs, ces marques ont trahi leur confiance. Le boycottage n'est plus loin !

Mais de quelle trahison parle-t-on ici ? Le cahier des charges de l'agriculture biologique est différent chez nous et aux États-Unis. Les consommateurs américains ont découvert que les produits labellisés « Naturel » ou « biologique » qu'ils consommaient abondamment n'étaient pas tous « sans OGM ». Déception, tromperie...

La leçon de cette histoire est qu'un label doit, pour pouvoir conserver la fidélité de ses clients, s'assurer que les représentations mentales que ceux-ci forment sur les caractéristiques du label sont en accord avec les caractéristiques réelles du label. Le consommateur n'aime pas les surprises ou les dissonances. S'il les découvre, alors il peut penser qu'il a été trahi ! 

Il y a quelques jours j'ai réalisé des petites expériences sur le « sans OGM ». Certaines des personnes interrogées m'ont indiqué que, pour elles, le « Sans OGM » était le moyen de favoriser les vrais paysans, ceux qui sont en lutte contre une certaine agriculture moderne. Autrement dit, ils perçoivent le « sans OGM » comme le témoignage d'une lutte du petit contre le gros, du travail contre la machine et la technique... Quelle serait donc leur réaction s'ils apprenaient que de grandes exploitations, dotées de moyens techniques puissants, font aussi dans le « sans OGM »? 
             
Vous me direz que le consommateur est lui même plein de contradictions ! Certes, mais c'est lui qui détient les cordons de la bourse et s'il accepte ses propres contradictions, ils n'acceptent pas toujours celles des autres.     

lundi 26 novembre 2012

Bio or not Bio ! Quels effets sur les aliments ?

Crystal Smith-Spangler, MD, MS; Margaret L. Brandeau, PhD; Grace E. Hunter, BA; J. Clay Bavinger, BA; Maren Pearson, BS; Paul J. Eschbach; Vandana Sundaram, MPH; Hau Liu, MD, MS, MBA, MPH; Patricia Schirmer, MD; Christopher Stave, MLS; Ingram Olkin, PhD; and Dena M. Bravata, MD, MS... sont les auteurs d'une récente revue systématique des évidences sur le sujet épineux des avantages relatifs des produits issus de l'agriculture biologique par rapport à ceux issus de l'agriculture conventionnelle. Ils ont cependant limité leur étude aux aspects santé et sécurité des aliments issus de l'agriculture biologique. (lire le résumé sur le site du journal Annals of Internal Medecine)

Les auteurs ont essayé de répondre à cette question en reprenant les résultats de plus de 200 études publiées sur ce sujet en langue anglaise. 17 de ces études portent sur des sujets humains et 223 études portent sur les aliments eux-mêmes. Elles sont toutes fondées sur des comparaisons entre des produits bio et leurs équivalents conventionnels.

Les auteurs ont constaté trois différences majeures :
  1. Le taux en phosphore est significativement supérieur pour les produits bio.
  2. Le risque de contamination par les résidus de pesticides détectables sont de 30% plus faibles pour les produits issus de l'agriculture biologique. Mais, les niveaux de contamination supérieurs aux limites autorisées sont en petit nombre.
  3. Les germes susceptibles de contaminer les aliments carnés (poulet et porc) semblent plus résistants aux traitements antibiotiques lorsqu'ils sont isolés sur des produits conventionnels. La différence en niveau de risque est de 33%.
Les auteurs concluent :


The published literature lacks strong evidence that organic foods are significantly more nutritious than conventional foods. Consumption of organic foods may reduce exposure to pesticide residues and antibiotic-resistant bacteria.

Note:
Le risque relatif peut être particulièrement trompeur. Ici on indique une différence de risque de 30%. Voici un exemple qui montre combien cette différence de risque induire en erreur. Les médicaments A et B ont des effets secondaires dans certains cas. En prenant le médicament A on a deux fois plus de chance d'être affecté par les effets secondaires qu'avec le médicament B (Différence 100%). Cependant le risque est de 1 pour 1 000 000 dans le cas du médicament B et donc de 2 pour 1 000 000 traitements. Le risque absolu donne une autre perspective.  

  


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