mercredi 27 février 2013

Accro au chocolat ? (PsychoFood 5)

Une manière d'explorer l'alimentation, de la fourche à la fourchette, c'est de s'interroger sur la relation entre psychologie et alimentation. J'ai l'intuition qu'il y a là de belles découvertes à partager. Ce billet de la série PsychoFood évoque la question des dépendances alimentaires et plus particulièrement d'une dépendance très agréable : la dépendance au chocolat.

Michael Craig Miller, docteur et rédacteur en chef de la section santé mentale du magazine Harvard Health, s'interroge sur les risques d'une addiction au chocolat et plus généralement à un type d'aliment. 

Il nous rappelle que les trois signes de la dépendance sont :

  1. une envie, forte ou continuelle, de consommer le produit
  2. une perte de contrôle sur l'objet du désir
  3. une consommation importante en dépit des conséquences néfastes
Plusieurs études suggèrent une dépendance à certains produits alimentaires. Michael Craig Miller souligne que l'on se lèvera en pleine nuit plutôt que pour une crème glacée que pour une branche de cèleri. Si une forme de dépendance existe, il faut plutôt la rechercher du côté des aliments sucrés ou gras. Des chercheurs de l'université de Yale ont questionné des personnes sur leur comportement alimentaire en explorant plus spécifiquement les mécanismes de dépendance. Ils ont également exploré, par l'intermédiaire de l'imagerie fonctionnelle, la réaction du cerveau des sujets lorsqu'on leur montre, leur fait sentir et finalement boire un milkshake au chocolat. Ils ont découvert que la réponse du cerveau des sujets déclarant une forme d'addiction alimentaire était comparable à celle des personnes soumises à une addiction par la drogue. En effet les centres de contrôle et de récompense du cerveau sont activés selon un même schéma dans les deux cas. Michael Craig Miller mentionne également une étude menée à l'université Drexel de Philadelphie. Ils ont mis le doigt sur des effets psychologiques du chocolat similaires, chez certaines personnes, à ceux de drogues légères. 


L'article de Michael Craig Miller est disponible sur le blog d'Harvard Health, le magasine de l'école de médecine de l'université Harvard.

Les cahiers de la série PyschoFood mettent en relation l'alimentation et la psychologie.

          

lundi 25 février 2013

Fruits: l'occasion fait le larron....

Il y a des années que j'ai fait mien ce dicton lorsqu'il s'agit de faciliter la consommation des fruits par les jeunes enfants. Lors de recherches sur les jeunes et la consommation de fruits, j'avais été confronté à un paradoxe : les jeunes aiment souvent les fruits, mais ils en consomment peu. Mais ce paradoxe est bien facile à expliquer : les fruits et les jeunes ne fréquentent pas toujours les mêmes lieux ! Si l'occasion ne se présente pas, alors point de larron. 

Plusieurs recherches montrent qu'il n'est pas difficile d'augmenter la consommation des fruits par les enfants dans les cantines.  Uniquement quelques petites modifications sont nécessaires.  C'est, par exemple, ce que Andrew S. Hank et ses collègues de centre de recherche comportementale de Cornell ont réalisé. En moins de 3 heures et pour moins de 50 $, ils ont changé la manière de présenter les fruits dans les cantines de deux écoles primaires (à proximité des caisses, dans des compotiers au design agréable, etc.) et de les mettre en avant par l'intermédiaire de messages incitant de manière subtile à la consommation (« Avez-vous envie d'essayer une pomme ? »). La consommation des fruits et des légumes a augmenté respectivement de 18 % et de 25 % avec les nouveaux arrangements. 

Ces types de changements sont des applications du principe qualifié, en science du comportement,  de «paternalisme libertaire». Il s'agit d'influencer favorablement les bons choix par le biais d'indices, tout en préservant la liberté de choix.

Il faut souvent peu de choses pour changer le monde !      

vendredi 22 février 2013

Des microbes au service des plantes ....

Dans l'image populaire, les microbes, bactéries, microchampignons ou virus, sont indésirables, à l'exception de quelques variétés sélectionnées par l'homme à son avantage, comme les fameux Bifidus.
Cette image négative risque d'être encore une fois écornée. 


C'est ce que nous apprend Marilyn Roossinck, chercheur à Penn State University et spécialiste de la pathologie des plantes et la microbiologie des plantes. Comme les Bifidus ou les Lactobacillus de nos yogourts, les plantes ont, elles aussi, leurs bactéries amicales et utiles. Marilyn et ses collègues ont découvert des synergies intéressantes entre des microbes et les plantes qui augmentent la résistante de celle-ci aux variations climatiques. Les chercheurs ont inoculé quatre types de virus à différentes plantes (riz, tomate, courge et betterave). Ils ont découvert que l'infection améliore la résistance de ces plantes à la sécheresse et, dans certains cas, au froid.

Ces résultats obtenus au laboratoire confirment des observations réalisées en milieux hostiles. Par exemple, une plante résiste admirablement bien aux conditions extrêmes rencontrées dans le parc de Yellowstone à proximité des geysers. Cette plante est infectée par des champignons. Mais si l'on sépare la plante des champignons, alors les deux ne survivent plus à cette température élevée.     

mercredi 20 février 2013

Kitchen Trotter - Un carnaval de saveurs Brésilliennes

Cela fait plusieurs billets que nous suivons les voyages aux pays des saveurs de Kitchen Trotter.... Ce mois-ci ils nous font découvrir le Brésil. Et pour Mars, il vous lance le défi ci-dessous :

Un indice : Notre prochaine destination porte la couleur rouge, et cultive un des ingrédients les plus appréciés de la planète !Vous pensez avoir trouvé ? Rendez-nous visite sur notre page facebook :)

A vous de jouer !

vendredi 15 février 2013

Des AOP chez McDo !


Il y a quelques années Danone - La Centrale Laitière Marocaine démocratisait le yogourt au Maroc en proposant un pot pour 1 dirham.  Aujourd'hui, c'est McDonald qui démocratise les fromages AOP. En proposant une diversité de sandwiches au fromage (et certains avec des AOP), McDonald donne l'opportunité à ses clients réguliers, et aux autres aussi, de découvrir et s'adonner à de belles saveurs.

Des esprits chagrins diront très certainement que cette initiative est purement mercantiliste et que les fromages proposés ne sont pas aussi bons que ceux proposés chez Anne-Marie Cantin (la Jeanne d'Arc du bon fromage, selon Gilles Pudlowski) dans son échoppe du 7e arrondissement à Paris. Certes ! Et alors ! Mais à ce prix là, ils ne sont pas accessibles à toutes les bourses et géographiquement limités à quelques milliers de clients. Chez McDonald, c'est plusieurs millions d'opportunités de goûter aux saveurs d'un Comté AOP qui seront offertes dans la France entière et à la portée de toutes les bourses. Bravo McDo ! 

jeudi 14 février 2013

La tyrannie des prix bas ...et la mort des filières !

J'ai apprécié l'article de Bernard Duchamp, associé d'Eurogroup Consulting, sur la mort programmée de la filière des viandes et publié sur LesEcho.fr le 13 février 2013. Cet article met en avant les effets pervers de la tyrannie des bas prix sur la filière des viandes et présage un sombre avenir pour d'autres filières agroalimentaires. Bien que mon incompréhension en la matière ne soit pas un bon argument, j'avoue cependant ne pas comprendre comment on peut imaginer qu'une filière résistera durablement au seul argument qu'il est intéressant d'acheter un produit seulement parce que son prix est bas. Le prix bas d'un jour appelle un prix encore plus bas le lendemain. C'est là le premier effet pervers. Mais le second, et probablement le plus problématique des effets pervers, provient de l'appauvrissement des aptitudes gustatives qui sont inévitablement associées à des produits de qualité courante.

mercredi 13 février 2013

Le délit du light ! (une étude de l'INSERM)

Les chercheurs de l'INSERM ont cherché à mieux comprendre les relations entre la consommation de boissons sucrées et le risque de diabète de type 2. L'étude a été réalisée sur une cohorte de plus de 60 000 femmes suivies pendant 14 ans. L'article détaillant les résultats est publié dans l'American Journal of Clinical Nutrition. Les résultats de l'étude sont présentés par Guy Fagherazzi, l'un des chercheurs qui ont participé à l'étude, dans la vidéo ci-dessous.


De manière surprenante les personnes consommant des boissons light (c'est à dire contenant un édulcorant) semblent représenter un facteur de risque plus important que les boissons équivalentes sucrées. Les jus de fruits pressés, qui sont naturellement sucrés, ne semblent pas présenter le même risque.

mardi 12 février 2013

Partager ... les livres. Et plus si affinité!

J'ai découvert avec un vif plaisir l'initiative de Todd Bol, un habitant de l'état du Wisconsin (USA). Tood a mis à la disposition de ses voisins une dizaine de livres dans une ... difficile à décrire : une boite aux lettres, une maison pour les oiseaux....

Un moyen de partager sur ses passions littéraires et d'échanger en milieu rural, mais pas uniquement ! Des idées pour revitaliser le tissu rural ?


Lire l'article en Anglais dans OnWisconsin

Mieux connaitre les jeunes avec la revue INFLUENCIA

INFLUENCIA, la revue de la communication et des tendances, propose son 4ème opus intitulé "La Jeunesse, mais quelle jeunesse?" A découvrir !

Sur presque 150 pages, ce numéro permet de mieux apprécier la génération Y, ses pensées, ses attitudes, ses comportements, etc.

(Le lien sur l'image ci-contre n'est pas effectif. Pour visiter le site de la revue, suivre le lien suivant)

lundi 11 février 2013

L'évolution de la publicité : de la réclame au numérique, avec Maurice Lévy, président du directoire de Publicis

Canal Académie, le magazine francophone des Académies sur internet, propose en ligne une version enregistrée (mp3) de la communication de Maurice Levy président du directoire de Publicis prononcée le 14 janvier 2013 en séance de l'Académie des sciences morales et politiques. Suivre le lien ci-dessous pour découvrir l'histoire de Publicis de la réclame ou numérique:

L'évolution de la publicité : de la réclame au numérique, avec Maurice Lévy, président du directoire de Publicis

mercredi 6 février 2013

GraduateS programmeS du groupe Carrefour

Il est rare que je mette en avant une marque ou une entreprise. Ce billet apparaitra comme une transgression de ces principes. Depuis de nombreuses années, je m'intéresse à la grande distribution et le groupe carrefour m'a souvent permis de satisfaire cet intérêt. Je suis donc naturellement (historiquement) plus sensible à leurs développements et à leurs projets. Leur programme Graduate a attiré mon attention hier sur le campus de l'ESSEC ainsi que la vidéo d'Aïda Faivre de l'ESSEC qui participe à ce programme. Mais je dois plutôt parler de Graduates programmes (au pluriel) car ils sont au nombre de trois.



Pour en savoir plus:




Carrefour vous propose d’intégrer le programme dirigeant pour devenir en 4 ans, l’un des futurs Dirigeants de Carrefour. Ce concept novateur s’articule autour de multiples apprentissages.

Le programme :

Exercez 4 métiers à responsabilités : Opérationnel et fonctionnel
Relevez une mission de 6 mois à l’international
Découvrez les grandes fonctions de l’entreprise : supply chain, Marketing, Ressources Humaines, Pricing…
Développez vos compétences avec un programme de formation sur mesure
Bénéficiez du coaching d’un mentor du Top management

1 process de recrutement très sélectif (plusieurs entretiens avec des Responsables RH et Opérationnels, tests, assesment center )

Critères de sélection :

- Etre diplômé des plus grandes écoles françaises ou internationales de commerce, d’ingénieur ou d’université
- Avoir une forte motivation à diriger et à fédérer des équipes
- Aimer entreprendre et gagner des défis

Qualité et compétences requises :

- Facilité à comprendre un environnement complexe et matriciel
- Analyse de situations complexes
- Capacité à prendre des risques
- Adaptabilité à la diversité
- Capacité d’influence
- Etre capable de décider rapidement
- Parler anglais

Carrefour vous propose aussi 3 autres graduates: Finance, Supply Chain et Directeur de Supermarché. Pour plus d'information rendez-vous sur le site www.graduates.carrefour.fr et postulez en ligne.

Si vous avez l’âme d’un futur dirigeant, n’hésitez plus et postulez au Graduate Programme de Carrefour.

A vous de jouer !



Xerfi - "Food Power" d' Aurélien Duhtoit

Production, demande, importations, exportations, excédents, déficits....Le bilan du monde agroalimentaire !

vendredi 1 février 2013

PsychoFood 4 : Sommes nous comme nous mangeons !

Une manière d'explorer l'alimentation, de la fourche à la fourchette, c'est de s'interroger sur la relation entre psychologie et alimentation. J'ai l'intuition qu'il y a là de belles découvertes à partager. Ce quatrième billet de la série PsychoFood met en relation le mode de consommation alimentaire et l'impatience.

On connait l'expression « Nous sommes ce que nous mangeons ! ». À celle-ci il convient probablement maintenant d'ajouter « Nous sommes (aussi) comme nous mangeons ! » Deux chercheurs de l'université de Toronto, Cheng-Bo Zhong et Sanford E. DeVoe, ont testé la relation entre l'exposition à des symboles de l'univers des fast-foods et certaines attitudes, comme la patience, mais aussi avec des choix en dehors de la sphère alimentaire. Ces tests ont été réalisés dans les conditions du laboratoire.

Habituellement, les fast-foods sont décriés pour la qualité nutritionnelle de leurs menus. Les chercheurs se sont rarement intéressés aux autres aspects de la culture fast-food et à ses autres effets individuels en dehors de la sphère nutrition-santé. Les expériences réalisées par les chercheurs reposent sur le paradigme psychologique de l'amorçage. Un premier stimulus, l'amorce, influence le comportement d'un sujet lorsqu'on le soumet à un second stimulus. C'est un mécanisme de base de la publicité. Elle opère comme une amorce dont l'objectif est d'orienter le choix du consommateur lorsque celui-ci fait ses courses dans un magasin et qu'il est soumis au second stimulus, le produit. L'amorçage est un vaste champ d'études dans la mesure où ses applications sont très nombreuses et sa compréhension est essentielle pour mieux appréhender les schémas cognitifs et leur fonctionnement. Certains mécanismes sont proches comme le mimétisme. L'amorçage est un mécanisme inconscient ; autrement dit, il opère sans que le sujet s'en rende compte. 

Cheng-Bo Zhong et Sanford E. DeVoe se sont demandé si l'exposition à des symboles associés à l'univers des fast-foods induisait un comportement vis-à-vis du temps différent qu'en leur absence d'exposition. L'univers des fast-foods propose une économie du temps. Celle-ci est susceptible d'altérer la relation qu'un individu entretient avec le temps même en dehors de la sphère alimentaire.  
Les trois expériences mises en oeuvre sont les suivantes :
  1. Les participants sont invités à lire deux textes de taille identique sans mention d'une contrainte de temps. On mesure le temps nécessaire pour lire ces textes. Entre les deux textes, certains sujets sont exposés de manières subliminales à des logos de chaines de fast-food. Leur vitesse de lecture augmente de manière significative. 
  2. On mesure le degré de patience associé avec le choix de produits de consommation. L'amorçage affecte-t-il le choix ? On propose aux participants de choisir un produit dans des paires de produits qui ont les mêmes fonctions, mais dont un des deux est considéré comme significativement plus économe du temps du consommateur. C'est par exemple le cas pour un shampoing 2 en 1 par rapport à un shampoing de base. Dans cette expérience, on a demandé à certains participants de se rappeler un repas dans un fast-food avant de classer les 8 produits par ordre de désirabilité. Alors qu'aucune différence n'existe entre les deux groupes de participants en ce qui concerne les produits les moins performants, les plus performants sont considérés comme plus désirables par ceux soumis à l'amorce. 
  3. On mesure le degré de patience dans le choix d'investissements financiers. Ceux dont le retour est plus rapide sont-ils privilégiés après un amorçage ? Le mécanisme étudié est l'épargne. Comme dans les deux premières expériences, les chercheurs ont découvert que le mécanisme de l'épargne était altéré, les personnes soumises à l'amorce sont plus attirées par des gains rapides que par des gains plus importants, mais plus tardifs.


Que peut-on conclure de ces expériences ? À l'évidence, il existe, au moins au laboratoire, un mécanisme d'amorçage qui affecte le comportement vis-à-vis du temps. Il opère par l'intermédiaire des symboles associés avec la rapidité de service et la gratification instantanée représentés dans le phénomène fast-food. Bien que l'on ne soit pas en mesure de conclure sur les effets de long terme de la culture fast-food qui affecte les sociétés modernes sur notre relation au temps, les chercheurs pensent qu'une exposition à un symbole de l'économie de temps comme ceux issus de l'univers du fast-food affecte cependant substantiellement le comportement d'une personne quant aux paramètres temporels de sa consommation courante. Autrement dit, si les fast-foods ne sont pas la cause de cette nouvelle relation au temps, ils en sont cependant aux USA, d'une part, la face la plus symbolique et d'autre part leurs effets immédiats ne doivent pas être mésestimés. 

Il serait intéressant de savoir si le phénomène contraire opère. On pourra à loisir faire l'éloge de la lenteur et rechercher les stimulus adéquats.      

Les cahiers de la série PyschoFood mettent en relation l'alimentation et la psychologie.

                  

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